Le 21ème Maghreb des livres, initiative de l’association Coup de Soleil, s’est tenu le week-end dernier à l’Hôtel de Ville de Paris.
Véritable évènement culturel, ce rendez-vous littéraire a été comme à l’accoutumée, un grand succès. Georges Morin, le président de l’association, qui avait des inquiétudes sur la fréquentation suite aux attentats de Charlie Hebdo, considère que « tous ceux qui sont dans l’esprit de l’ouverture à l’autre, d’estime et d’amitié entre la France et le Maghreb, sont venus. Le bonheur d’être ensemble l’a emporté sur la peur». En effet, ils étaient des milliers de visiteurs, souvent des abonnés, à arpenter les salons prestigieux de la mairie de Paris qui devient, en l’espace de deux journées, le carrefour de la production éditoriale sur le Maghreb. Avec une diversité des thèmes et des auteurs, cette gigantesque librairie présente tous les livres publiés en 2014 sur le Maghreb et l’intégration. Pour Georges Morin, la cheville ouvrière de cette manifestation : « il s’agit de présenter des livres faits par des gens qui habitent le Maghreb ou les maghrébins de France, par tous ceux qui ont un lien de vie ou d’amitié avec cette région : les Algériens, les Tunisiens, les Marocains, leurs enfants, les pieds noirs, les Juifs et tous ceux qui, quelque part, se sentent attachés à cette terre ». Au programme de ces deux journées, les organisateurs ont investi le moindre espace libre, et occupé l’ensemble des créneaux pour présenter les 2 000 livres édités l’année précédente autour du Maghreb. Cela pour près de 300 auteurs dont 150 étaient présents pour des séances dédicaces. On pouvait retrouver des auteurs connus et confirmés, mais également découvrir ceux qui signaient là leur premier ouvrage. Dans les différents ateliers, tables rondes, cafés littéraires, expositions d’œuvres artistiques ou au café maure, on pouvait écouter ou croiser Malek Chebel, Tassadit Yacine, Gilles Kepel, Amine Zaoui, Kamel Daoud, Benjamin Stora, Nora Hamdi, Pascal Boniface, Slim et bien d’autres. Dans cet univers où se côtoyaient écrivains, romanciers, poètes, historiens, caricaturistes, universitaires, étudiants et journalistes, il y en avait pour tous les goûts. Le visiteur averti a été obligé d’affiner ses choix dans le condensé d’activités au menu de cette fête du livre pour éviter de survoler l’évènement. Dans cette grande foire où le livre a joué le rôle de vecteur humain, les éditeurs, les auteurs et les visiteurs trouvaient là l’opportunité annuelle pour des retrouvailles, faire des découvertes et parfois même l’occasion de travailler sur des projets communs. Chapeau bas aux dirigeants et bénévoles de l’association pour avoir réussi à nous faire vivre un moment de diversité de créations et de cultures plurielles au Maghreb. L’évènement, véritable baromètre de la production littéraire, gagnerait à s’étaler sur plus de journées et sur un espace plus vaste. C’est ce que souhaiterait l’association pour peu qu’elle puisse disposer encore davantage de moyens matériels et humains pour une manifestation de grande envergure. À travers ses objectifs et ses activités, les militants de Coup de soleil veulent contribuer à bâtir une «société française sûre d’elle-même, ouverte au monde et fraternelle». Ils inscrivent résolument leur action dans le cadre d’une communauté de destin entre les peuples de la Méditerranée occidentale.
De Paris, Tahar Yami