Les pêcheurs s’opposent et se mobilisent

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L’association des pêcheurs de la commune de Souk El Tenine, à quarante kilomètres à l’Est du chef-lieu de la wilaya de Béjaïa, se mobilise et rassemble ses « matelots » comme ultime riposte pour sauver leur plage d’échouage, plus que jamais menacée par l’implantation d’un projet d’hôtellerie dont a bénéficié un promoteur dans le cadre du CALPIREF.

En effet, selon les informations recueillies lors du dernier conclave extraordinaire tenu la semaine dernière, les pécheurs n’ont pas caché leur grande inquiétude quant à cette sentence qui risque de tourner au vinaigre, notamment après les actes intrépides dudit investisseur qui a procédé tout bonnement à la clôture de son terrain empêchant complètement l’accès à la zone maritime, pourtant délimitée par la tutelle. « C’est une intimidation à l’encontre de tous les pécheurs qui n’ont d’autres ressources que ce métier », nous a déclaré le président de l’association, Sadek Boudjadja. Et d’ajouter : « Devant le chômage qui mine notre région et la prolifération des fléaux sociaux qui poussent telle une herbe folle en plein printemps, nous avons créé notre association en 2003 et nous nous sommes battus bec et angle pour arracher ce lot de terrain de 2000 m2 pour l’aménagement d’un espace pour y entreposer nos embarcations et autres matériaux de pêche octroyé quatre années plus tard, par arrêté portant le N° 02/2007, par le wali Rachid Fatmi. Aujourd’hui et sans aucun avis au préalable, un « étranger » se présente et s’adonne à des travaux en nous défiant sans que les autorités locales daignent y mettre le holà ». Notre interlocuteur, qui se dit déterminé de se faire entendre auprès des plus hautes instances, met en garde ledit propriétaire contre ce qu’il qualifie de « dérapage » et menace de battre le pavé avec comme argument en main un document officiel délivré par le premier magistrat de la wilaya. « Nous étions tranquilles avant d’être surpris par un acquéreur qui continue à s’acharner sur notre association tel un percnoptère dont l’appétit est semblable à celui de l’étourneau qui, même gavé pique sur l’olive fatale », ajoute t-il. De son côté le premier vice-président, qui est monté au créneau à son tour, tire à boulets rouges sur un membre de l’association qui s’est permis d’agir au nom de l’association lors du déplacement d’une commission diligentée par le Directeur de la pèche en présence du P/APC et d’une armada de Directeurs de wilaya. « Il faut que le Directeur de la pêche et des ressources halieutiques sache que l’aval de l’association est subordonné à une assemblée générale et nul ne peut se proclamer porte-parole ni représentant de l’association sans documents officiels », explique Mr Bouhraoua Abdelouahab, qui remet en cause la sortie antiréglementaire du secrétaire général de l’association qui a apposé sa signature sur le PV rien que pour obéir à une situation d’intérêt personnel. « Ni ordre de mission, ni cachet de l’association, la commission et encore le P/APC auraient dû comprendre que le paraphe de ce membre n’engageait que sa propre personne », enchaînera-t-il. Selon les pécheurs que nous avons approchés, ledit promoteur n’a pas hésité d’ester en justice trois membres du bureau à titre individuel pour obstruction, enfonçant profondément le clou à travers cet acte qualifié de volontaire pour la mise à mort d’une profession constituant l’ultime planche de salut de plusieurs familles, dont la survie s’accroche à cette ressource au moment où l’association multiplie ses sorties pour une issue commode et tente, tant bien que mal, de trouver un consensus et mettre fin à cette crise. Devant le désespoir et la cherté de la vie qui continue de déplumer des ménages entiers, il est plus qu’impératif que l’administration privilégie une issue de dialogue et de concertation avec ces pêcheurs dont l’avenir reste suspendu au bout de leurs cannes à pêche.

Rabah zerrouk 

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