John Steinbeck : La plume de la misère sociale

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Parmi les auteurs les plus célèbres des Etats-Unis, John Ernst Steinbeck reste l’un des plus cités. Ses œuvres telles que “les raisins de la colère”, “Des souris et des hommes”, la perle, pour en citer que celles-ci, reviennent sur toutes les langues à travers le monde. Né à Salinas, une région rurale en Californie en 1902. D’origine allemande et irlandaise, il a grandi dans une famille typiquement américaine, laborieuse et provinciale : son père est fonctionnaire et sa mère institutrice. Après ses études secondaires, il fait divers métiers pour payer ses études de biologie à l’université de Stanford. Parallèlement à ses études, il travaille comme ouvrier de ranch et ramasseur de fruits, pour se faire de l’argent de poche. De cette période d’ailleurs, il en gardera des souvenirs qui seront cités dans ses œuvres. Si la plupart des écrivains de par le monde ont gravi les échelons de la littérature, en allant de la poésie, aux nouvelles et récits, pour atteindre le roman, Steinbeck a dérogé à la règle en allant dans le sens inverse. C’est effectivement un roman, “La coupe d’or”, en 1929, qui ouvre le bal de ses publications, qui met à nu les agissements et les exploits d’un scélérat et truand gallois du 17ème siècle. Le roman est suivi d’un recueil de nouvelles, intitulé “Les pâturages du ciel”, en 1932. C’est là qu’il s’intéresse aux problèmes sociaux, couches défavorisées et les travailleurs de la terre, un thème qu’on retrouvera dans ses futures œuvres. Suivra “Au dieu inconnu”, un autre roman publié une année après, où il met en scène l’histoire d’un vieux fermier, passionné de la terre et la fertilité en poussant les limites de l’amour et l’attachement, au point de sacrifier sa propre vie pour elle, lors d’une grave sécheresse.Si l’œuvre-phare de Steinbeck reste incontestablement “Les raisins de la colère”, c’est plutôt “Tortilla Flat”, qui a fait connaître l’auteur au grand public, dès sa sortie en 1935. Cette chronique émouvante, évoque la vie d’une Américaine d’origine Mexicaine, vivant près de Monterrey, en Californie. La misère subie par les saisonniers et ramasseurs de fruits, qui rêvent de posséder une ferme à eux, semble prendre une place prépondérante dans l’écriture romanesque de cet écrivain californien, au point d’en faire le thème principal dans deux de ses œuvres, en l’occurrence, “En un combat douteux”, paru en 1936 et Des souris et des hommes, une année plus tard. Ce récit poétique et symbolique est l’une des plus belles réussites littéraires de Steinbeck. “Les raisins de la colère”, pour sa part, a valu à son auteur le prix Pulitzer en 1940, soit une année après sa parution. Dans ce chef-d’œuvre, Steinbeck dénonce les ravages causés à l’homme par la mécanisation de l’agriculture, et du capitalisme d’après-guerre, à travers le destin d‘une famille de fermiers de l’Oklahoma, endettés mais insoumis. C’est une œuvre de grande envergure qui renvoie au long parcours du héros. A l’instar de l’exode, partie de la Bible qui sert de référence à Steinbeck, ce roman brasse le singulier et l’universel, le sort des Joad et celui de l’Amérique de tous les extrêmes.L’intrigue se déroule en pleine période de dépression, de chômage et de capitalisme plus brutal que jamais. Les mis en cause sont en outre, des étrangers en terre promise, et leur pauvreté d’errants suscite exclusion et violence. Ce roman aux accents forts a été adapté au cinéma en 1940 par John Ford. Steinbeck est le conteur inlassable de la générosité des hommes et la violence d’autres. Il est également le romancier réaliste de la pauvreté, dont la dimension symbolique de l’inspiration trouve souvent sa source dans la Bible. A l’instar de la plupart des grands auteurs de par le monde, John Steinbeck reçoit le prix Nobel de littérature en 1962 comme le couronnement de l’ensemble de son œuvre. Il meurt en 1968.

Salem Amrane

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