Bir-Ghabalou dans l’impasse

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En plus de la fermeture du siège de l’assemblée populaire communale, depuis dimanche dernier, des dizaines de citoyens de la commune de Bir-Ghbalou ont également improvisé un « sit-in permanent » devant ledit siège .

En l’absence d’une réaction de la part des autorités concernées, la situation n’est pas près de connaître son épilogue au sein de cette commune distante de 37 kilomètres au sud-ouest de la ville de Bouira. C’est un véritable bras de fer, doublé d’un dialogue de sourds qui s’installe entre les riverains déterminés à aller jusqu’au bout de leur action et les autorités locales. Pour rappel, les protestataires réclament la dissolution de l’actuel exécutif communal et le départ du maire, et qui selon eux habite Alger, et donc n’ouvre pas le droit d’être président d’une APC de la wilaya de Bouira. Les habitants de cette commune, lassés, pour cause de dégradation de leur cadre de vie, n’en peuvent plus des promesses jamais tenues des élus. Ils ont réclamé le départ du maire. En effet et d’après les déclarations des protestataires, qu’on a rencontrés jeudi dernier sur place, cette revendication est motivée par « la gestion catastrophique du P/APC et de son exécutif ».

« Notre commune est classée en dernière position en matière de développement »

Ils affirment que la commune de Bir-Ghbalou tarde toujours à sortir la tête de l’eau, et ce, malgré les importants budgets débloqués par les services de la wilaya de Bouira, dans le cadre des différents programmes de développement : « Depuis plusieurs années, on entend que des chiffres et des discours sur les soi-disant projets de développement et qui vont faire sortir notre commune du sous-développement. Mais hélas, et à ce jour, aucun projet bénéfique à la population n’a été concrétisé sur le terrain », se désole l’un des citoyens protestataires, avant d’ajouter : « En matière de développement et dynamique économique, notre commune est classée en dernière position ! Les crises de chômage et de logement gagnèrent nos jeunes, qui sont l’oisiveté totale ». Outre la revendication du départ du maire, les protestataires interpellent le premier magistrat de la wilaya, pour la délégation d’une enquête « pour mettre la lumière sur l’arrêt inexpliqué de plusieurs projets de développement de la commune, notamment des projets de réhabilitation du stade communal et de l’aménagement urbain ».

« Bir-Ghbalou est une ville morte »

En effet et d’après les déclarations de ces derniers, la commune de Bir-Ghbalou, connaît une véritable situation de crise sociale caractérisée par une paralysie total du secteur économique : « Bir-Ghbalou est une ville morte. Chômage, insalubrité crimes, drogue et crise de logement, caractérisent notre quotidien. L’aménagement urbain est au point mort, toutes nos routes sont délabrées et impraticables, notamment durant la période hivernale. Les jeunes sont livrés à eux-mêmes et abandonnés de tout le monde. Malheureusement et malgré nos nombreuses initiatives, aucun responsable, à leur tête le P/APC, n’ont jugé utile de se pencher sur nos problèmes et préoccupations. « Pire encore, le maire n’assure même pas ses journées de réceptions et méprise les citoyens de notre commune », déclare un autre jeune manifestant. Et d’enchaîner : « Les 100 locaux commerciaux du président, sont à l’abondon et se dégradent, sans que nos jeunes puissent en profiter. Le chantier de réhabilitation du stade s’éternise alors que la piscine est toujours fermée ! ». Les concernés nous ont confié qu’ils ont, à maintes reprises, soulevé ce problème grave à qui de droit mais il n’y a jamais de réaction ni de prise en charge dudit problème. Désormais, les protestataires dénoncent, à travers un communiqué la mal vie, l’indifférence des pouvoirs publics pour cette commune, et la dégradation des conditions de vie de pans entiers de la société. Ils demandent l’intervention du wali de Bouira pour la prise en charge effective de leurs revendications. « Nous faisons entièrement confiance en la personne du wali de Bouira, c’est pour cela que nous sollicitons son intervention, car nous ne pouvons plus supporter cette situation ! », réclament-ils.

