Alors que les autorités locales croyaient avoir «désamorcé» la crise du logement à Bouira, en enclenchant le processus de distribution des logements sociaux, voilà qu’une autre polémique pointe le bout de son nez et menace d’attiser les braises de la contestation.
Ainsi, les locataires de certains haouches de la ville de Bouira plus particulièrement celui du 21 haouche Aissat Idir, sis en plein cœur du chef-lieu de la wilaya, se disent «oubliés» de tous les programmes de relogements, aussi bien le social que le RHP. «Nous sommes les éternelles oubliés de l’Etat. Notre nom ne figure ni dans le social ni dans les recasements. On a été trahis par les nôtres et achevés par les autorités», lancera M. Abdelkrim Bouchen, habitant du haouch sus nommé. Notre interlocuteur au même titre que d’autres locataires, se considère comme «lésé». «Notre dossier dort au bureau 15 de la daïra et le chef de daïra de Bouira est parfaitement au courant de notre situation. Il nous a promis d’étudier notre cas, mais au final, on est toujours au même stade», précisera-t-il. Par la suite, ce citoyen en détresse et au même titre que les quatorze familles qui résident toujours dans ces «haouches de la honte», nous invitera à visiter sa modeste demeure. Et là les mots misère et promiscuité prennent tout leur sens. Tout n’est que délabrement, détritus et odeurs fétides. Cette vielle bâtisse construite en terre et datant de l’ère coloniale menace ruine à tout instant. La toiture, si on peut l’appeler ainsi, est composée de morceaux de zinc et de quelques contre-plaqués. Les murs sont lézardés à divers endroits, donnant l’impression qu’une simple rafale de vent pourrait les «souffler» comme des fétus de pailles. «J’habite avec ma famille composée de 06 membres dans une baraque de 13 m² ! Mes enfants sont aujourd’hui tous malades et ma maison menace de s’effondrer à tout moment !» s’exclamera M. Bouchen. Et ses propos sont vite vérifiables, car ce taudis ne tient que grâce à la volonté divine et à l’aide d’une poutrelle en bois. «Si cette poutre venait à lâcher, c’est toute la maison qui s’écroule. D’ailleurs, lors des dernières averses, je passais mes nuits à surveiller la toiture», fera-t-il savoir. Un peu plus loin, et dans ce qui est qualifié de cuisine, qui sert également de salle de bain, les infiltrations d’eau témoignent du danger imminent qui plane sur ces familles. L’eau dégouline de partout, ça fuit de toute part et aucun recoin de cette pièce n’est épargné. Les conduites de gaz s’entremêlent avec les files électriques, le tout pataugeant dans des mares d’eau. «Pas moins de 14 familles habitent dans ce haouche construit en 1910 et qui menace de s’effondrer à n’importe quel moment, comme vous pouvez le constater. Toutes sont recensées et les familles doivent être relogées dans les logements décents. Mais malheureusement, pas une seule famille ne figure sur les listes », déplore Abdelkrim. À proximité de la cuisine se trouvent les toilettes. Ces sanitaires n’offrent aucune intimité et de plus, selon M. Bouchen, pour s’y rendre il faudrait se prémunir d’un parapluie. «Pour faire nos besoins, on place un parapluie sur le toit, car ce dernier est complètement à découvert». Dans les chambres, la situation n’est guère meilleure, malgré ses talents de maçon-peintre, M. Bouchen a pu, autant que faire se peut, «rafistoler» les murs et le sol. Cependant, il n’en demeure pas moins que la situation est quasi-invivable. L’exiguïté et la promiscuité sont les maîtres mots. Par la suite, notre interlocuteur nous présentera tout un dossier qui démontre, selon lui, «la volte-face» des autorités, vis-à-vis de son cas et des autres locataires, concernant la démolition de son haouche. Tout d’abord, il y a un certificat d’engagement portant le N°124/2013 établi chez un notaire en date du 27 février 2013, lequel atteste que «M. Bouchen Abdelkrim et les sept locataires s’engagent à démolir par leurs propres moyens les vieilles bâtisses menaçant ruine qu’ils occupent et qu’ils sont prêts à céder leur terrain à l’Etat pour un prix symbolique, contre la promesse d’un logement». Selon notre interlocuteur, cet engament légal «prouve notre bonne foi vis-à-vis des autorités». Dans la foulée, notre vis-à-vis nous sortira un autre document portant la paraphe de l’ancien chef de daïra de Bouira, M. Haddam, et datant du 16 avril 2013, dans lequel il est mentionné que «les locataires tout comme le propriétaire ont la charge de préparer les documents nécessaires afin d’entamer l’opération de recensement en vue de relogement». Néanmoins, tous ces engagements sont restés lettre morte. Pire encore selon M. Bouchen et ses compagnons d’infortune, leur cas est loin de connaître son épilogue. «Contrairement à ce que distille le chef de daïra de Bouira à travers les médias, nous, habitants du haouche 21 Aissat Idir, soit une quinzaine de familles, ne sommes pas concernés ni par le social ni par le RHP ou autre programme (…) depuis le départ, ils se sont joués de nous !», a-t-il vociféré.
Ramdane Bourahla

