Vers la fin de la gratuité des soins dans les hôpitaux

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La sacro-sainte gratuité des soins dans les hôpitaux publics en Algérie, risque-t-elle d’être remise en cause ? Cette exception algérienne, héritée du modèle socialiste, peut-elle disparaître ?  Et bien, et à en croire le ministre des Finances, M. Djellab Mohamed, la réponse est oui. « À l’avenir, le citoyen paiera ce qu’il doit payer dans un hôpital public. Chacun doit assumer ses responsabilités », a-t-il annoncé avant-hier mardi, lors de son audition par la commission des finances du Sénat. Le ministre souligne que les subventions de l’Etat, en matière de santé publique, « alourdissent la charge du Trésor public en raison de leur importance », avant de préciser que le produit intérieur brut (PIB) de l’Algérie est « pénalisé » par les aides destinées aux transferts sociaux. Selon M. Djellab, ces aides représentent plus de 30% du PIB. Pour parvenir à cela et donner au secteur de la santé un « aspect économique et commercial », dira le ministre, le gouvernement planche déjà sur un projet de loi visant à « sortir graduellement du financement par le Trésor pour nous diriger vers le financement par le marché ». Ces annonces interviennent au moment où l’Algérie traverse une crise d’austérité due à la brusque chute des prix du pétrole. Certains économistes parlent d’une «  récession » programmée d’ici 2017. Face à cela, le premier argentier du pays rassurera en précisant que « Ces mesures entrent dans le cadre d’une politique de rationalisation des dépenses publiques. Il ne s’agit nullement d’une politique d’austérité ».  Et les couches les plus défavorisées dans tout cela, que vont-elles devenir ? À cette interrogation, M. Djellab rétorquera : « L’Etat ne va pas abandonner cette frange de la société », avant d’ajouter : « Nous allons veiller à ce que les subventions soient réservées progressivement aux couches défavorisées ». Par la suite, le ministre des Finances soulignera le fait que la politique sociale de l’Etat a «  certaines limites » et que le gouvernement songe «  sérieusement »  à rationaliser son intervention sociale.  Mais comment faire la différence entre les citoyens qui peuvent se permettre de se payer des soins dignes de ce nom au niveau des hôpitaux et ceux qui ne peuvent le faire ? Face à cette question, le ministre évoquera la mise en place d’un modèle « progressif » lequel aura pour objectif de « recenser les plus démunis, en leur permettant d’accéder aux subventions de l’Etat (…) tout en se fixant pour but de bâtir une croissance fondée sur le financement de l’économie par le marché », a-t-il indiqué.

Ramdane B.

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