Urbanisation tous azimuts

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Il n’est un secret pour personne que le patrimoine oléicole de la vallée de la Soummam (patrimoine dans le sens qu’il a été légué par les aïeux) est en train de péricliter

Le danger vient de cette urbanisation tous azimuts que connaît cette région, hautement fertile et dense en tissu végétal. Ce phénomène de l’extension urbaine effrénée et anarchique, à juste titre, est observable surtout dans la campagne, ou précisément dans les villages des différentes communes, censés être le milieu rural par excellence. Jadis, dans les petits villages, l’olivier fut sacralisé au point où l’abattre était un « crime », tant il était presque vénéré par nos aïeux, qui savaient mieux que personne la valeur de cet arbre bénit! De nos jours, les vergers oléicoles périclitent dans les villages situés dans la vallée de la Soummam, où des milliers de constructions élevées en étages ont vu et voient encore le jour au détriment des oliviers et des terres agricoles d’une excellente qualité. L’avancée du béton dans le milieu rural a enclenché son mouvement il y a plus de deux décennies, pour brasser continuellement des centaines d’hectares plantés de milliers d’oliviers et autres arbres fruitiers. Les auto-constructeurs ne s’encombrent pas de calculs lorsqu’il faut déraciner les oliviers, centenaires pour la plupart, (des vestiges à vrai dire venant d’une époque lointaine!) pour les besoins de construire. « Certes, il est impérieux que tout le monde ait un toit décent, du moment que l’on dispose de parcelles de terres, mais cela ne devait pas s’effecteur au détriment de ces oliviers, que nos ancêtres nous ont légués », regrette un sexagénaire de la région des Ath Abbas, où l’urbanisation connaît un véritable boom, avec ces nouveaux riches qui « bétonnent » tout sur leur passage! Le mercantilisme et la quête maladive de profits font aussi que des pans entiers de terres agricoles plantées d’oliviers soient détournés de leur vocation pour servir de points de vente de matériaux de construction, comme il est en vogue dans les communes d’Aït R’zine, Tazmalt, Akbou et bien d’autres! Elle n’est pas, non plus, « innocente » cette aide à l’habitat rural, appelée Fonal, laquelle a également causé d’énormes dégâts sur le verger oléicole, où des milliers d’oliviers sont déracinés pour les besoins de construction de ces grandes « boîtes » en briques, lesquelles sont peu esthétiques, et loin de perpétuer le style architectural des anciennes maisons typiquement kabyles ! Néanmoins, même si le dessein était de fixer la population rurale dans son milieu et aider les ménages à avoir un toit, le Fonal s’est avéré n’être que le coup de grâce à ces terres fertiles et ces oliveraies bétonnées à tout bout de champs. Le problème dans tout cela réside dans la non-rationalisation de l’urbanisation dans cette région. Les ménages construisent anarchiquement et n’importe où, en sacrifiant les meilleures terres de la vallée de la Soummam !

Syphax Y.

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