Ce sera au… tirage au sort !

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Ce qui n’était qu’une folle rumeur s’est finalement avéré vrai. Les bénéficiaires des logements sociaux au niveau de la ville de Bouira seront connus au terme d’une opération de tirage au sort. C’est ce que nous a confirmé avant-hier, le chef de daïra de Bouira. « Nous comptons organiser, à partir de la semaine prochaine, un tirage au sort dans le but de déterminer les bénéficiaires du quota de logements sociaux, lequel s’élève à plus de 480 unités ». Dans la foulée, ce responsable précisera que cette opération touchera uniquement le programme social et non ceux du RHP, ce qui exclu de facto les haouch de l’ancienne ville et la cité dite «Évolutive». « Dans un premier temps, nous allons en finir avec le dossier du social, lequel traîne en longueur. Par la suite, nous allons passer au programme RHP », dira le chef de daïra avant d’ajouter : « Les logements destinés aux habitants des haouchs et ceux de la cité Évolutive ne sont pas totalement achevés. Donc, nous ne pouvons pas démolir ces logements sans qu’on puisse offrir à leurs occupants des habitations entièrement équipées ». Mais si cette histoire de tirage au sort devait refléter une chose, elle reflète l’incompétence des autorités de gérer un dossier aussi sensible que celui du logement, autrement que de passer par le hasard! Ce choix, plus que discutable, démontre que les autorités, après des mois de tergiversations, auront au final choisi l’option de la facilité voire opté pour la politique de la fuite en avant. En effet, toutes les commissions mises en place, les centaines de dossiers étudiés, les enquêtes administratives et autres recours épluchés suite aux émeutes d’août dernier finissent à la poubelle et voilà que les postulants au même titre que les pouvoirs publics s’en remettent au «petit bonheur la chance » afin de clore définitivement ce dossier des plus brûlants. Ce procédé pour le moins étrange et incongru réussira-t-il à « étouffer » la colère grandissante des citoyens qui attendent leurs logements depuis des années ? Rien n’est moins sûr. D’ailleurs, certains postulants que nous avons interrogés se sont dits « scandalisés » par une telle méthode. « Après cela, on vient nous casser les oreilles avec les principes de justice sociale et d’équité. Remettre son sort entre les mains du hasard et de la chance, c’est vraiment absurde ! », s’exclamera Hocine, un père de famille qui a déposé son dossier de logement social en 1994. Et d’enchaîner : « 20 ans à attendre dans la misère la plus atroce, voir grandir mes enfants dans l’insalubrité et la précarité et, à la fin je devrais me résoudre à continuer à vivre ainsi si mon nom n’est pas tiré… C’est cruel. Que Dieu leur pardonne leur injustice. En tout cas, moi, je ne leur pardonnerai jamais ! », lancera-t-il, fou de rage. Pour d’autres, le sentiment est moins tranché. Smail, 54 ans et qui dit avoir déposé son dossier en 1998, prend la nouvelle avec une certaine philosophie et beaucoup de stoïcisme. « Si mon nom est tiré au sort, je serai l’homme le plus heureux de la terre. Dans le cas contraire, je me résoudrais à trouver une autre alternative. Pour moi, je veux juste que cette histoire se termine et passer à autre chose. L’attente est la plus horrible des souffrances », dira-t-il. Quoi qu’il en soit, cette « tombola » risque très probablement de rallumer la mèche de la contestation et les pouvoirs publics devront assumer leur choix et surtout leur « défaillance » manifeste dans la gestion de ce dossier, lequel requiert bien plus que la chance, le hasard ou « El Maktoub ».

Ramdane Bourahla

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