Le vieux bâti en nette régression

Partager

C’est une réalité palpable que nul ne peut nier. La mise en application de divers et nombreux programmes de l’habitat, notamment celui dénommé Résorption de l’Habitat Précaire (RHP), aide à l’auto-construction ou l’habitat rural, ont complètement changé le visage urbanistique de la région.

Cela est plus particulièrement visible dans les zones rurales où des logements flambants neufs poussent comme des champignons à la place du vieux bâti qui est pour ainsi dire en voie de disparition. Le rythme de ces opérations d’aide à l’auto-construction et son application concrète sur le terrain s’est sensiblement accéléré à partir de 2011, et ce, grâce à un important allègement de la réglementation régissant le dernier programme quinquennal 2010-2015 dans lequel a été supprimée la distance (mitoyenneté) de 12m entre un auto-constructeur et ses voisins. La nouvelle réglementation autorise aussi deux bénéficiaires à utiliser la même assiette de terrain pour deux logements à réaliser en surélévation, soit en R+1 et plus. Le troisième nouveau point important est le fait que des terrains domaniaux peuvent être cédés aux particuliers n’ayant pas de terrains propres pour bénéficier de ce programme. Sur ce volet de l’habitat, la daïra de M’Chedallah a subi une mutation, pour ne pas dire une métamorphose, fort remarquable. Et il ne serait pas du tout exagéré de conclure, qu’à ce rythme, le vieux bâti disparaîtrait définitivement avant même l’achèvement de ce programme quinquennal et son arrivée à terme. Seulement, et c’est un fait malheureux, comme toutes les aides octroyées par l’Etat dans n’importe quel domaine, le phénomène du favoritisme et autres passe-droit et tricheries entachent, quelquefois, de manière criarde ces opérations. C’est le cas de ces logements de l’auto-construction que l’on voit transformés en locaux à caractère commercial, en poulaillers par exemple, ou encore réalisés depuis plusieurs années et non occupées. Bien plus grave, ils se dégradent à vue d’œil, et ce, faute d’entretien. Ce qui laisse en toute logique supposer que les bénéficiaires ne sont pas dans le besoin. Fort heureusement, l’Etat, tout comme pour réduire l’impact négatif de ces irrégularités sur les vrais nécessiteux, a mis les bouchées doubles en doublant les quotas de ce genre de logements au point où, dans plusieurs communes, ils ne trouvent pas preneurs. La demande étant noyée par l’offre. Le même constat s’applique aussi pour les logements sociaux où des bénéficiaires ne les ont jamais occupés, mais mis en location. Une enquête sérieuse et profonde sur ce volet réserverait bien des surprises, notamment dans ces régions où tout le monde se connaît. Ce cas évoqué est l’un des principaux facteurs à l’origine des soulèvements de protestation et autres émeutes à chaque opération de distribution de logements sociaux. Ce phénomène de tricherie à plusieurs facettes dans la distribution de ces logements est tellement complexe et difficile à maîtriser qu’il est demandé aux postulants non retenus d’introduire des recours, où il fallait citer nommément des bénéficiaires non méritants. Ce qui s’apparente à un aveu d’impuissance de l’Etat et de ses services à les débusquer.

Oulaid Soualah

Partager