Des démolitions sous haute tension

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C’était un climat très tendu qu’a vécu la commune de Bechloul la fin de la semaine écoulée.

En effet, suite à une décision de la justice portant sur la démolition de neuf locaux commerciaux, leurs occupants ont affiché un mécontentement, voire une résistance, à cette opération, ce qui a nécessité le recours à la force publique en présence d’un huissier de justice. La genèse de cette situation a pris effet lorsque les responsables communaux ont demandé à ces commerçants de quitter les lieux en vue d’une démolition des locaux longeant l’axe de la RN5 qui traverse cette localité en raison de leur précarité et en filigrane, prévoir l’exploitation de cette assiette foncière à abriter d’autres projets d’utilité publique. Et devant leur refus, une procédure judiciaire a été entreprise. Une fois l’affaire traitée au niveau de la justice, une décision de leur expulsion a été donc prononcée et un huissier de justice est immédiatement désigné pour l’exécution. Néanmoins, se sentant ciblés par décision « injuste », les commerçants ont refusé de quitter les lieux et ont posé comme condition préalable de leur départ une indemnisation. C’est ce qui nous a affirmé Abdelkrim, vendeur de matériel électroménager, en disant : « j’exerce cette activité depuis des années et c’est ma seule source de revenu pour subvenir aux besoins de ma famille. Aujourd’hui, suite à une décision de la justice, on me demande de quitter les lieux sans pour autant me proposer une alternative, à savoir un local commercial qui me permettra d’exercer mon activité dans la légalité». C’est le même son de cloche de la part de Hamza, son voisin, vendeur de meubles, qui enchaîne : « quel sera mon avenir en quittant ses lieux ? Au rythme où vont les choses, nos responsables nous poussent vers le chômage et par voie de conséquence, à gagner de l’argent par tous les moyens ! ». D’autres versions ont été avancées par d’autres locataires qui se demandent pourquoi sont-ils les seuls concernés par cette décision ? Une allusion faite à d’autres locaux mitoyens qui ne sont pas touchés par la démolition. Il s’avère finalement que les occupants de ces derniers disposent bel et bien d’actes de propriétés datant de plusieurs années, alors que ceux concernés par la démolition est un bien de la commune. Pour en savoir plus sur cette situation conflictuelle, nous nous sommes rapprochés du maire de cette commune qui nous déclare : « nous avons entamé cette opération de démolition depuis plus d’une année déjà. Ces locaux ne répondent nullement aux critères inhérents aux activités exercées jusqu’à ce jour. Nous allons tous les démolir mais par étape. Pour la partie qui dispose d’actes de propriété nous allons leur délivrer des permis de construire et pas question de garder cette architecture qui nuit à l’image de Bechloul, qui n’est pas seulement un chef-lieu de commune mais aussi celui d’une daïra. Quant à la seconde, c’est une décision de la justice qui doit être respectée. L’assiette appartient à la commune, il est temps de la récupérer pour qu’elle abrite d’autres projets. Les protestataires ne sont que des locataires liés par un bail et nous devons maintenant se débarrasser de ces locaux mal agencés pour mettre en place un plan architectural qui sied avec le statut de la ville ». A une question relative à l’indemnisation que réclament ces commerçants, l’édile communal reste intransigeant devant la réglementation pour dire : « je ne dispose d’aucune prérogative pour me rabattre à un code des marchés de gré à gré. La loi est claire! Cette transaction passe par voie d’adjudication et les clauses exigent un certain nombre de critères auxquels il faudra répondre pour acquérir un local commercial. J’invite, dit-il, ces commerçants à déposer leurs soumissions en bonne et due forme, et la commission chargée de ce volet tranchera dans la transparence la plus totale ». C’est justement le point sur lequel a beaucoup insisté le maire qui nous dira : « le rôle de l’Assemblée intervient en dernier lieu pour approbation après que la commission des marchés eut procédé à l’affichage, la réception des plis et leur ouverture pour déclarer les postulants retenus », conclut-il. Notons enfin que la présence des forces de sécurité a véritablement évité tous les dérapages et aucun incident, minime soit-il, n’a été enregistré malgré la complexité de la situation et son climat tendu.

S. M.

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