"La solution c'est la dissolution!"

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Les jours à venir s'annoncent vraisemblablement décisifs pour le conflit qui oppose la population d'Azazga à ses élus municipaux.

Le feuilleton s’est « enrichi » d’un autre « épisode », hier, à l’occasion du rassemblement tenu au chef-lieu de la cité pour également « dénoncer la probable désignation d’Azeffoun comme wilaya déléguée au détriment de leur ville ». Le bras de fer a déjà bouclé ses cinq mois et les deux parties s’entêtent à rester chacune sur ses positions même si dans l’affaire la coordination des villages se présente comme « vainqueur aux points », du moins au jour d’aujourd’hui, dans cette bataille, puisqu’elle continue d’interdire l’accès à ces élus à la mairie. Hier encore donc, le collectif contestataire a réuni une nouvelle fois la population locale pour réaffirmer « la détermination du mouvement à aller jusqu’au bout de sa revendication, à savoir la dissolution de l’APC et le départ définitif de l’ensemble des élus ». C’est là le message renouvelé à l’unanimité par les différents intervenants qui ont eu à prendre la parole lors de l’imposante manifestation. Malgré le froid et le mauvais temps, Azazga a en effet répondu présente, pour dire que la sommation prononcée par la coordination des villages de la municipalité est sienne. Lors de sa prise de parole, le représentant du village Cheurfa n’a pas mâché ses mots pour descendre, pour la énième fois, le maire et son exécutif qui, selon lui, « s’accrochent à leurs places pour ne pas perdre leurs indemnités. Je les comprends. Ils ont leurs mensualités à ne rien faire. Certains d’entre eux sont même totalement absents du pays. Ils sont en France et ils sont payés! Pendant ce temps-là nos enfants qui vont à l’école sont transportés dans des camions tôlés », balançait l’orateur qui visiblement avait hâte de rétorquer au maire « qui me traite de voyou, sans niveau ». « Cette réponse, il l’a bien cherchée. Et pour son malheur, il a oublié qu’il n’a que le niveau primaire. Pour un maire… », ironisait-il. Le vice-président décrié en a eu aussi pour son grade : « Il a apparemment vite oublié qu’avant de se rallier à « son » maire, il se voyait bien prendre sa place. Mais on lui a dit non! On n’est pas là pour balayer tel et faire de la place à tel autre. Walou ! (rien). La population réclame le départ de tous les élus qui ont vendu Azazga. Enfin ils ont tenté mais on est là pour les en empêcher. Notre nif (honneur) n’est pas à vendre. Les terrains squattés seront récupérés! Les constructions illicites seront démolies! Et vous ne remettrez pas les pieds dans cette mairie. La population vous dit H’chmou chwya! (ayez un peu de pudeur !) ». Les mots utilisés sont durs. Et l’orateur se dit conscient. Mieux, il a défié plus d’une fois ses vis-à-vis de saisir la justice. « Qu’il nous attaquent en justice! Mais ils ne le feront jamais car ils savent que tout ce qu’on dit est vrai. D’ailleurs ils ne font que manipuler avec leurs affiches absurdes, ou encore lorsqu’ils essayent d’utiliser un certain parti pour rassembler, tentent de mouiller certains sages ou, pire encore, des membres de la famille révolutionnaire pour laquelle on a un énorme respect… Nous, on leur dit qu’au lieu de toutes ces manœuvres, si vous étiez aussi sains et aussi corrects dans votre gestion, vous n’auriez qu’à afficher votre bilan. Il aurait été votre meilleur avocat! Mais c’est justement là tout le problème. Vous n’avez rien fait de bien pour Azazga! ». Les sentences du représentant de Cheurfa sont sans concessions. Pour leur part, les supporters du maire et son exécutif ne sont pas restés les bras croisés, pendant ce temps-là même s’ils restent très discrets dans leurs entreprises pour tenter de se frayer un chemin qui les ramènerait à nouveau à la mairie. En tous les cas, ils ne semblent pas désespérer, ni se résigner… Sauf qu’au lieu de rétorquer à la population qui leur montre la porte de sortie, ils semblent compter sur l’administration pour les réinstaller à leurs fauteuils malgré la fronde populaire. On croit savoir d’ailleurs qu’ils comptent interpeller officiellement à travers un écrit « les autorités » pour qu’elles interviennent et les encadrent pour « reprendre » la mairie. Un rendez-vous serait même, dit-on, d’ores et déjà arrêté pour cette semaine avec le wali ou le chef de daïra pour lui remettre le courrier en mains propres. « C’est ce qui a été décidé lors d’une rencontre tenue vendredi par les proches du maire du côté du cimetière », ébruite une source locale. Reste à savoir maintenant quelle réaction adoptera l’administration qui visiblement, jusque-là a eu du mal à trancher la question au risque de paraître encline d’un côté ou de l’autre. Car d’un côté il y a des élus et de l’autre la population qui les a élus. Une charade assez complexe pour le wali qui s’est mis, il faut le dire, une certaine pression en concédant avant hier que « des mesures seront prises incessamment ».

Djaffar C.

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