Incivisme quand tu nous tiens !

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Des piétons qui traversent la chaussée anarchiquement alors que des passages leur sont réservés, des véhicules qui stationnent dans des endroits interdits et des commerçants qui squattent, au vu et au su de tout le monde, les trottoirs, cela fait beaucoup d’incivisme à Béjaïa. 

En effet, rarement qu’une personne n’emprunte le passage pour piétions pour traverser la route, la majorité le fait en diagonale à n’importe quel endroit. Plus grave encore, les piétons marchent sur la chaussée au lieu de le faire sur le trottoir. «  Il m’arrive souvent de me retrouver en train de marcher, malgré moi, sur la chaussée, car les trottoirs sont squattés par les commerçants », dira, en réponse à notre question, Farouk, un citadin du chef-lieu de wilaya. Celui-ci n’a pas tort. Les propriétaires de magasins, ayant pignon sur rue, considèrent les trottoirs comme des propriétés privées et ne se gênent nullement pour se les accaparer en y exposant leurs articles et parfois des enseignes annonçant leur activité telles celles d’agences immobilières ou de location de véhicules. Quant aux gérants de cafétérias, ils étendent leurs surfaces de vente jusqu’aux trottoirs où ils installent des tables, rendant la circulation des passagers encombrante jusqu’à contraindre les piétons à marcher sur la chaussée, les exposant, conséquemment, aux risques d’accidents. S’il arrive que certains trottoirs ne soient pas squattés par les commerçants, ils le sont, presque de facto, par les automobilistes qui y garent leurs voitures. « Malgré l’écriteau annonçant la sortie de véhicules de mon garage, je trouve souvent des véhicules garés en face qui m’empêchent de sortir ou faire entrer ma voiture», dira Kamel, propriétaire d’une villa dans la station balnéaire d’Aokas. Ces stationnements anarchiques sont dus, principalement, au manque de parkings, mais aussi à l’indifférence des services de police qui ne verbalisent qu’occasionnellement. D’ailleurs, il suffit que la patrouille de pose de sabots fasse, à Béjaïa-ville, des rondes régulières pendant une semaine d’affilée pour constater, par la suite et pour quelques semaines, un total respect du code de la route en la matière. Il est donc nécessaire que ces services multiplient les contrôles à longueur d’année. Si au chef-lieu de wilaya les sabots existent, ce n’est pas le cas dans les autres communes, où les endroits dont le stationnement est interdit sont pris d’assaut, quotidiennement, par les automobilistes contre lesquels la police ne fait rien. Dans ces contrées, la situation est plus compliquée. Outre ces stationnements anarchiques, le moindre espace est squatté par les commerçants pour son exploitation en l’aménageant, chacun à sa guise, en devanture de magasin ou carrément en salle de restaurant. Une extension illégale des magasins qu’approuvent les autorités locales, lesquelles plongent dans une léthargie totale et se limitent à adresser à certains contrevenants une simple mise en demeure qui restera sans suite. Il est vrai que le manque d’espace pose problème aux commerçants, le manque de parkings est, au demeurant, un sérieux problème au niveau du trafic routier ; mais s’accaparer, au détriment des piétons, les trottoirs comme palliatif à cela est inadmissible. Le trottoir doit être considéré comme un bien collectif et non personnel pour permettre à ces passants de les emprunter sans difficulté afin de mettre définitivement un terme à cet incivisme qui prend des proportions alarmantes dans la région.          

 A. Gana 

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