Bouzeguène paralysée

Partager

Depuis mercredi soir, la daïra de Bouzeguène, avec ses quatre communes, est paralysée, suite aux fortes chutes de neige qui ont dépassé les 70 cm à Aït Ziki et qui continueront aujourd’hui encore, selon un bulletin météorologique spécial.

Tous les grands axes sont toujours fermés à la circulation. Les citoyens ne se  déplacent qu’à pieds et le chef-lieu s’est transformé en parking. Néanmoins, les APC se sont mobilisées et ont mis en œuvre tous les moyens humains et matériels, afin de libérer le maximum de voies. Mais la neige tombe toujours en abondance et en grandes quantités, ce qui rend la tâche très difficile. A Aït Ziki, l’APC a  pu libérer certains chemins, notamment celui menant vers Bouzeguène, mais seulement pour les urgences. Le chemin de willaya N°251 reste quant à lui bloqué. Nous apprendrons par ailleurs que les citoyens de Houra ont découvert deux personnes transies de froid dans leur véhicule, en provenance d’Ouzelaguène, ainsi qu’une femme qui était sur le point d’accoucher. Ils ont appelé les services communaux de Bouzeguène qui ont fait appel à la  protection civile qui les a évacués  à l’hôpital d’Azazga, faute de moyens à la polyclinique de Loudha. Aux dernières nouvelles, les trois personnes sont saines et sauves. Toutes les écoles de la daïra sont fermées, vu le peu d’élèves qui ont pu rejoindre les établissements. Le froid glacial qui règne n’est par ailleurs pas propice à la poursuite des cours. Bouzeguène est une région connue pour le grand froid qui la caractérise en période hivernale. « Nous sommes comme des fourmis tout au long de l’été. Nous approvisionnons très tôt, en différents produits, en prévision de l’hiver. Mais heureusement nous bénéficions depuis quelque temps déjà du gaz de ville, ce qui nous permet de passer la saison froide au chaud », nous confiera une habitante de la région. A noter néanmoins que ce ne sont pas tous les foyers de Bouzeguène qui ont la chance d’être raccordés au gaz de ville. Plusieurs villages attendent toujours l’arrivée de cette énergie pour en finir avec les bonbonnes de gaz butane ou le bois comme c’est encore le cas pour une partie d’Aït Salah, Aït Ikhlef, Aït Lkarn et Aït Ziki. Et ce n’est pas là le seul problème de ces localités. Leurs habitants sont en effet également contraints de se déplacer au chef-lieu pour la moindre baguette de pain et le moindre sachet de lait, même en périodes de beau temps. Quant à l’épisode neigeux de ces derniers jours, la population regrette les timides interventions de la protection civile dans les villages. « Ma mère,  hypertendue et diabétique, a souffert d’un malaise depuis l’aube de jeudi dernier. Les routes ont très vite été bloquées et il nous était impossible de circuler. A 7h du matin, j’ai appelé les pompiers, et à ma grande surprise ils ont refusé de venir arguant le blocage des routes. Ils savent pourtant que chaque seconde compte pour un malade en détresse. C’est finalement un jeune du village voisin qui nous a aidés à l’évacuer à Loudha », nous racontera un citoyen d’Aït Saïd. La neige est synonyme de joie et de divers plaisirs pour certains, mais pour ceux qui ont enduré le calvaire des intempéries de 2012, les premiers flocons étaient déjà porteurs de stress et d’angoisse. Les habitants de Bouzeguène se rappellent de cet hiver 2012, lorsqu’ils furent isolés du monde pendant plusieurs semaines. Tout ce qu’ils avaient engrangé comme provisions avait fini par s’épuiser. « A chaque fois que je vois cette poudreuse, je me remémore le cauchemar de 2012. Quand on a les moyens, on se réjouit de voir arriver l’hiver, notamment lorsqu’on vit de l’agriculture. Mais quand on manque de tout, les premières pluies suffisent à semer la panique ». Telles sont les confidences d’une vieille dame qui habite la région.                      

Fatima Ameziane

Partager