Peu d’adhésion à Bouira

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Le Conseil national des enseignants du secondaire et du technique (Cnapest-Elargi) au niveau de la wilaya de Bouira est en proie à de profondes dissensions au sujet de la grève à laquelle a appelé le bureau national. Ainsi, ce syndicat est en train de réaliser ses plus mauvais scores en termes d’adhésion à son appel au débrayage. Lors de sa première journée d’action, le 16 février dernier, le taux de suivi était de l’ordre de 32%, ce qui est loin, très loin, de ses scores habituels. Il faut bien le reconnaître, les enseignants sont peu enclin à débrayer à tout va, car tout le monde est contre leur action. Les élèves, leurs parents et l’opinion publique en générale, désapprouvent ces grèves à répétitions, dont les seuls perdants restent irrémédiablement les élèves. Au moment où la ministre de l’Education nationale tente de calmer les esprits en clamant haut et fort que « les portes du dialogue demeurent ouvertes à tous », ce syndicat applique, à son tour, tout ce qu’il a toujours dénoncé à savoir « la politique de la sourde oreille ». Ni les assurances de la ministre, ni le mécontentent de la rue, ne semblent le faire reculer sur ses positions. En effet, la grève du Cnapest entre dans sa deuxième semaine, mais l’écho escompté ne semble pas être au rendez-vous. Certes, il y a certains enseignants qui ont répondu à l’appel, mais la plus grosse majorité des établissements à l’échelle de la wilaya fonctionnent normalement. D’ailleurs, les responsables de ce syndicat, habituellement prompt à communiquer le taux de suivi dès la mi-journée, « n’osent » plus le faire tant il est minime. Ainsi, dans la journée d’avant-hier lundi et lors de notre virée à travers les établissements de l’ouest de Bouira, l’ensemble des primaires, moyens et secondaires n’avaient pas répondu à l’appel du Cnapest-Elargi. Aussi bien à Aomar, Kadiria, Lakhdaria ou Djebahia, aucune grève n’a été constatée. Même dans les communes dites berbérophones, l’appel du Cnapest-Elargi n’a pas été entendu. Selon certaines indiscrétions, le taux de suivi serait de l’ordre de 15%. Ce chiffre ne nous a pas été confirmé par le coordinateur de wilaya du Cnapest, malgré nos sollicitations répétées. Cependant, ce taux, lequel nous a été confié par une source proche de ce syndicat et qui n’a pas adhéré à la grève, est assez vérifiable sur le terrain. Pour sa part, l’académie de Bouira évoque, quant à elle, le chiffre de 6%. Cette estimation est également en nette régression par rapport aux 14% de la semaine passée. Certains professeurs non grévistes justifient leur non-adhésion à la grève par « un devoir moral » envers leurs élèves et leurs parents. « Il me semble injuste de faire grève à ce moment précis. Injuste pour mes élèves et leurs parents. Ma conscience ne me le permettait pas, car pour une fois nous avons une ministre qui est disposée à nous écouter et à prendre en compte nos revendications », estimera Madjid, professeur d’espagnol au lycée de Kadiria et adhérant au Cnapest depuis sa création. Au niveau du chef-lieu de la wilaya, la grève est timidement suivie. D’ailleurs, rien ne donnait l’impression qu’il y a grève. Un enseignant gréviste rencontré aux abords du lycée Mira en plein cœur du chef-lieu de la wilaya s’est permis d’invectiver les médias et la presse en générale en déclarant d’un ton agacé : « Vous avez choisi votre camp ! Nos actions ne vous intéressent plus, vous vous êtes rangés derrière Benghebrit et ses beaux discours ». Cette argument est peu solide, car les journalistes et les médias en général couvrent des événements, mais quand ces derniers sont peu remarqués voire inexistants, il est assez difficile de couvrir le néant. Pour rappel, samedi dernier, Mme Benghebrit avait réitéré son engagement à mette en place une « charte d’éthique » et une « stabilité de l’école » en déclarant : « Pour nous, il est essentiel de continuer à répondre à l’amélioration du statut (particulier) des enseignants mais également approfondir l’amélioration des conditions d’enseignement. Il faut, pour cela aujourd’hui, que l’école connaisse une période de stabilité ». Au vu de ce qui a été relaté il paraît clair que la base des enseignants est favorable à l’initiative de Benghebrit, et cela n’en déplaise à l’intersyndicale en général et au Cnapest en particulier.          

Ramdane Bourahla 

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