La commune d’Assi Youcef, relevant de la daïra de Boghni à quelques kilomètres au sud du chef-lieu de la wilaya de Tizi-Ouzou, est issue du dernier découpage administratif de 1984.
Cette municipalité totalisant 18000 habitants répartis sur 13 villages peine toujours à sortir la tête de l’eau même avec toutes les subventions allouées et les efforts consentis par les différents exécutifs ayant pris les destinés de la commune. Avec Mr Ben Belkacem Belkacem, un ancien professeur d’Anglais et père de 2 enfants, élu premier magistrat de la commune depuis 2007 sous la couleur du FFS avant de mener la liste des indépendants aux dernières élections municipales de 2012, nous avons fait le point concernant l’état des lieux dans la commune qu’il gère depuis 2 mandats successifs. «Notre commune ressemble beaucoup plus à un grand village, pour s’en rendre compte il n’y a qu’à voir notre chef-lieu qui même avec la première tranche de l’aménagement urbain ne reflète pas l’image d’une zone urbaine. Dans ces montagnes et dans ces collines, la misère et le sous-développement persistent, il faut davantage de subventions et de projets pour sortir la tête de l’eau. Certes nous avons eu notre part à l’instar de toutes les communes mais cela demeure insuffisant pour atteindre les objectifs escomptés et surtout améliorer significativement le cadre de vie de la population. Nous avons travaillé et avons réalisé plein de projets depuis 2007, mais nous sommes conscients qu’il faut davantage d’efforts en vue d’accéder au développement tant attendu par toute notre population».
«Beaucoup a été fait, mais…»
Dans cette commune de haute montagne, l’une des grandes satisfactions est sans nul doute l’arrivée du gaz naturel depuis 2011. Toutefois, plus de 250 foyers ne sont toujours pas raccordés à cet important combustible. Au village Ait El Kacem culminant à plus de 1200 mètres d’altitude, plusieurs foyers ne sont pas raccordés au gaz. Pourtant dans cette région, les hivers sont rigoureux. L’eau potable est un autre problème auquel font face les ménagères. Dans certains villages, les corvées d’eaux matinales sont toujours d’actualité. Le réseau de l’assainissement n’est pas généralisé les rejets à ciel ouverts et plusieurs points noirs sont recensés à travers le territoire de la commune. Le réseau routier est en souffrance dans plusieurs villages notamment à Bouqellal et Ait El Kacem. Sur toutes ses questions le premier magistrat répondra : «Concernant le gaz naturel, notre commune est raccordée à un taux de 85%. Il existe encore quelque 250 foyers non raccordés, les travaux ont été lancés et ce n’est plus qu’une question de quelques mois et nous atteindrons un taux de couverture totale. Pour revenir au réseau routier, quand on réalise 62 kilomètres de conduite de gaz et d’AEP, il devient évident que le réseau routier en souffre. A présent, nous sommes en train de revêtir progressivement tous les chemins communaux, il reste surtout le chemin de Bouqellal et d’Ait El Kacem sur un total de 5 kilomètres, nous ferons en sorte de les inscrire au courant de cette année. En 2007, aucun caniveau n’existait dans notre commune, maintenant tous les chemins en sont dotés. Pour ce qui est du réseau de l’assainissement, il n’est pas encore généralisé. Certains hameaux et groupe de maisons notamment celles issues de l’habitat rural ne sont pas raccordés. Une étude a été faite sur les PCD 2014 et les fiches techniques ont été transmises au service de l’hydraulique pour leurs inscriptions. Pour ce qui est des rejets à ciel ouvert, il existe certains points noirs, ils seront pris en charge et seront acheminés à la future station d’épuration de Mechtras », au sujet de l’électrification rurale, notre interlocuteur indiquera : «Nous avons déposé un dossier comprenant toutes les habitations non raccordées (200 foyers), hélas les services de la DME ne nous ont accordé que 2 zones (El Ainçar et Louvayar), c’est en effet insuffisant compte tenu de l’importance de la demande».