L’absence d’une couverture médicale adéquate déplorée

Les citoyens protestataires déplorent, par ailleurs, l’absence d’hôpital au niveau de leur daïra. Ainsi et malgré le nombre non négligeable d’habitants, ainsi que les nombreux cas d’accidents de circulation recensés annuellement au niveau des deux routes nationales qui la traversent, la daïra de Bir Ghbalou n’est pas encore dotée d’un hôpital ou bien d’un service d’urgence médical. Le seul centre de santé existant est la polyclinique, un grand édifice dépendant du secteur de santé d’Ain Bessem. Ce dernier n’assure guère une bonne couverture médicale aux citoyens, car il n’est ouvert que de 8 heures à 18 heures, sans parler du manque flagrant en personnel et matériel médical. L’infrastructure sanitaire ne compte que deux médecins généralistes, un dentiste et un service de radiologie, «Ils ne peuvent assurer que des petits soins, à part cela, tous les cas sont automatiquement transférés à l’hôpital de Ain Bessem», affirme nos interlocuteurs. Cela dit, les cas les plus graves sont directement transférés vers les hôpitaux d’Alger ou de Tizi-Ouzou. Une situation très difficile pour ses derniers, notamment, pour les cas des blessés des accidents de circulation : « beaucoup de blessés meurent durant leur transfert vers les autres centres de soins, surtout de nuit », révélera l’un des citoyens rencontrés sur place.

Le P/APC contre-attaque

Contacté par nos soins, le P/APC de Bir-Ghbalou, M. Debdab Ramadhan, a catégoriquement nié les accusations des protestataires à son encontre « Toutes ces accusations sont fausses. La population de Bir-Ghbalou me connaît très bien, et sait que j’habite bel et bien ici, et que je suis toujours présent dans mon bureau, sinon comment pourrais-je gérer les affaires d’une municipalité à partir d’Alger ? C’est vraiment insensé ! », a-t-il clarifié avant d’ajouter : « La population de Bir-Ghbalou me soutient, faites un tour à travers la ville et vous le constaterez de visu. Ceux qui essayent de frapper la stabilité de notre commune ne sont qu’une petite minorité et qui sont eux-mêmes manipulés par certains cercles d’intérêts dans cette commune. Je les connais très bien, ces derniers ne veulent que leur propre intérêt en pénalisant les citoyens ! ». Le même responsable affirme également, que l’ensemble des projets affectés à sa commune ont été réalisés ou encore en voie d’achèvement: « Tous les projets affectés à notre commune ont été effectivement réalisés, même ceux qui relèvent des programmes PSD. A commencer par les grands chantiers, à savoir ceux du boulevard principal, d’électrification et du raccordement au gaz de ville et à l’AEP». Concernant l’aménagement urbain, l’édile de cette commune affirme que le projet retenu sera lancé une fois les travaux de gabionnage de la ville terminés. « Le projet d’aménagement du chef-lieu, nous a été accordé en 2010, mais nous avons choisi d’attendre la fin des travaux de raccordement aux réseaux divers et de gabionnage pour le lancement du chantier. Je tiens donc à rassurer nos citoyens ».  M. Debdab affirme, par ailleurs, que la majorité des revendications soulevées par les protestataires, ne relèvent pas de ses prérogatives : « Quand on parle d’emploi ou de logement, il faut que mes concitoyens comprennent qu’une APC ne peut pas, à elle seule, résoudre la crise du chômage ou de logement dans son territoire. Pour notre part, on ne cesse d’interpeller les responsables de la wilaya sur ses problèmes », a-t-il déclaré. Et d’enchaîner : « Le projet de la zone d’activité commercial (Z.A.C) a été retenu par le conseil de wilaya, et ce, suite à ma propre proposition. Ce projet contribuera certainement à la création de nouveaux postes d’emploi au profit de notre commune. Nous attendons également, l’attribution à notre commune d’un nouveau quota de logements sociaux dans le cadre du nouveau plan quinquennal ». Interrogé à propos de l’arrêt des travaux de réhabilitation du stade communal, le même responsable affirme qu’il s’agit d’un arrêt momentané dû à un problème administratif au niveau de la wilaya de Bouira. Toujours d’après le même responsable, la piscine municipale n’a pas été fermée comme l’affirme les protestataires : « La structure est gérée par la DJS, et elle sera ouverte au grand public, une fois les équipes sportives et de gestion installées », conclut-il.

O.K.

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