Racisme sur les ondes

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Une auditrice, intervenant dans une émission animée par Salim Saâdoune, s’est lancée, en effet, dans une véritable inquisition contre tout ce qui est kabyle, pendant de longues minutes, a rapporté, hier, notre confrère El Watan. Après avoir avoué qu’elle ne « donnera jamais sa fille à un garçon kabyle » et ne « permettra jamais à son fils d’épouser une fille kabyle», la dame pousse le bouchon plus loin, en déclarant qu’elle éduquera ses « enfants de sorte à ce qu’ils refusent tout rapprochement avec les Kabyles.» Tout cela s’est fait dans un silence complice de l’animateur de l’émission, Salim Saâdoune en l’occurrence.

Comment expliquer, en réalité, une telle attitude, si ce n’est du racisme pur et simple. S’il est vrai que le mariage inter-régions est une réalité très complexe dans notre pays –ce qui est en soi une affaire relevant du strict choix personnel- il n’en demeure pas moins que tolérer de tels propos, notamment ceux relevant de l’éducation des enfants au racisme, est inadmissible. Surtout que cela passe sur les ondes d’une radio publique, censée donner l’exemple et veiller au maintien de la cohésion nationale.

N’est-il pas temps d’être exigeant sur ces comportements ? N’est-il pas judicieux pour les responsables de la Radio de prendre leur responsabilités, comme ils l’ont fait pour beaucoup moins que cela en mettant fin aux fonctions du directeur de la Chaîne I ?

Ce genre de comportements ne sont pas innocents mais, surtout pas, une première à la radio. Combien de fois a-t-on entendu de véritables appels au meurtre pour des sujets parfois banals ? Combien de fois-t-on entendu des imams faire apologie de violences physiques sur les femmes sur les ondes de la radio publique ?

C’en est vraiment trop. Et le même animateur, ancien directeur d’une des chaîne de la Radio publique, avait déjà ouvert son antenne à des prisonniers qui faisaient de véritables appels à l’inquisition des femmes non voilées.

Mais cette affaire de racisme est vraiment une première en Algérie. Si les animosités, parfois historiques et tribales, existent depuis des siècles dans notre société, la manifestation publique de racisme n’a jamais été, du moins officiellement, tolérée.

Cette nouvelle agression rappelle étrangement la chasse aux Kabyles des années 70 et 80, lorsque parler kabyle suffisait pour susciter l’ire des policiers et même de simples citoyens. A qui profite tout cela ? Pour notre part, nous exigeons des sanctions exemplaires contre les auteurs et complices d’une telle ignominie et hurlons haut et fort, notre fierté d’être ce que l’histoire a fait de nous : des Kabyles.

Ali Boukhlef

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