La wilaya de Bouira a vécu ces dernières 48h au rythme d’une folle rumeur qui s’est propagée comme une traînée de poudre : « Un cas suspect d’Ebola aurait été découvert », entendait-on ici et là. D’ailleurs, certaines chaînes de télévision et même certains journaux avaient relayé « l’information » dès la soirée de vendredi passé.
Tout a commencé dans la matinée de vendredi, lorsqu’un sexagénaire originaire de la commune d’Ath Mensour a été transféré de l’EPSP de cette commune vers l’EPH de M’Chdellah, puis réorienté vers l’hôpital Mohamed Boudiaf de Bouira. Le patient, qui présentait des symptômes de toux aiguë,; saignement nasal et une forte fièvre, a été tout de suite admis au bloc des urgences, afin qu’il soit pris en charge. Selon plusieurs témoignages, des médecins auraient indiqué aux autres patients de «ne pas s’approcher » du bloc où était admis le sexagénaire. Cette consigne anodine a donné lieu à des rumeurs des plus folles quant à la présence d’un cas d’Ebola au sein de la structure hospitalière. C’est du moins ce que nous ont déclaré bon nombre de malades qui étaient présents au niveau du bloc des urgences au moment des faits. « Les infirmiers tout comme les médecins portaient des masques de protection et nous ont demandé de ne pas nous approcher d’un endroit situé à l’aile Est des urgences », nous a confié une jeune femme qui était venue voir sa grand-mère hospitalisée. D’autres nous ont affirmé que ça serait les médecins eux même qui leur ont indiqué que c’est un probable cas du virus Ebola. « J’ai cherché à savoir ce qui se passait et un médecin m’a rétorqué qu’ils ont un malade qui pourrait être porteur de ce virus », dira Hamid, un père de famille venu s’enquérir de l’état de sa fille. Dans l’après-midi d’avant-hier, nous avons tenté de pénétrer à l’intérieur du bloc des urgences dans le but d’en savoir plus sur le sujet, mais sans grand résultat, car contrairement aux autres jours de semaine, où chacun pouvait accéder librement au bloc des urgences, avant-hier, la sécurité a été renforcée et les agents de sécurité étaient sur le qui-vive. L’un d’entre eux nous a carrément refoulés. Ce n’est qu’en fin d’après-midi que nous avons pu joindre le DSP de Bouira. Ce dernier s’est dit « étonné » de la proportion qu’a pris un simple cas de pneumopathie aiguë. « Ebola ? C’est vraiment du n’importe quoi. Effectivement, nous avons reçu un malade venant de l’EPH de M’Chedallah qui présentait des symptômes inquiétants. Après un diagnostic général, il s’est avéré que ce patient était victime d’une pneumopathie aiguë », a-t-il tenu à préciser. Dans la foulée, ce responsable a dit que ni à Bouira ni ailleurs, ce virus mortel n’a été détecté. « Je tiens à rassurer la population, nous n’avons aucun cas d’Ebola ni d’un quelconque virus. Le patient en question, au risque de me répéter, souffre d’une forme virulente de pneumopathie et il a été pris en charge », a-t-il conclu. Hier, nous avons appris de sources sures que la malade a été transféré en début de soirée d’avant-hier, vers le CHU de Tizi-Ouzou, où il a été admis au service de soins intensifs.
Ramdane B.