Des festivités à la hauteur de l’événement

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Pour célébrer le nouvel an berbère 2965, plusieurs associations culturelles à travers les daïras des Ouadhias, de Boghni et de Maâtkas ont concocté de riches programmes.

L’association culturelle Ilmezyen Oussirem du village d’Ait Abdelmoumène, dans la daïra des Ouadhias, a, malgré le manque de moyens, tracé un riche programme culturel. Une exposition relative à l’art culinaire, la poterie, le bijou et à la robe kabyle a été tenue dans l’enceinte du siège du comité du village, sis à Annar Tgamount. Il était aussi question de théâtre pour enfant et pour adulte. Une conférence thématique a été assurée par Mrs Sekhi Hakim, Graichi Ahcene, Sehaki Mouloud et une vieille du village a eu à raconter la manière dont se fête Yennayer dans le village. De la poésie, Idhebalen et un gala artistique ont été organisés dans une grande ambiance. Les enseignants de tamazight ont pour leur part organisé un concours en tamazight pour les collégiens et les écoliers du village. Les questions ont porté sur le vocabulaire, les contes, l’histoire, les devinettes et les proverbes kabyles. Les heureux lauréats ont été gratifiés de cadeau d’encouragement. «Il faut leur faire aimer la langue amazighe qui n’est autre que leur langue maternelle», dira une enseignante. À Ouadhias centre, c’est l’école primaire des frères Tiffrani et l’association nationale de soutien aux personnes handicapées «El Baraka» qui ont retenu une campagne de sensibilisation contre les accidents de la circulation. Il est prévu une exposition et une projection d’un film sur la sécurité routière, les causes des accidents de la route et leurs conséquences. La maison de jeunes des Ouadhias a prévu un autre programme pour fêter le passage au nouvel an amazigh. Il était surtout question d’exposition, de projection cinématographique, de contes kabyles, de théâtre et de spectacle Hip Hop. À Agouni Guegrane, d’autres festivités ont eu lieu pour célébrer le passage au nouvel an berbère. À Mechtras, dans la daïra de Boghni, la maison de jeunes et l’association culturelle ont programmé plusieurs activités, dont un concours du meilleur plat traditionnel. Les jeunes de l’association Aksil du village d’Ait Imghour ne sont pas restés les bras croisés, puisqu’ils ont tracé un autre programme avec en clôture un gala artistique. Du côté d’Assi Youcef, c’est l’association Tafath qui s’est mobilisée pour tenir de multiples activités culturelles avec d’imposante exposition, du théâtre et de l’animation artistique. À Maâtkas, l’association Tadwirt du village Taarqubt, dans la commune de Souk El Tenine, a réalisé un programme culturel depuis vendredi dernier. En plus d’une imposante exposition, une conférence sur l’enseignement de tamazight et l’état des lieux a été animée par les enseignants Ali Bakhti et Saadi Kaci. «Le caractère facultatif de l’apprentissage de Tamazight à l’école est une entrave majeure à sa généralisation, la formation des formateurs est une autre priorité pour donner à l’enseignement de cette langue plus de chance de réussite. L’écriture doit être unifiée car, à présent, elle se fait en trois graphies (latin, tifinagh et arabe), ce qui perturbe les apprenants. Tamazight a encore beaucoup d’obstacles à franchir, il faut lutter davantage pour son officialisation et faire de Yennayer une fête chômée et payée», dira Mr Bakhti lors de sa contribution. Pour sa part, Mr Saadi a abordé l’historique de l’enseignement de Tamazight en Algérie, les outils de son enseignement et la création du département de Tamazight à l’université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou. Du côté de Maâtkas, une campagne de sensibilisation sur les accidents de la circulation et le respect du code de la route a été assurée en collaboration avec les services de sécurité. Au village de Tizi Tzougart, un autre programme culturel a été exécuté par les villageois. À Tighilt Mahmoud, dans la commune de Souk El Tenine, l’association culturelle Tighilt Nnagh, en collaboration avec le comité du village, a organisé une panoplie d’activités culturelles. Une riche exposition comprenant le bijou, la robe kabyle, la poterie et d’autres objets de l’artisanat traditionnel. Il était aussi question de poésie, de spectacle de comédie avec l’acteur «Par hasard». Et pour couronner le tout, un gala artistique a été tenu avec des chanteurs affectés par la Direction de la culture. La traditionnelle waâda a été offerte par les villageois et une cérémonie de remise de prix eut lieu dans une ambiance des plus festives. En somme, Yennayer de cette année a été fêté magistralement à travers toutes les villes et villages de la wilaya ; la population attend légitimement de voir Yennayer reconnu officiellement comme fête nationale.

