L’euro flambe

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L’euro poursuit sa progression inexorable sur le marché parallèle des changes. Ces derniers jours, la devise européenne culmine à 159 DA sur la plupart des « places » financières et des bureaux de change de la wilaya de Béjaïa. Un record historique, jamais égalé depuis son entrée en vigueur voilà tout juste 13 ans.

Cette évolution en surcote trahit une forte tension sur l’euro, devenu une sorte de valeur refuge et un placement sûr. Une réaction, somme toute logique, obéissant à la sacro-sainte règle de l’offre et de la demande. Pour parer au déficit de l’offre officielle en devise, le citoyen n’a d’autre alternative que de se rabattre sur cette sphère marchande underground, afin de s’approvisionner en monnaie européenne. «Que ce soit pour faire du tourisme, étudier, se soigner ou réaliser des achats à l’étranger, les gens ont recours au marché informel des capitaux pour acquérir la devise dont ils ont besoin», dira le gérant d’un bureau de change, installé au chef-lieu de wilaya. Un «cambiste» d’Akbou, ayant pignon sur rue, explique que le gros des acheteurs de la devise se recrute parmi les opérateurs économiques versés dans l’import. «Les importateurs trouvent dans cette bourse informelle une bonne opportunité pour avoir du cash et à profusion. La dépréciation qui affecte le dinar les encourage à s’en dessaisir au profit de l’euro», affirme-t-il. Et d’enchaîner : «même si tous les capitaux acquis ne sont pas dépensés dans les transactions commerciales, ils les gardent en réserve». Un autre intervenant de la région d’El Kseur estime que ce marché réagit instantanément aux jeux d’anticipation des cambistes, des opérateurs économiques qui interviennent dans les opérations d’achat et de vente de la monnaie unique européenne. «Les principaux intervenants, à côté des lobbies de l’importation, sont des investisseurs dans l’immobilier à l’étranger», soutient-il. Des experts de la finance analysent que la fièvre de l’euro, les tribulations du dinar et le contexte général du marché parallèle des devises, quand bien même il sévit en toute illégalité sont en définitive un baromètre fiable de l’état de santé de l’économie locale, de sa sphère marchande, mais aussi des interactions sociopolitiques.

N. Maouche

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