Une rénovation SVP !

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Cela fait maintenant plus de dix-sept ans que cette stèle dédiée aux deux grands artistes militants de la cause amazighe, en l’occurrence Slimane Azem, l’enfant d’Agouni Gueghrane, et Matoub Lounès, l’enfant d’Ath Douala, n’a bénéficié d’aucune opération de restauration.

En effet, sur la lancée des hommages rendus au barde assassiné les jeunes de cette région ont érigé ce mémorial avec deux portraits des deux hommes. Depuis, des années sont passées, et celui-ci est laissé à son sort. Au lendemain par exemple de la tenue de la fête nationale du couscous, les trottoirs sont peints, des plaques directionnelles sont placées dans ce petit centre urbain, les édifices publics sont eux aussi badigeonnés pour l’occasion, faudra-t-il le souligner, les effigies de Dda Slimane et de Lounès ne le sont pas. Et pourtant, cette stèle est sise juste à l’entrée de la maison de jeunes fréquentée souvent par les officiels.  «Vraiment, cela me fait mal au cœur. Est-ce comme ça qu’on récompense nos artistes, nos hommes de culture ? Mais dans quel pays sommes-nous ? », nous interrogera un jeune homme qui nous a approchés au moment où nous prenions cette stèle en photo. Notre interlocuteur, un acteur du mouvement associatif, nous dira qu’en principe, une autre stèle à la hauteur des deux grands militants est au programme de l’association Tagmats de Lyon, présidée par Dalil Makhloufi. Effectivement, selon ce dernier que nous avons sollicité à propos de la restauration de ces stèles abandonnées, un choix de terrain a été fait au lieu-dit Ferrar, ex-domaine agricole Amirouche pour la réalisation d’une autre stèle dans les normes. «Avec l’argent que nous récoltons en France, nous avons déjà pris en charge de nombreuses stèles. Je vous citerai celle de Draâ El-Mizan, celle de Bounouh, celle de Tizi-N’Tletta et bien d’autres. Pour celle de Boufhima et celle de Lqahwa n’sbet (Tizi-Gheniff), nous avons quelques petits problèmes que nous devrons régler. Pour celle de Frikat, nous essaierons d’ériger une autre », nous avait confié le président de Tagmats. Si cette association contribue à la rénovation de ces stèles, il faudrait aussi que les APC interviennent dans l’entretien de ces lieux car non seulement ils sont des repères pour les générations futures, mais aussi c’est un patrimoine à ne pas laisser à l’abandon. « C’est notre mémoire. Nous devons faire en sorte à ce qu’elle soit protégée », ajoutera la personne rencontrée devant ladite stèle. « Les APC ont dans leur budget des chapitres consacrés à l’entretien des monuments, des sites culturels et historiques. Pourquoi pas alors ces stèles ? », s’interrogera un membre de la société civile de Frikat. Tout le monde souhaite qu’avant la commémoration du dix-huitième anniversaire du lâche assassinat de Lounès Matoub (25 juin 1998) à Tala Bounane, sur la route vers Ath Douala), les autorités locales auront engagé un peintre afin de redonner de l’éclat à ces deux portraits. 

Amar Ouramdane

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