Une frange toujours marginalisée

Partager

Comme chaque année à la même date, le 14 mars est déclaré journée nationale des handicapés. Le même branle-bas d’apparat plus protocolaire, pompeux est convoqué réception, gala, discours pompeux, remise de fauteuils roulant, de cannes blanches aux aveugles, et de différents appareillages pour les déficients moteurs, auditifs et visuels. Et le lendemain c’est un autre jour. Pour l’handicapé rien n’a changé. C’est la même marginalisation, la même solitude, la même galère tout le long de l’année. Dans tous les secteurs de la vie sociale, économique, professionnelle, culturelle, scolaire, c’est l’exclusion intégrale. Certes des moyens sont mis à la disposition de cette frange de la société et, ils sont substantiels mais il y a loin de la coupe aux lèvres, il faut le reconnaître. L’accessibilité est à elle seule, une exclusion radicale, au mépris des textes réglementaires qui l’exigent pourtant pour faciliter leur intégration, leur insertion. L’emploi aussi participe, pour une grande part, à leur marginalisation.  L’engagement des pouvoirs publics quant à leur prise en charge réelle pour favoriser leur insertion et notamment en agissant concrètement pour l’encadrement, la scolarisation, l’intégration et la mise en place de structures  adéquates reste insuffisant. Cette journée  nationale est par ailleurs l’occasion idéale de réaffirmer certains principes de base, trop souvent oubliés: tels que le respect et la dignité due à chaque personne, valide ou non, ce qui implique la reconnaissance de droits fondamentaux comme l’éducation, l’accès au travail ainsi qu’à un revenu pour les personnes lourdement handicapés et dont les parents ont la charge. Les personnes à mobilité réduite sont réduites pour certains à vivre cloitrés entre 4 murs dès lors qu’ils ne peuvent ni se déplacer, ni  circuler parce que l’urbanisation et les transports publics ne les prennent pas en compte. Prenons la ville de Tizi-Ouzou, un parfait exemple par ses dédales, ses trottoirs chaotiques où même les habitants normalement constitués trouvent des difficultés à circuler. Le respect des normes techniques d’accessibilité des personnes handicapées est pourtant une « obligation » pour l’obtention du permis de construire des édifices publics. Selon un arrêté interministériel signé le 6 mai 2011, relatif aux normes techniques d’accessibilité des personnes handicapées à l’environnement bâti et aux équipements ouverts au public : « La réalisation des ouvrages, équipements et aménagements ouverts au public, objet de demande de permis de construire, doivent observer les prescriptions de la norme algérienne d’accessibilité au profit des personnes handicapées » Il s’agit, entre autres, des établissements scolaires, hôpitaux, salles de cinémas et marchés qui doivent être dotés de moyens d’accessibilité destiné au profit des handicapés. Il reste cependant à constater que la loi n’est pas appliquée. Que dit « la norme algérienne » d’accessibilité « Afin de rendre effectif l’application du décret exécutif 06-455 du 11 décembre 2006 fixant les modalités d’accessibilité des personnes handicapées à l’environnement, une commission a été créée et elle se décline en trois sous commissions, l’une dite d’accessibilité à l’environnement bâti, l’autre d’accessibilité aux moyens et infrastructures de transport et la troisième concerne l’accessibilité aux moyens de communication et d’information. Les travaux de la première sous commission ont abouti à l’élaboration de la norme algérienne d’accessibilité NA 16227 adoptée par le comité technique de l’Institut Algérien de normalisation le 2 février 2009, et de l’arrêté relatif à cette accessibilité. Cet arrêté détaille, d’une part, les dispositions techniques à mettre en œuvre et d’autre part précise les mesures à prendre pour assurer aux personnes handicapées l’accessibilité à l’environnement bâti et aux installations ouvertes public… » Toutefois, la réalité est toute autre, les gares routières et bien des administrations publics, les supermarchés, certains établissement culturels à Tizi-Ouzou ne respectent en rien cet arrêté et ne permettent aucune accessibilité aux personnes à mobilité réduite. Ceci en ce qui concerne les handicaps de motricité visuels et auditifs mais pour ce qui est des polyhandicapés mentaux, c’est carrément l’insondable panade. Refoulés aux bans de la société il ne sortent pas, ne s’amusent pas et leur prise en charge laisse à désirer. Les déficients mentaux forment la majorité de cette frange, ils sont au nombre de 15600 selon les estimations de la DASS sur un chiffre total de 33156.

Sadek A. H. 

Partager