Grève malgré l’interdiction

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Tribunal Abane-Ramdane. Il est exactement 11 heures. C’est l’heure fixée aux cinq délégués de la Coordination intersyndicale de l’éducation nationale, en l’occurrence Ider de l’UNPEF, Osmane du CLA, Dahmani du CNAPEST, Saadani du SATEF et Bekhouche du SETE –Bejaia, pour se présenter devant la cour. Accompagnés par de nombreux collègues, des représentants du syndicat national de la santé publique (SNPSP), du Conseil national de l’enseignement supérieur (CNES) et du représentant des droits de l’homme sans omettre certain dirigeants du FFS à leur tête Ali Laskri, venus tous pour exprimer leur soutien, les enseignants convoqués ont été auditionnés au quatrième étage par la juge d’instruction, chargée de traiter l’affaire en référé d’heure en heure. Contrairement à la coutume, la presse ainsi que certains professeurs ont assisté à l’audience. A l’intérieur du bureau de la juge, le directeur des fonctionnaires au sein du département de Benbouzid, a déjà pris place. Il représente la partie plaignante qui n’est autre que le ministère de tutelle qui, faut-il le rappeler a entamé cette procédure judiciaire en avançant le motif d’incitation à la grève et l’illégalité de la Coordination intersyndicale de l’éducation nationale, initiatrice des deux jours de protestation prévus pour aujourd’hui et demain. Avant même de passer à l’ objet de comparution, la juge a demandé aux délégués mis en cause de se présenter, afin de vérifier leur identité, sauf Redouane Osmane du CLA qui, d’après elle, est suffisamment connu pour se passer de présentation. Après avoir entendu les interventions des uns et des autres, la juge a donné un moratoire de trois heures aux accusés pour répliquer et avancer leurs arguments. La requête formulée par les délégués de la coordination demandant le report de l’affaire pour aujourd’hui, a été aussitôt réfutée par la juge. « Nous n’avons reçu nos convocations que ce week-end, nous n’avons donc pas eu le temps de constituer notre défense », déplore Osmane. Ce à quoi, la magistrate a rétorqué que la plainte en référé d’heure en heure « peut se traiter à tout moment, les jours fériés, la matinée comme la nuit (…) car le référé suppose l’urgence ». 15 heures. C’est le rendez-vous donné par la juge d’instruction aux accusés. Les cinq délégués se présentent cette fois-ci avec leur avocat, Maître Meziane. Celui-ci nous informe que la chambre administrative a tranché pour l’arrêt de la grève en le jugeant illégale. Rencontré au siège de l’UNPEF où s’est déroulée la réunion de la Coordination, l’avocat a souligné de prime abord qu’une fois la notification formulée, les mis en cause feront appel devant le Conseil d’Etat. Selon lui, « le juge des référés est incompétent et il n’est pas habilité à ordonner l’arrêt de la grève ». »Nous attendons la notification pour connaître les inculpations sur lesquelles la chambre s’est basées pour prendre sa décision », souligne en outre l’avocat avant d’ajouter qu’ « une chose est sûre, c’est que le CNAPEST et le CLA sont désormais reconnus ». Cela étant, la grève est maintenue, car d’après les syndicalistes c’est la base qui l’a décrété et elle seule est habilitée à décider le maintien ou l’arrêt du mouvement de protestation. Les enseignants des deux lycées à savoir celui de Amara-Rachid de Benaknoun et celui de Saïd-Hamedine ont déjà commencé hier leurs grèves en guise de soutien à leur collègue, respectivement M. Lamdani à qui la justice a infligé une amende de 5000 DA et M Hamdani convoqué pour avoir cosigné le préavis de grève.

Wassila Ould Hamouda

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