Revoilà les hordes de sangliers !

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Depuis le début du mois de janvier, il a été enregistré sur l’ensemble du territoire de la daïra de M’Chedallah une réapparition spectaculaire des hordes de sangliers qui se manifestent même en plein jour. De véritables troupeaux qui comptent entre 15 à 20 têtes chacun s’approchent dangereusement des centres habités, nullement effarouchés par les bruits ni même par la présence humaine. Bien au contraire, ce sont les citoyens qui ont peur d’eux, sachant qu’une femelle accompagnée par des jeunes marcassins est extrêmement dangereuse et agressive pour protéger ses petits. 

C’est d’ailleurs un des moments où les sangliers adultes deviennent menaçants, quand leurs petits ont moins de deux mois, ou encore lors de la période d’accouplement (durant l’hiver) où les males deviennent comme fous s’entretuant entre eux et chargeant sans avertir celui qui s’approcherait de trop près du lieu de leurs ébats. La raison de l’apparition de ces bêtes en plein jour en ce moment précis s’explique par le fait qu’une femelle qui met bas entre 12 et 15 marcassins n’arrive plus à les nourrir suffisamment à partir de la 3ème semaine. Tenaillés par la faim, les petits n’attendent pas la tombée de la nuit pour partir à la recherche de la nourriture qui les conduit vers les champs, les terrains nus, les dépotoirs ou les décharges publiques. Des citoyens de Thamourth Ouzemour et Aharrach en périphérie de Raffour, dans la commune de M’Chedallah, racontent qu’ils se rendent dans leurs champs la peur au ventre craignant de se retrouver nez à nez avec ces impressionnantes masses de muscles et de chairs qui dépassent souvent les 200 kg, surtout que, l’année passée, un citoyen de cette bourgade a été chargé par une femelle qui ne l’a lâché qu’après l’avoir terrassé le laissant pour mort. La victime âgée de 35 ans s’en était sortie avec des séquelles à vie. L’année d’avant, c’est un autre citoyen d’Ath lembarek, au village Ath Yekhlef, qui a été éventré en plus de plusieurs fractures aux membres par un solitaire extrêmement dangereux. Ce qui attire les sangliers dans cette localité est le fait que les propriétaires d’oliveraies les irriguent à partir du cours d’eau d’Ighzer N’sed et le ruisseau Assif Iwakuren auxquels se mêlent les rejets de l’assainissement de Saharidj, drainé par ces ruisseaux. Ce liquide et sa composante, dont le dépôt forme une sorte d’engrais naturel propice aux asticots et vers de terre, sont très prisés par ces bêtes qui y trouvent un lieu idéal pour se vautrer dans la boue et se débarrasser des parasites qui s’accrochent à leurs flancs.  Ahnif et Assif Assemadh, d’autres citoyens affirment que c’est sur les vergers et jardins d’arboriculture et maraîchers que les hordes de sangliers opèrent de véritables razzias. Un fléau dévastateur devant lequel ces paysans restent impuissants et désarmés, au figuré comme au propre. Ces infortunés racontent qu’aucune clôture aussi solide soit-elle ne leur résiste. À Saharidj et Aghbalou, ce sont les décharges publiques qui constituent leur lieu de prédilection. Un lieu où ils se manifestent en plein jour pour disputer aux non moins inquiétantes hordes de chiens errants les restes de nourriture.  Des citoyens du village d’Ath Illithen affirment qu’il est fréquent de voir un troupeau de sangliers traverser tranquillement le village, nullement inquiétés par le concert d’aboiements des chiens qui essayent de les éloigner. Cette nouvelle invasion de sangliers est à l’origine d’un recul net du travail de la terre, et nombreux sont les petits agriculteurs à avoir remis la bêche dans la remise. Pourquoi se fatiguer quand ce sont les sangliers qui récoltent le fruit de leur dur labeur ?  

A ce stade de reproduction, sachant qu’une seule femelle donne naissance entre 25 et 30 marcassins par année à raison de deux portées, ces impressionnantes bêtes après s’être familiarisées, avec la présence humaine, finiront par interdire carrément l’accès aux champs aux paysans. Cela en parallèle au risque de contaminer le cheptel par toutes sortes de maladies contagieuses en partageant les mêmes parcours de pâturage et les mêmes abreuvoirs naturels. Cette effarante multiplication de ces bêtes nuisibles s’explique par le fait que les battues périodiques de jadis, menées par des chasseurs expérimentés en collaboration avec les autorités pour en réduire leur nombre, ont été abandonnées depuis 20 ans. Un temps largement suffisant aux sangliers pour devenir un véritable fléau qui constitue le cauchemar des paysans et qui porte un coup dur à l’agriculture en général.

Oulaid Soualah

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