Quand une langue passe de l’oralité à l’écrit, elle doit être accompagnée par des supports didactiques pour son enseignement effectif, mais surtout pour sa survie. Car une langue improductive est une langue condamnée à disparaître pour meubler le monde des morts.Tamazight est tenue également par cette rigueur pour ne pas subir le même sort, elle qui a survécu des millénaires durant, à de multiples colonisations et civilisations qui n’ont jamais eu raison d’elle. Le chemin est encore long, il est jalonné de tant d’embûches et de blocages, mais la voie de la production fait doucement son bonhomme de chemin.Des balbutiements par-ci, par-là, viennent garnir le monde des publications, même si l’édition n’est pas facile, particulièrement pour ceux qui n’ont pas encore de nom. »Tizimert n lfeta » est un petit recueil de contes kabyles écrits dans la langue mère que vient de publier Ghania Khouchi aux éditions Baghdadi, avec la collaboration de l’association qui fait parler d’elle chaque jour que Dieu fait, en l’occurrence, Imedyaen et son remuant et dynamique président-poète Hamid Oubagha. « Tizimert n lfeta », comprend cinq contes : la première partie le nom du titre du recueil, 2- Timqestion tihitusin, 3- Tamachahutt ur tekki tidett, 4- Tin n tberrit et Agheqqa n ighett. Dans la seconde partie du recueil, on trouve des petits contes ou des blagues au nombre de cinq également, destinées aux enfants et aux adultes.Cet ouvrage est écrit dans un kabyle pur, celui dont les Kabyles usent quotidiennement pour communiquer et raconter leur quotidien. Il est loin de cet usage démesuré et flagrant, de néologismes à outrance jusqu’à dérouter l’interlocuteur et le lecteur. Elle a bien utilisé la langue de la mère au foyer, du paysan, du grand-père et de la grand-mère. A première vue, le recueil donne l’air d’un travail soigné avec une bonne illustration sur la couverture, avec une jolie fille coiffée de serpents noirs, qui donnent l’allure de cheveux noirs et longs, dans un paysage de campagne, dignes des montagnes de la Kabylie.Une préface soigneusement écrite par Hamid Oubagha qui n’est plus à présenter, dans un style poétique qu’on lui connaît depuis longtemps, fait la présentation de l’œuvre et son auteur. Son prix (50) cinquante dinars est dérisoire et à la portée de tous. Ceci dit, encourager ces initiatives est synonyme du combat pour Tamazight, loin des slogans creux et des actions stériles.
Salem Amrane
