Les décharges et dépotoirs sauvages se multiplient

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La situation est vraiment préoccupante : les ordures gagnent du terrain dans le sens le plus large du terme et n’épargnent plus aucun espace au niveau des six communes que compte la daïra de M’Chedallah. Lits d’oueds, terrains vagues, accotements des routes, nul endroit n’est épargné par cette…répugnante concentration de hideux amoncellements en périphérie de l’ensemble des agglomérations. Le volume de ces ordures ménagères se mesure par rapport à la démographie de chaque centre habité. Plus le nombre d’habitants est important, plus les amoncellements prennent du volume. Certes l’incivisme des citoyens est à l’origine de cette catastrophe écologique condamnable, mais aussi le peu d’intérêt que lui portent les pouvoirs publics est tout simplement intolérable. Sinon, comment expliquer qu’aucune commune de la daïra de M’Chedallah ne soit encore dotée d’une décharge réglementaire équipée d’un système d’incinération avec un emplacement adéquat? Mis à part le projet de CET intercommunal dont les travaux accusent un retard considérable à cause du centre du tri, non réalisé bien que ce projet ait été lancé en grandes pompes il y a deux ans, l’ensemble des décharges de la région demeurent toujours…provisoires. Un provisoire qui dure depuis…l’indépendance. À chaque fois qu’un mouvement de protestation des citoyens à propos de ces envahissants déchets ménagers est perceptible, l’on nous sort un projet…imaginaire d’un centre d’enfouissement technique (CET), pour gagner du temps. Ce projet tarde à voir le jour, et ce, malgré le caractère urgent qu’il revêt. Un scénario qui se répète depuis plus de dix ans sans que l’ombre de ce projet ne profile à l’horizon malgré son lancement il y a deux ans à Ahnif. Voilà la situation qui prévaut dans cette région, au moment où sont déclenchées des campagnes de sensibilisation pour la protection de l’environnement et l’écologie à l’échelle nationale. Des campagnes qui seront sans doute sans effet notable, comme les précédentes d’ailleurs, et dont la population commence à se désintéresser et à leur tourner le dos, sachant qu’entre ce qui se raconte dans ce genre de campagne et la réalité du terrain, il y a une nette contradiction. Bien mieux, la situation s’empire d’année en année au point où, à l’heure actuelle, il ne serait nullement exagéré de dire que la situation n’est plus maîtrisable ou gérable. En effet, il est pratiquement impossible de débarrasser la nature de ces dégradants détritus dont certains déchets prennent des dizaines d’années avant de se désintégrer totalement et disparaître. D’autres ne sont pas, du tout, biodégradables et continueront à narguer longtemps encore ceux en charge de ce secteur. L’Etat et la société civile se partagent à parts égales cette lamentable situation, et ce ne sont pas les preuves qui manquent. Prenons à titre d’exemple quelques points considérés comme étant les plus noirs : le lit d’Assif iwakuren, transformé en véritable décharge publique sur 1 km environ entre Zouzamen et la RN26, à proximité du pont Ouakour ; une haie d’immondice qui longe ce cours d’eau à moins de 200 m du village Raffour ; la décharge publique…provisoire à proximité de la base vie des chinois, aménagée dans le lit d’Assif N’Sahel en face de la cité « la gare » et qui reçoit les ordures du chef- lieu de daïra. Un autre point noir sur ce volet est remarquable dans le lit du même Assif N’Sahel au lieu-dit Thaghzouth N’Ath Mansour, utilisé par l’APC de Chorfa. Pour ces trois points noirs cités, il est facile d’imaginer leurs répercutions sur les traditionnelles nappes phréatiques. Des nappes qui se forment le long des berges des ruisseaux et les dizaines de puits et forages qui parsèment les rives de cours d’eau, grâce auxquels étaient cultivés jadis les vergers qui ont fait la réputation de la région qui n’avait rien à envier à la Mitidja, en plus de faire vivre aisément des centaines de familles. Abandonnés à cause de la pollution, ces légendaires vergers maraîchers et d’arboriculture ne sont plus qu’un vieux souvenir et leurs propriétaires sont allés grossir les rangs des chômeurs. Des exemples de ce genre, nous pourrions en citer des dizaines. Les temps à M’Chedallah sur ce volet ne sont plus à la sensibilisation, mais aux actes, y compris de la part du législateur qui doit sévir contre les pollueurs, quelle que soit leur qualité étatique et civile, cela bien entendu en mettant en place un système de collecte et de traitement d’ordures fiable.

Oulaid Soualah 

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