Malgré la prise de conscience générale sur le danger qu’il représente, le phénomène de la violence en milieu scolaire ne s’estompe pas.
Bien au contraire, celui-ci ne cesse de prendre de l’ampleur à tel point qu’il ne se passe pas un jour sans que l’on signale un dépassement verbal ou physique dans tel ou tel établissement scolaire ici et là à travers le pays. Et la Kabylie n’est pas en reste de cette épidémie contagieuse. Rien que ce week-end, deux cas de cette violence ont été enregistrés, l’un à Béjaïa et l’autre dans la wilaya de Tizi-Ouzou. Sinon les exemples n’en manquent pas de ce mal qui a donc tendance à se généraliser en prenant multitude de formes, puisque l’on assiste à des bagarres entre élèves, à des violences contre les enseignants et à des destructions des biens, avec une sorte de jamais vu, à l’image de ce qui s’est passé il y a à peine quelques jours à Bouira, lorsque des lycéens se sont introduits dans un autre établissement criant « Nous sommes du Daech », cassant tout sur leur passage, afin de faire sortir leurs camarades de la classe. Des mêmes scènes ont été connu du coté de Draâ El Mizan dans la wilaya d Tizi-Ouzou, où des lycéens ont tenté à plusieurs fois de forcer d’autres élèves à sécher les cours pour réclamer le seuil des programmes aux examens. A Draâ Ben Khedda, et dans le sillage des protestations pour exiger le seuil des cours, un surveillant a été malmené pour ne pas dire plus, par des lycéens, en tentant de s’interposer à l’introduction de ces derniers dans son établissement, dans leur tentative de faire associer d’autres élèves à leur mouvement de protestation. Le comble, c’est que tous cela n’a pas été suffisant pour secouer un tant soit peu les parents et autres. Pire encore, des lycéens ont fait grève plusieurs jours durant pour réclamer la fameuse « âataba», sans que ces mêmes parent ne bronchent. La semaine écoulée, toujours dans la wilaya de Tizi-Ouzou, des chérubins ont bloqué la route pour dénoncer la violence dont ils étaient victimes à proximité de leur établissement. Cette manière de dénoncer cette violence n’interpelle t- elle pas, déjà en elle même les consciences puisqu’elle est tout aussi violente ? c’est ce qu’on peut appeler dénoncer la violence par… la violence. On doit d’ailleurs se demander : pourquoi ces collégiens ont opté pour cette forme de protestation. Et bien, c’est clair : ils ont fait comme les adultes des différents villages de la Kabylie où, la fermeture des routes est devenue monnaie courante. Ces collégiens, qui ne sont encore que des enfants, ont été ainsi influencés. Par qui ? Par la société. Par les adultes… en un mot par leurs parents au sens large du terme. Les parents ont, en effet, une responsabilité importante si aujourd’hui les élèves des lycées, des CEM et même du primaire sont gagnés par ce phénomène. On donne, en quelques sorte un mauvais exemple. Cette question de fermeture de routes n’est en fait qu’un simple exemple, sinon, il est de notoriété publique que l’enfant est influencé par son premier « héros » dans sa vie, à savoir son père. Donc, à ce père de jouer son rôle. Ce héros devrait être à l’écoute de son enfant à la maison et à l’école. Mais la réalité est toute autre, malheureusement, car, selon un grand nombre d’enseignants, les parents ne s’inquiètent de la vie de leurs enfants à l’école qu’à la fin des examens. C’est dire, en somme que quelques parts, il y a une démission de certains parents, appelé pourtant à s’impliquer d’avantage dans la scolarité de leurs progéniture. Pourtant les associations des parents d’élèves pullulent à Tizi-Ouzou et ailleurs. Quel rôle donc pour ces associations si elles n’interviennent pas dans ces cas ? Qu’à cela ne tienne ! Il faudra, de toute façon, faire nettement mieux pour espérer faire face à ce phénomène qui gangrène encore et toujours le secteur de l’Education nationale. Un secteur qui vit ces quelques derniers jours au rythme de la grève des syndicats du secteur qui réclament « l’amélioration des conditions socioprofessionnelles et la satisfaction de l’éternelle revendication relative au statut particulier ». Cette grève a été d’ailleurs dénoncée par les parents d’élèves. En fait, ces deux membres de la famille éducative semblent avoir d’autres chats à fouetter, ignorant du coup ce phénomène de la violence qui gagne du terrain dans les différents cycles scolaires. Pourtant, pour espérer endiguer ce phénomène, il faudra la mobilisation de tout le monde, et surtout de l’ensemble des membres de cette même famille éducative. Les parents et les enseignants, en premier lieu, sont interpellés plus que jamais pour se pencher sérieusement sur le phénomène. Mais force est de constater que celui-ci semble relégué au second plan des préoccupations des uns et des autres. La question qui s’impose : jusqu’à quand ? Car au moment où l’on se chamaille sur d’autres revendications, la violence continue son avancée. Laquelle violence qui s’est introduite dans le milieu scolaire, il faut le dire, après l’annulation des châtiments corporels sans pour autant le remplacer par une autre forme de punition, ce qui a négativement influé sur le comportement de l’enfant. Ce dernier se sent intouchable et se permet ainsi de faire ce qu’il veut. La transition n’a pas été réussie. L’enseignant a ainsi perdu de son autorité. Aujourd’hui, force est de constater que ce même enseignant est, quelque peu, lui-même « maltraité et violenté » par ses élèves, sans que personne n’ose crier au scandale. Quoi qu’il en soit, les causes diffèrent et pour tenter d’expliquer cette situation, il faudra ouvrir un vrai débat de fond et faire contribuer les différents spécialistes de la chose, car le mal est profond.
M.O.B