À quand la rénovation ?

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La Maison de la culture Taos Amrouche de Béjaïa a été saccagée et brûlée en avril dernier, lors de la campagne électorale de la présidentielle.

Depuis et malgré les promesses des autorités, rien ne semble avoir été fait pour la remettre en l’état. Tout le monde a pu voir les vidéos et les images des dégâts subis par la Maison de la culture de Béjaïa ce jour-là. L’incendie a touché plusieurs espaces, dont le salon d’honneur et les ateliers artistiques et pédagogiques, le hall d’exposition a été rendu impraticable, et la bibliothèque vandalisée. La façade du bâtiment a subi de sérieux dégâts et les équipements techniques et pédagogiques ont été volés : ordinateurs, livres, instruments de musique, matériel de sonorisation, etc. L’organisme a ainsi été totalement rendu inutilisable. Cependant, et grâce à la bonne volonté du personnel et l’aide précieuse apportée par les adhérents, petit à petit, la Maison de la culture a pu rouvrir ses portes, et des activités régulièrement proposées. Mais à quel prix ? Les démarches administratives semblent interminables, handicapant sérieusement une institution tellement importante aux yeux de milliers d’artistes et de la population locale qui est fortement portée sur les choses de la culture et de l’art. Même si les polices d’assurances ont fonctionné et que toutes les expertises ont été faites pour évaluer le montant des indemnisations, les informations et indiscrétions que nous avons pu recueillir nous signalent que pas encore un centime n’a été reçu par la Maison de la culture. Les budgets promis par les autorités ne sont pas encore arrivés non plus. Il semblerait que toute une gymnastique est faite, pour permettre à l’institution de fonctionner, puisant des fonds dans le budget de fonctionnement pour permettre l’achat de quelques ordinateurs ou instruments de musique, afin d’assurer un minimum de fonctionnement aux services administratifs et ateliers pédagogiques. Actuellement, lors de l’organisation des spectacles, même la sono est louée de l’extérieur. Sinon, point de spectacles. L’arrière-scène se trouve dans un état catastrophique. Si ce n’est la bonne volonté du personnel, les dégâts pourraient être beaucoup plus importants. Avec le mauvais temps de ces derniers jours, les infiltrations d’eau rendent les espaces impraticables. Même des fils électriques ont été touchés puis dénudés par l’incendie d’Avril dernier. Contactés par nos soins, les responsables de la Maison de la culture nous ont confirmé qu’ils sont toujours dans l’attente de l’arrivée des budgets promis, sans plus de détails. Mais on voit bien la situation de désarroi dans laquelle ils se trouvent. Un des responsables nous a confié : « les gens pensent que la Maison de la culture roule sur l’or. Mais ils n’ont aucune idée des conditions dans lesquelles nous travaillons. Si ce n’était la bonne volonté du personnel qui fait beaucoup plus que son travail habituel, rien ne serait encore fonctionnel aujourd’hui, près d’une année après le sinistre ». Malgré cette situation, des expositions continuent à être organisées, ainsi que des colloques, des projections de films,… et les ateliers pédagogiques et la bibliothèque font de leur mieux pour fonctionner aussi normalement que possible. Mais les stigmates des blessures subies par le bâtiment restent encore visibles de l’extérieur. La façade s’est, depuis, revêtue d’un manteau de tristesse, contrastant avec la vocation du lieu, un endroit d’épanouissement et d’expression artistique et culturel, à même de réjouir et de faire plaisir. Les autorités publiques traitent-elles le secteur de la culture avec le sérieux nécessaire ? Rappelons, justement, que jusqu’à présent, la Maison de la culture n’a toujours pas reçu son nom de baptême officiel. Celui de Taos Amrouche ne lui a été attribué qu’à titre officieux. Il semblerait qu’il y ait des résistances et de l’opposition contre le nom de l’une de nos plus prestigieuses dames de la culture, issue de cette région et connue partout ailleurs dans le monde, ayant porté avec fierté notre culture et l’ayant fait connaître. N’est-il pas temps de lui rendre hommage, en baptisant cette Maison de la culture à son Nom ? À quand le déblocage des indemnisations dues et des budgets promis, alors que le deuxième mois de l’année a déjà commencé et les échéances culturelles s’approchent à grands pas ? Affaire à suivre…

 N. Si Yani

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