L’ANSEJ gèle le financement des projets « inefficaces »

Partager

Selon une note interne destinée aux différentes agences à travers le pays et émanant de la direction centrale de l’Ansej, il a été décidé de ne plus octroyer de crédits aux projets qualifiés « d’inefficaces » économiquement. Selon des sources proches de l’Ansej de Bouira, des projets, tels que les transports publics, les compagnies de nettoyage, la location de voitures ou encore les lavages-autos et autres projets considérés comme « secondaires », ne seront plus financés par ledit organisme.  Les jeunes entrepreneurs doivent dorénavant disposer de locaux adéquats afin d’avoir une chance d’obtenir un financement des dispositifs de soutien à la création d’entreprises. Le gel du financement cible « exclusivement », souligne-t-on, les filières saturées localement, tel le transport par bus ou par taxi. Dans ce dernier créneau, la wilaya de Bouira, enregistre un nombre élevé de transporteurs privés et de fourgonnettes appelées communément « Capsules ». Cette nouvelle pourrait être un « mal pour un bien », selon la formule consacrée. Comment ? Et bien, ce n’est un secret pour personne que la plupart des projets soumis au financement de l’Ansej sont des projets « stériles » économiquement parlant. Ainsi et selon le bilan de l’exercice 2013 (celui de 2014 n’a pas encore été publié), l’Ansej de Bouira avait enregistré 1 096 dossiers, et comme il fallait s’y attendre, le secteur des services arrivait en tête avec 167 dossiers, suivi du BTPH avec 157 projets, pour seulement 2000 postes d’emploi créés et un investissement dépassant les 3 milliards de dinars.  Si on prend le ratio des projets financés/ création d’emploi, on se retrouve avec un pourcentage infime. Autant dire une goutte d’eau par rapport aux sommes investies. Selon M. Boukrif Moussa, docteur en économie et professeur à l’Université de Béjaïa, « la faillite » de l’entreprise et de l’esprit d’entreprendre est causée par trois facteurs : l’absence d’études de marché le manque d’expérience et l’amateurisme qui caractérisent les jeunes entrepreneurs et enfin le manque de savoir-faire. Ces trois facteurs d’échec, on les retrouve dans bon nombre de projets financés jusqu’à présent par l’Ansej. Par ailleurs, et lors d’une journée d’étude sur l’intelligence économique, organisée récemment par la Chambre de Commerce et d’Industrie de Bouira, bon nombre d’experts ont souligné le fait : « … l’intelligence économique est génératrice de plus de richesses et d’emplois durables, ce qui contribue, de facto, au développement de tout un pays ». Le professeur Mancer Ilyas, de l’université de Bouira, a quant à lui mis l’accent sur « le prêt à consommer » des entreprises et des entrepreneurs algériens. « L’entreprise algérienne connaît une faible capacité d’absorption, au vu de son penchant pour l’achat de la technologie prête à l’emploi au détriment de la valorisation des compétences », a-t-il déclaré. Et c’est bien là que le bât blesse. Nos jeunes manquent selon la plupart des experts et des spécialistes en économie de «  clairvoyance » en la matière. Ils préfèrent se lancer dans des projets « bateaux », lesquelles ne génèrent pratiquement pas de richesses et de facto peu d’emplois. Le dispositif de l’ANSEJ, au-delà de sa vocation d’aide et de facilitation de l’accès à l’emploi, est également, dans certains cas, devenu un outil d’échec et surtout d’endettement. Désormais, le dispositif Ansej devrait être plus sélectif, moins enclin à « financer à tout va » et surtout pourvoir des projets viables et créateurs de richesses pérennes et d’emplois.  

       

Ramdane B.

Partager