La tension sur le carburant s’exacerbe à Bouira

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Des files interminables de véhicules se sont formées avant-hier jeudi devant et aux abords des deux pompes à essence du chef-lieu de wilaya, créant des scènes de tension, de nervosité mais aussi un désordre indescriptible. Ces scènes ont duré toute la journée et se sont prolongés jusqu’à une heure tardive de la soirée. Par exemple, à la station-service sise à proximité du carrefour de Haizer, vers 10 h, la file de véhicules a déjà commencé à s’étirer. Très vite, elle débordera sur la RN 5 avant de gagner la route menant au quartier périphérique de Ras Bouira. Aussi bien sur ce tronçon que sur la RN 5, la circulation était fortement perturbée. Et il y avait de l’électricité dans l’air. La tension était telle que des renforts de policiers ont été dépêchés sur les lieux afin de réguler la circulation, trop dense, mais aussi pour gérer la situation laquelle devenait intenable. Mais au fur et à mesure que la file s’allongeait, les policiers seront vite débordés. Les automobiles affluaient de partout et certains ne se gênaient guerre à se faufiler parmi la file pour tenter de grappiller quelques places. Ce qui n’a pas manqué de susciter l’ire des autres automobilistes qui patientaient déjà depuis plus d’une d’heure. Aussitôt, les nouveaux venus seront rappelés à l’ordre par les policiers. Au même moment, à l’intérieur de la station, ce sont carrément des files parallèles qui se sont formées. Entre-temps, plusieurs personnes munies de jerricans se présentaient devant les pompes. Mais c’était compter sans la détermination et la fermeté des agents de la station. Ces derniers refusent catégoriquement de remplir les jerricans. « C’est interdit et je ne peux rien pour vous », rétorque les agents aux personnes qui les suppliaient. « Écoutez monsieur, ce n’est pas pour moi et c’est pour une famille qui vient de tomber en panne d’essence. Je veux juste les dépanner », tente d’expliquer un jeune homme. Ce dernier essuiera le même refus de la part du pompiste. Devant le désordre ambiant, les agents de la station tentaient tant bien que mal de calmer les esprits surchauffés et de mettre de l’ordre dans les files de véhicules. De leur côté les agents de l’ordre éprouvaient toutes les peines du monde à réguler la circulation qui devenaient de plus en plus compliquées. A la sortie de la station, un des automobilistes rencontrés sur les lieux avouera avoir mis plus de deux heures pour faire le plein d’essence. « Cela fait une semaine que je songeais à faire le plein d’essence et chaque jour ça affichait complet. Aujourd’hui je n’ai pas trop le choix car je suis presque à sec. Et vous voyez la foule qu’il y a depuis ce matin. J’ai un peu galéré mais au final j’ai fait le plein», expliquera notre interlocuteur, tout soulagé d’avoir enfin quitté la station après 2 heures d’attente. Un des agents que nous avions tenté d’approcher pour en savoir un peu plus sur cette situation a carrément refusé de s’exprimer, car trop occupé à remplir les réservoirs des voitures. Des confrères d’une chaîne de télévision privée réussiront à filmer quelques images et à recueillir quelques impressions. Mais, ils essuieront le même refus de la part des pompistes qui prétexteront les ordres de leur patron. A proximité des scènes de bousculades se déroulaient sous nos yeux à l’entrée de l’entrepôt destiné au stockage du gaz butane. Là encore, des files de personnes s’étaient formées. A peine stationné que le camion chargé de bonbonne de gaz est pris d’assaut par la population. En un quart d’heure, il ne restait aucune bonbonne de gaz. A deux kilomètres de là une autre station connaissait la même tension. Il s’agit de celle implantée à la sortie nord de la ville de Bouira, aux abords de la RN5. Au niveau de cette station, le même décor est planté. Mais l’approvisionnement sera vite interrompu, et ce en raison d’un violent incendie qui s’est déclenché dans un magasin de la station. Une épaisse fumée noire se dégageait des lieux. Aux abords de la station, une panique indescriptible s’est emparée des automobilistes qui tentaient de s’éloigner des lieux de peur que les feux ne se propagent aux cuves à carburants. Des renforts de policiers ne tarderont pas à arriver sur les lieux pour fermer l’accès à la station et éloigner le plus possible les usagers de la route. Du coup, les véhicules qui patientaient aux abords de la station étaient contraints de s’éloigner des lieux. Il aura fallu plus d’une demi-heure aux pompiers pour venir à bout des flammes. Vers 14h, la station demeurait fermée aux clients.  Il faut dire que cette tension sur les carburants remonte à plus une semaine. Comme c’est le cas d’ailleurs dans certaines wilayas voisines à l’image de Bejaïa et de Tizi-Ouzou. Et Contrairement à Bejaïa où il y a eu réellement un problème d’approvisionnement, à Bouira où l’approvisionnement est plus au moins régulier, c’est plutôt la ruée vers les stations qui est à l’origine de la tension. Ce rush a systématiquement engendré des ruptures de stock tellement la demande était forte. En début de semaine, les stations de Ain Alloui et de Ain Lahdjar étaient déjà prises d’assaut par les automobilistes. Certains automobilistes repartaient souvent bredouille en raison de la rupture du carburant. Les mêmes scènes ont gagné les stations du chef-lieu de wilayas et autres communes de la wilaya. Parfois, les automobilistes mettent plusieurs heures pour faire le plein de carburant. Pour éviter de faire la chaîne, certains préfèrent se rendre dans les stations à la nuit tombée. Et ce n’est pas gagné non plus. Un des automobilistes avec qui nous nous sommes entretenus nous avouera avoir passé 3 heures à patienter avant de faire le plein d’essence. Ceci dit, certaines stations-service, comme c’est le cas à l’Est de Bouira, approvisionnées à partir de l’Est du pays ont tout de même connu des problèmes de pénurie pour cause des intempéries qui sévissent dans le bassin méditerranéen. Au niveau de certains ports, la persistance du mauvais temps complique davantage l’accostage des navires approvisionnant le pays en carburants. S’il y a certes des perturbations en approvisionnement en carburant, comme le confirme les responsables de Naftal, l’affolement et la précipitation des automobilistes créent aussi plus de tension. Avant-hier jeudi, la vague de froid qui s’est installée a compliqué davantage les choses. Cela dit, un retour à la normale est prévu en début de cette semaine. C’est du moins ce qu’annonce le responsable de la Naftal de Bouira.

 D.M

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