Ath Abbas à la rencontre du printemps !

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C’est l’un des jours de l’année qu’attendent impatiemment les enfants et les femmes surtout. Il s’agit du premier jour du printemps appelé en Kabyle Amezwaru n’Tafsut, qui coïncide avec le 28 février du calendrier grégorien.

La célébration du premier jour du printemps chez les Amazighs ne date pas d’hier. C’est une tradition millénaire, qui continue de nos jours, dénotant l’attachement de cette magistrale ethnie à sa culture et à ses valeurs. En tout cas dans la région des Ath Abbas, mythique et historique localité qui a vu l’édification de la principauté d’El Qelaâ n’Ath Abbas vers le début du 16e siècle, a été au rendez-vous pour fêter cet événement. Que ce soit dans la commune d’Ighil Ali, Aït R’zine ou Boudjellil, les habitants étaient au rendez-vous en cette journée ensoleillée du samedi 28 février. Les préparatifs pour accueillir le printemps ont commencé depuis près de 15 jours avant la fête. Tels des essaims d’abeilles, les habitants de la région des Ath Abbas ont pris d’assaut les différents lieux et endroits qui abritent habituellement, depuis des lustres, cette festivité laquelle dure une journée, et ce le temps de souhaiter la bienvenue au printemps et d’espérer que leur vie éclôt comme ces fleurs qui parent les vastes prairies de cette région. Mais avant de se rendre dans « Laxla » (les bois), les randonneurs se gavent de l’incontournable plat conçu spécialement pour l’occasion que l’on appelle: Tchiwtchiw ou Amaqful, qui est de la semoule roulée cuite à la vapeur et avec l’inévitable Aderyis (Thapsia) lequel est couronné d’œufs durs. L’on mange également de la viande séchée appelée Achedlouh ou Laxliâ. Le dessert est constitué d’amandes douces, des figues sèches et des raisins secs. Une fois le repas pris, les familles sortent en grappes à la rencontre du printemps. C’est ce qui a été fait à Ighil Ali, à Guendouz, à Boudjellil et bien d’autres localités. Néanmoins, cette fête a beaucoup plus d’écho dans la région d’Ighil Ali, où les prairies et autres oliveraies étaient prises d’assaut par des centaines de villageois. A pieds ou en voitures, les ménages allaient à la rencontre de Tafsut. Une fête grandiose somme toute! Cette tradition multiséculaire a attiré même des familles qui sont venues d’Alger, Sétif, Annaba et Oran. Dans les lieux de cette courte villégiature printanière, qui ont pour noms: Akheyar, Riva ou Ighil n’Baghour (à Ighil Ali) pour ne citer que ceux-ci, l’ambiance était à son comble en ce samedi,-dernier jour du mois de Février-, surtout pour les enfants qui roulaient sur l’herbe, couraient dans tous les sens en cherchant et en cueillant aussi les bonnes plantes et les fleurs. Une fois toute l’énergie dépensée, ils mettaient leurs mains dans leurs petites corbeilles pleines de friandises pour en manger! Les femmes quant à elles, animaient le fameux Ourar (petite fête) avec des bendirs, des darboukas ou tout simplement des chants à Cappella. Néanmoins, selon une source, il y avait un monde fou au lieu-dit Tizi Guemden, un promontoire et lieu paradisiaque, situé à équidistance entre Ighil Ali et le village Ath Wihdane situé dans la commune de Boudjellil. «Ce fut un véritable camping provisoire!» témoigne notre interlocuteur. «Des centaines de personnes sont venues de partout célébrer la fête d’Amezwaru n’Tafust. Il y avait une grande ambiance parmi les présents!», ajoute encore notre témoin. En tout cas, la fête du printemps a eu lieu dans une ambiance festive sans aucun incident enregistré. Ce qui dénote que les habitants de cette région des Ath Abbas vivent en bonne harmonie et savent bien s’organiser !

Syphax Y.

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