Ahmed Halli
J’ai connu Abdelkrim Djaâd d’abord par ses écrits, dans l’hebdomadaire Algérie Actualité où il tenait une chronique, avant de le rejoindre ensuite dans l’équipe rédactionnelle qui s’était formée autour de Zouaoui Benhamadi. Il se distinguait déjà par ses qualités rédactionnelles, sa réactivité et sa disponibilité. Nous nous croisions déjà dans ce qu’on appelait alors « La vallée », territoire délimité par la rue Tanger, le bd Ziroud-Youcef, au centre duquel se trouvait l’immeuble d’El Moudjahid. Nous dépendions alors administrativement du quotidien, mais nous étions une unité rédactionnelle autonome, avec Directeur de la publication, et Rédacteur en chef. Djaâd était à la rubrique culturelle, dirigée par Kheireddine Ameyar, et moi aux dossiers, avec Ali Bahmane, mais il n’y avait aucun cloisonnement. C’est ainsi que nous nous sommes retrouvés en équipe après le tremblement de terre d’El-Asnam (Chlef), et que nous y avons réalisé un dossier mémorable. C’est sans doute dans ces moments-là que s’est raffermie notre amitié facilitée par les mêmes exigences professionnelles. Puis, nos routes se sont séparées, et chacun a suivi son propre itinéraire, mais sans jamais se perdre de vue. C’est ainsi que nous nous sommes retrouvés à Paris dans les années 1990, notamment pour réaliser des sujets d’actualité pour Canal Algérie, et il a encore fait appel à moi lorsqu’il a créé le mensuel Ensemble. De retour à Alger, au début des années 2000, nous avons tenté l’expérience, sans lendemain, de faire revivre Algérie Actualité sous forme d’un quotidien. C’est durant cette période qu’il a eu ses premiers ennuis de santé sans toutefois perdre de son énergie et de son optimisme, dans la direction de la boîte de com « Synapse », qu’il avait remise sur rails, après son retour d’exil. Depuis le début de l’année dernière, il s’était fait très discret vis-à-vis de ses amis, sans doute à cause de la maladie qui le rongeait, et dont il ne s’est jamais plaint. Je garderai de lui le souvenir d’un homme de caractère, d’une plume élégante et séduisante, et surtout l’image d’un compagnon agréable, qui m’a aidé sans peut-être le savoir, à surmonter mes quelques moments de désespérance.
A. H.