Yennayer entre hier et aujourd’hui

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Yennayer a pris, après les événements du Printemps berbère, une dimension autre que celle qu’on lui collait depuis les jours anciens. Une fête traditionnelle synonyme de dîner opulent ou de festin. Aujourd’hui, Yennayer constitue le substrat de la revendication culturelle, identitaire et linguistique. Si les fêtes de Yennayer sont sorties de l’anonymat depuis pratiquement les années 80, c’est grâce à l’initiative du Mouvement culturel berbère. En 1989, le 12 janvier, a été organisée la plus grande et première célébration de Yennayer à l’université de Tizi Ouzou. Une multitude de chanteurs et pas des moindres, avaient pris part à ce gala artistique qui avait alors rassemblé plus de trente mille personnes au campus de Hasnaoua. Parmi ces chanteurs, nous citerons : Ferhat Imazighen, Aït Menguellet, Izourane, etc… seul Matoub Lounès qui était hospitalisé était absent à cette fête, malgré son vœu le plus cher à y participer. Cette absence, une déchirure, lui inspira une de ses chansons, “A l’aâmriwi”, chanson restée un chef-d’œuvre dans son répertoire. Depuis cette année, c’est tout le mouvement associatif qui s’est emballé vaille que vaille pour s’imprégner, voire s’impliquer dans la célébration de Yennayer. Des associations culturelles de toutes sortes ou pas, la plupart du temps sans aucun moyen, exceptée leur conviction, célèbrent ainsi l’évènement. Ces célébrations sont une occasion aussi pour les animateurs du mouvement associatif de revenir à la charge pour revendiquer la reconnaissance de la langue thamazight. L’opinion publique est, à cette occasion, davantage sensibilisée. Des activités du même cadre ont été également organisées à la Maison de la culture, Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou. Dans les milieux de l’émigration, notamment en France, la même frénésie s’empare des associations amazighes qui marquent à leur manière les festivités de Yennayer. Le Haut Commissariat à l’Amazighité (HCA), de son côté, a saisi les autorités officielles du pays afin que le Nouvel an berbère (Yennayer de tous les Algériens) soit inclus officiellement dans la liste de fêtes nationales, par contre, la Télévision nationale (l’Entv), après avoir tenté d’ignorer les fêtes de Yennayer, commençe à revenir à la raison en “partant” de ce Nouvel an amazigh, même si c’est d’une manière timide. A travers tout le travail mené par des associations connues ou non sur l’échiquier national, nous pouvons dire aujourd’hui, incontestablement, que Yennayer a fait avancer à grands pas la revendication identitaire du pays. Peu importe la forme, l’essentiel est que Tamazight ait connu un progrès sans retour au moment, disons-le sans amalgame, où des militants de la mouvance berbère ont changé de fusil d’épaule en plein jour, au vu et au su de tout le monde.

Saïd Seddik Khodja

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