Tizi-Ouzou n’a pas oublié

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Il y a 19 ans que le journaliste, artiste et militant progressiste, Achour Belghezli, fut assassiné en compagnie de sa collaboratrice Dalila Drideche. C’était le 17 février 1996, un peu avant midi. La nouvelle de cette tragédie avait vite fait le tour de Tizi-Ouzou. Les assassins l’avaient surpris dans son bureau, une agence de publicité et de service, situé à un jet de pierres du campus de Hasnaoua. Il était là avec Dalila, ils ne se doutaient de rien. Ils auraient pu être plus nombreux à disparaître comme lui, parce que le militant avait rendez-vous avec des camarades du PAGS/Tahadi Tafath. Donc, 19 années après ce jour fatidique, hier à 10h, sous une pluie battante, l’Association des Journalistes et Correspondants de Tizi-Ouzou et l’association culturelle Aguemoune de la commune d’Aït Aissi ont tenu à rendre un hommage mérité aux deux martyrs. Cette manifestation de reconnaissance envers Moh Achour et Dalila ne s’arrêtera pas là puisque l’après-midi sera consacré aux témoignages combien précieux de ses compagnons de captivité d’avril 80, en l’occurrence, Saïd Khellil militant du FFS et du MCB et Rachid Aït Ouakli militant de gauche qui ont, l’un et l’autre,  été très proches de Moh Achour tant à l’université de Oued Aissi qu’à la prison de Berroughia où ils étaient tous les trois détenus avec beaucoup de leur camarades enseignants, étudiants et employés. Rachid Aït Ouakli se souvient de ce militant infatigable, indomptable, qu’était Moh Achour. «Il était pour ainsi dire le modérateur par excellence dans nos querelles politiciennes. Il avait le talent de concilier tout le monde. C’est en 80 qu’il apparut dans sa véritable dimension. Dans les interrogatoires, il était d’une rectitude exemplaire. D’ailleurs, quand on vint me dire t’as intérêt de nous dire tout ce que tu sais, car nous savons tout de toi. J’ai eu beau nier, de guerre lasse, mes geôliers me menacèrent de  faire venir un  camarade qui me connaissait et qui allait dira tout sur moi. Et ils ramenèrent Moh Achour et lui demandèrent s’il me connaissait. Moh Achour leur dira, sans sourciller, «je ne l’ai jamais vu !». C’est vous dire la fidélité qui caractérisait le martyr. A une question du juge de la cour de sûreté de l’Etat, de Médéa, qui était : comment l’Etat que vous projetez de fonder se défendra contre nos avions, nos chars et notre aviation ? Moh Achour répondra : nos armes sont dans ma tête et celles de mes camarades ici présents». Quant à Saïd Khellil, il en dressera le portait d’un homme «qui a toujours prôné l’unité des rangs en dépit des différences d’opinion, dès lors que l’essentiel nous réunit». Nous qui avons partagé quelques années ensemble, tant à ’’Alger Républicain’’ qu’à l’hebdomadaire ’’Le pays’’, nous retenons l’image d’un publiciste de talent et d’un journaliste pointilleux et de conviction, ce qui n’était pas aisé à l’époque où on bouclait en présence de la police non pour nous surveiller mais pour nous protéger de la bête immonde. Nous ne t’oublierons jamais Moh Achour.

Sadek A.H 

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