« La jeunesse et les sports reste un des parents pauvres de notre commune »
Assi Youcef, aucune salle polyvalente n’est disponible. Du coup, les sports d’équipe comme c’est le cas du hand, du basket et du volley-ball sont déclarés aux abonnés absents. Les arts martiaux se pratiquent dans des locaux privés sans la moindre commodité. Par ici, aucune piscine n’est à mettre à l’actif de la municipalité. Les villages sont dépourvus d’infrastructures sportives et culturelles. La seule satisfaction vient du stade communal qui n’est cependant pas dans un état satisfaisant, ne disposant ni de tribune et encore moins de gazon synthétique. C’est comprendre que le secteur de la jeunesse et du sport est en souffrance dans cette région de la Kabylie profonde. Questionné à ce sujet, Mr Ben Belkacem répondra : « Jusqu’à présent, ce secteur important a été un des parents pauvres de notre commune. Toutefois, nous avons multiplié des démarches et nous avons pu arracher un projet de maison de jeunes de type 3 qui est en cours de réalisation à Tiqsray. Nous avons également construit 2 foyers de jeunes à El Ainçar et à Ait El Kacem. Notre stade communal vient d’être homologué et notre club E S Assi Youcef y évolue en division pré honneur du championnat de la wilaya. Notre objectif maintenant est de décrocher un projet de salle omnisports d’autant plus qu’une assiette foncière est disponible ». Rappelons également que la bibliothèque communale est en phase d’achèvement. Sur un autre registre à savoir celui des infrastructures administratives, un nouveau siège de mairie est en construction dans le cadre des PCD. Un projet qui a déjà coûté 2,5 milliards de centimes, le taux d’avancement est appréciable puisque les gros œuvres sont achevés ainsi que les enduits. Il ne reste plus que les revêtements, les travaux d’aménagement de l’extérieur et les réseaux divers ainsi que le mobilier qui sont tributaires de la 3éme tranche pour être lancés. A ce sujet précis, le maire d’Assi Youcef tient à remercier le premier magistrat de la wilaya pour son entière collaboration. Signalons tout de même que les villages sont dépourvus d’antennes administratives par conséquent les habitants se déplacent jusqu’au chef-lieu pour le moindre papier. Concernant le secteur d’Algérie poste, il n’est pas reluisant puisque la commune ne dispose que d’un bureau de poste vétuste, exigu et incommode. Le secteur concerné a accordé une subvention pour le réhabiliter depuis l’année dernière, mais les comités de villages et les autorités ont exigé un projet d’agence postale en bonne et due forme, ce que Algérie poste n’a pas encore accordé.
«Nous appelons les responsables concernés en vue de nous attribuer un projet de polyclinique»
Dans cette région de haute montagne, le secteur de la santé accuse un retard flagrant puisque aucune polyclinique n’est disponible dans cette commune. L’unité de soins du chef-lieu même réhabilitée ne répond pas aux normes, ne prodiguant que des soins de base et des consultations. De ce fait les malades sont obligés de se rendre à Boghni, Draa El Mizan, Ouadhias et Tizi Ouzou, des localités distantes de plusieurs kilomètres, pour la moindre radiologie ou des analyses médicales. Les parturientes continuent de se rendre toujours plus loin pour donner la vie. «Nous appelons les responsables concernés en vue de nous attribuer un projet de polyclinique afin de faire de la politique de proximité des soins et de leur gratuité une réalité dans notre circonscription», appellera le maire. Dans le domaine du logement social, l’indisponibilité de foncier étatique fait que seul 58 logements ont été construits et distribués en 2009. Pour ce qui est de l’aide à l’habitat rural, la commune a bénéficié de 1000 aides depuis le lancement de cette formule en 2005. Côté éducation, l’état des lieux est satisfaisant à en croire les déclarations de l’édile communale : «Notre lycée a été inauguré en 2008. Nous comptons aussi deux collèges de l’enseignement moyen et à la prochaine rentrée scolaire 2015/2016, nous inaugurerons un 3éme établissement du moyen. Nous avons aussi 5 écoles primaires qui ont bénéficié de plusieurs opérations de réhabilitation, elles sont toutes dotées de cantines scolaires, de tableaux blancs et les écoles où le réseau de gaz est disponible sont raccordées à cette importante commodité et même des lignes téléphoniques sont installées pour les établissements où le réseau existe. Pour seulement leur bon fonctionnement, 4 milliards de centimes ont été alloués par la wilaya. Sur un autre volet, à savoir celui de l’environnement, l’état des lieux est chaotique malgré les efforts consentis par l’APC. «Le ramassage des ordures se fait normalement, les bacs à ordures sont distribués à travers tout le territoire de la commune, nous avons même organisé le concours du village le plus propre pour inciter le citoyen à se montrer plus écolos et à le sensibiliser sur l’importance de la préservation de l’environnement. Hélas les objectifs ne sont pas atteints. Les gens ont du mal à se défaire des incivilités et de la négligence, c’est un grand gâchis. Nous appelons toute la population à faire preuve de plus de civisme pour redorer le blason de notre région qui était dans un passé récent belle et paradisiaque», appellera Mr Ben Bel Kacem.
Hocine T