Les bornes fontaines à l’abandon

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Pour tous les anciens villageois qui descendaient, chaque samedi, de leurs montagnes, pour se rendre au marché hebdomadaire de Tizi-Gheniff que tout le monde appelait «El biladj», les nombreuses bornes fontaines ainsi que les abreuvoirs installés pour leurs bêtes qui ne tarissaient jamais faisaient leur bonheur.  « Bien avant la révolution, il y avait de nombreuses bornes fontaines à travers toute la ville ainsi qu’un grand abreuvoir à proximité du marché hebdomadaire dont l’eau arrivait directement des différentes sources captées de cette montagne qui surplombe la ville. La plus connue jusqu’à ces dernières années fut celle qu’on appelle « Dar Etlam » que les ouvriers de l’ex APC avaient malheureusement fait disparaître pour réaliser ces nouvelles bornes fontaines qui ne servent plus à personne et qui enlaidissent les rues », se plaint ce hadj, un octogénaire de la ville dont les souvenirs restent intacts. En effet, à partir des années 1970, toutes les bornes fontaines qui existaient avaient disparu par enchantement ou par l’ignorance des responsables de cette époque. « Mes petits élèves devaient venir en classe, tous les jours, avec des bouteilles d’eau parce qu’il n’y en  avait pas à l’école », se souvient cette institutrice à la retraite qui était à l’école primaire « Ouarzeddine Achour » où pourtant, il y avait une importante canalisation d’une source qui coulait à l’intérieur de l’ex menuiserie communale dont l’eau allait directement dans le réseau d’assainissement. « Effectivement, l’eau de la source de «Dar Etlam » se perdait dans le réseau d’assainissement. Ce n’est qu’en 2003, après l’arrivée de M. Ahcène Mellaz comme proviseur du lycée Ouarzeddine Achour qui se trouve juste à côté que ce dernier avait pensé à raccorder cette ancienne canalisation à l’intérieur du lycée et y ériger une véritable fontaine, utilisée non seulement par son établissement mais plus encore par les populations de Tizi-Gheniff, M’Kira et on venait même de Draa-El-Mizan », nous confie ce riverain. Ce dernier regrette que depuis quelques années, alors que l’APC avait décidé d’installer trois autres robinets en dehors de cet établissement d’enseignement secondaire pour que les gens n’aient pas à importuner les agents du lycée par leurs nombreuses demandes, il s’est trouvé un citoyen qui a, sans gêne, piraté la conduite, pour en faire une bâche à eau qu’il se réserve exclusivement, ce qui a entraîné inévitablement le manque de débit dans les trois robinets installés à proximité. Cependant, outre ces trois bornes fontaines situées aux abord du lycée « Ouarzeddine Achour », l’ex APC avait également réalisé trois autres sur les artères principales mais qui offrent, actuellement, un visage peu flatteur tant les immondices et autres ordures s’y amoncellent sans que les ouvriers chargés de la voirie ne daignent les prendre en charge. « C’est aux agents de la voirie de faire leur travail tout en les sensibilisant et en les responsabilisant sur ce patrimoine, car il s’agit bien d’un patrimoine à préserver au quotidien », nous déclare plusieurs badauds en jetant des regards de dépit sur ces nouvelles poubelles.

Essaid  Mouas

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