Extraction effrénée de terre

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L’entreprise chinoise qui intervient sur l’autoroute a été autorisée à extraire de la terre qui servirait, selon un employé rencontré sur les lieux, à la couche de pose au lieu-dit Ighzer Ougharef, dans la localité d’Assif Assemadh, cela depuis le début de l’année.

Le lieu choisi pour extraire cette qualité de terre qui convient à l’opération est un point de rencontre de deux profonds ravins, le premier Assif Tizi-Ghrane qui prend naissance à Ahriq Oucheridh, à proximité d’Ath Walvan, distant de quelque 20km, le second à son point de départ du côté Ouest d’Ath Hamad, sur la même distance, à partir de la commune de Saharidj. Les deux ruisseaux ayant un itinéraire parallèle traversent les immenses forets d’Ighil Igueni et ne sont séparés que par une bande de terrain de moins d’un kilomètre de large, ils débouchent tout les deux à Ighzer Ougharef, à quelques 150m du CW98. L’entreprise chinoise, qui a mobilisé une imposante flotte de camions et de gros engins de travaux publics, a, faut-il le reconnaître, effectué un travail titanique après avoir pratiqué une large piste d’accès à partir de la route, en opérant une transformation radicale de la topographie des lieux qui sont des terrains forestiers jadis, avec un tissu végétal fort luxuriant composé de touffus buissons et des pins d’Alep.Nous avions noté cependant, avec regret qu’une passerelle sous forme de support de la conduite d’irrigation, réalisée dans les années 1930 en pierres taillées et gros béton, qui enjambe Ighzer Ougharef, un ouvrage d’art qui constitue un vestige qui renferme un pan entier de la mémoire collective, a été rasée sans état d’âme, cela d’un côté. Sur un autre volet, un haut talus de quelques 150 m de long, qui s’est formé lors de l’ouverture de la piste que surplombe des terrains agricoles en flanc d’une colline abrupte, risque de subir, à l’avenir, des éboulements et glissements de terrains à moins de bénéficier d’un ouvrage de consolidation et de soutènement.

Pourquoi ne pas en faire une retenue collinaire ?

Il est à noter que les lieux où interviennent les engins de travaux publics sont sous forme d’une cuvette naturelle formée par l’érosion et les crues millénaires des deux ruisseaux qui s’y rencontrent pour former un profond ravin, pris en sandwich entre deux hautes collines : à l’Est, le monticule d’Irroufa et, à l’Ouest, celui de Tizi Netghetten dont les flancs sont des terrains agricoles, jadis fertiles avant que l’absence d’eau suite à la détérioration, dans les années 1980, du canal d’irrigation qui achemine l’eau à partir de l’excédent du phénoménal El Ainser Averkan d’Imesdhourar ne les transforme en terres arides. Après l’intervention de l’entreprise chinoise qui l’a sensiblement élargie, cette immense cuvette prend, à l’heure actuelle, les formes d’une authentique retenue collinaire qui pourrait emmagasiner des milliers de m² des eaux drainées par ces deux ruisseaux qui sont de véritables collecteurs durant les six mois des saisons humides. Une manière de compenser les dégâts écologiques occasionnés par cette extraction effrénée de la terre. Ne manquait à cette retenue collinaire toute façonnée qu’une solide digue sur sa partie inférieure pour en faire bénéficier les dizaines d’agriculteurs d’Irroufa, d’Illezzazen et de Takerchouchet, propriétaires d’oliveraies et terrains à vocation maraichères à perte de vue, d’autant plus, qu’en amont, c’est un tronçon d’Assif N’Sahel qui longe Ighzer Ougharef. Ce qui revient à conclure que même en cas d’accident sur cette future retenue collinaire, si toutefois elle viendrait à être aménagée, les riverains ne courent aucun risque. Un cas auquel doivent s’intéresser les services agricoles et ceux de l’hydraulique pour étudier la faisabilité de cet ouvrage qui aurait d’énormes répercutions positives sur l’agriculture dans ces lieux et par ricochet sur le niveau de vie de la population d’Assif Assemadh.

Oulaid Soualah

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