Le tribunal de Béjaïa assiégé

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Apparemment épuisé par une longue nuit sans sommeil, un homme natif de Barbacha, la cinquantaine passée, s’est écroulé hier, devant le tribunal de Béjaïa. 

Dans le bureau du procureur, des concitoyens, arrêtés dans l’après-midi de dimanche dernier, sont auditionnés. D’autres citoyens de la même localité se passaient les Unes de la presse, notamment celle de La Dépêche de Kabylie. Ils étaient là nombreux, dés les premières heures de la matinée, attendant la décision du parquet. Des citoyens de Barbacha qui ne désarmaient pas encore, hier, se sont massés devant le tribunal de Béjaïa, pour exiger la libération des 26 manifestants arrêtés la veille par la police. Ces derniers ont passé la nuit au commissariat central. Dimanche dernier, des échauffourées avaient éclaté devant le siège de la wilaya entre des policiers et les habitants de Barbacha, qui refusaient de libérer les accès menant aux locaux de ce bâtiment public. L’intervention des forces anti-émeute s’est soldée par l’arrestation de 26 manifestants, dont l’ex-P/APC de Barbacha, Mohand Sadek Akrour. Trois autres ont été grièvement blessés, nécessitant le transfert de l’un d’eux au CHU de Sétif. « Abdelhak a 25 ans, il a été grièvement blessé à la tête et s’en est aussi sorti avec les deux jambes fracturées », témoigne l’un des habitants ayant pris part à la manifestation de dimanche.  Un épisode violent qui vient envenimer davantage une crise qui n’en finit pas depuis maintenant quatre mois à Barbacha. Malgré les incidents d’avant-hier, les habitants de cette municipalité ne désarment pas et comptent maintenir la pression sur les pouvoirs publics.  « Nous n’avons guère le choix. Notre mouvement va continuer coûte que coûte, jusqu’à satisfaction de nos revendications, à savoir la dissolution de l’APC et le départ du chef de daïra », assure l’un des membres de l’Assemblée générale ouverte de la population de Barbacha. Hier, en début d’après-midi, les auditions, par le procureur près la Cour de Béjaïa, des 26 manifestants de Barbacha arrêtés la veille, se poursuivaient.  Le premier manifestant à être entendu par le procureur de la République serait, indique une source, Mohand Sadek Akrour. Ce dernier a été maintes fois montré du doigt par la wali comme « responsable de la situation de pourrissement prévalant à Barbacha ». Selon des indiscrétions, le parquet de Béjaïa reprocherait aux manifestants de Barbacha d’avoir, entre autres, organisé « une marche non autorisée et d’avoir troublé l’ordre public ». « Le procureur pourrait bien requérir un non-lieu ou bien transférer le dossier au juge d’instruction »,  nous explique un avocat du barreau de Béjaïa.  

Barbacha, ville morte hier 

Barbacha était, hier, une commune morte suite à une grève générale déclenchée par le mouvement citoyen revendiquant la dissolution de l’actuelle APC. Une  action, qui a paralysé fortement la localité qui avait pour but de dénoncer la répression qui s’est abattue, la veille, sur les manifestants lors du rassemblement devant la wilaya. La nouvelle de cette intervention musclée des forces de l’ordre, faisant 26 arrestations, dont l’élu et ex-maire de Barbacha, M. S. Akrour, et aussi plusieurs blessés, dont deux cas graves, est tombée tel un couperet sur cette région qui vit, depuis plus de 4 mois, une situation de blocage sans précèdent. Ce à quoi des citoyens de plusieurs villages de la commune ont convergés vers le chef-lieu. Les habitants de Barbacha n’arrivent plus à supporter le marasme qui sévit dans leur localité depuis des mois. Une réunion express de dizaines de citoyens a eu lieu, tard dans la nuit de dimanche, et c’est ainsi que fut prise la décision de paralyser la commune comme moyen de dénonciation et de contestation de l’intervention musclée des policiers, dimanche dernier. Aussi, la quasi-totalité des commerçants ont baissé rideau au chef-lieu, comme dans les différents villages, et des centaines de citoyens ont fait le déplacement vers Béjaïa pour participer au sit-in devant le tribunal et réclamer la libération des interpelés.

         

Dalil S. et N. Touati

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