Aïn Zaouïa au rendez-vous

Yennayer 2965, jour de l’An amazigh qui coïncide avec le 12 janvier du calendrier grégorien, est différemment célébré à travers les différentes localités du pays en général et de la Kabylie en particulier. À Aïn Zaouïa, c’est le directeur de la Maison de jeunes Larbi H’Sissene qui a pris l’initiative de célébrer cette date en collaboration avec le bureau de wilaya de l’association Iqra de Tizi-Ouzou. C’est donc au niveau de cette structure culturelle qu’ont été tenues toutes les activités. En plus de nombreuses personnes venues des quatre coins de la daïra, M. Amar Sellami, directeur de cette Maison de jeunes, a accueilli les membres du bureau de l’association Iqra de la wilaya de Tipasa en leur qualité d’invités d’honneur. À cet effet, un programme riche et varié destiné à toutes les tranches d’âges a été concocté par la direction de ce centre. Cette journée a été officiellement inaugurée à dix heures en guidant les visiteurs, nombreux, faudra-t-il le souligner, sur les lieux des différentes expositions, entre autres, l’exposition d’ouvrages et d’écrits sur Yennayer, exposition de plats traditionnels et modernes, gâteaux traditionnels du terroir et aussi modernes, exposition d’habits traditionnels dominé par la robe kabyle. L’honneur a été ensuite donné à une lectrice d’Iqra de Frikat, âgée de trente quatre ans, pour réciter un verset coranique. Cette dernière, il y a quelques mois, ne savait ni lire ni écrire et grâce aux efforts de ses enseignantes, elle a pu faire des efforts considérables. De son côté M. Merzouk Haddadi, invité à donner l’allocution de l’entame des activités, dira : «Je suis très contente de fêter cet événement avec vous. Vraiment, j’ai un sentiment de fierté que ma commune accueille tant de personnes pour célébrer cette date ô combien symbolique dans notre histoire et dans celle de toute l’Afrique du Nord. Je remercie aussi les organisateurs et tous ceux qui ont contribué à cette réussite. De notre côté nous soutenons toute action allant dans le développement de notre culture et de sauvegarde de nos valeurs et de nos traditions millénaires». Ensuite, c’est la présidente de l’association Iqra qui a eu l’honneur de placer des mots au sujet de cette manifestation culturelle à laquelle participent les cellules créées dans les communes de la daïra qui ont grandement participé à la réussite de l’événement. À souligner que trois membres de l’APW de Tizi-Ouzou, venus apporter leur soutien aux organisateurs, étaient également présents à cette cérémonie. Ce qui a plu beaucoup à l’assistance est d’écouter ces femmes entonner des poèmes entièrement dédiés à Yennayer. Et ce ne sont pas des femmes qui ont fréquenté les bancs de l’école durant des années, mais seulement par devoir de combattre leur ignorance, elles se sont données corps et âme pour relever le défi et enfin savoir lire et écrire et composer même des poèmes. Le tour a été donné par la suite à la chorale de la Maison de jeunes pour accueillir les invités avec des chansons frissonnantes. Ce qui a plu notamment aux jeunes filles et garçons quand ces vieilles femmes de Boumahni sont montées sur la scène pour jouer une «fête traditionnelle», un mariage kabyle traditionnel des années 70 voire plus loin dans le temps. «Cela me fait un grand plaisir car nous ne savons pas que nos vieilles sont des génies dans ce domaine. Sans aucune formation ni encore moins une préparation spéciale, elles ont réussi ce que des acteurs formés dans des écoles artistiques n’auraient pas pu faire en ce laps de temps. Cela me fait chaud au cœur d’avoir une idée sur thislith, (la mariée) et beaucoup d’autres choses», nous soufflera cette jeune étudiante assise à nos côtés. Aux coups de midi, ce sont les acteurs de la Maison de jeunes qui sont montés sur le podium pour jouer une de leurs productions. Pendant que l’ensemble dégustait le déjeuner traditionnel dans la salle adjacente au bureau du directeur, le jury notait les différents travaux et les plats présentés par les participantes. Et c’est dans l’après-midi que les résultats sont tombés. Le prix du meilleur plat traditionnel est remporté par Mme Bennini Nora, le prix du meilleur plat moderne est revenu à Mme Tayeb, quant au prix du meilleur gâteau traditionnel, il a été remis à Mame Sbargoud Fatima, alors que celui du meilleur gâteau moderne a été décerné à Mme Gherbi Farida et enfin celui de la meilleure robe kabyle est revenu à Galaz Saliha. Notons que dans ce registre, le jury a eu du mal à faire la part des choses quand ces membres ont reçu ces plats et gâteaux variés : thighrifine (crêpes kabyles), lesfendj (beignets locaux), amdekar, seksu sous toutes ses variétés et bien d’autres mets succulents les uns les autres. Des attestations ont été remises aux participants ainsi qu’une collation à tous les visiteurs. Par ailleurs, le groupe artistique de la Maison de jeunes a animé un gala juste avant la clôture de cette journée. «C’est une grande réussite. C’est notre bonheur d’avoir réussi un tel événement que j’espère avoir répondu aux vœux des uns et des autres. Je remercie tous ceux qui ont participé à cette journée, le premier jour de l’an amazigh. Je terminerai par dire à tout le monde Assegas Amegaz», nous dira en aparté M. Amar Sellami.

Hocine.T/ Amar Ouramdane

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