La dernière session de l’APW de Bouira a été l’occasion pour de nombreux élus de tirer la sonnette d’alarme à propos de la détérioration de l’hygiène publique au niveau de l’ensemble des communes de la wilaya de Bouira.
Pratiquement, tous les élus ont dénoncé « l’insalubrité galopante » qui prédomine à travers l’ensemble des municipalités de la wilaya et ont interpellé le chef de l’exécutif de Bouira, à propos de l’ « urgence absolue » de remédier à cette situation qualifiée d’inquiétante. Lors des débats, l’incivisme de certains citoyens et la « défaillance » des services des APC chargés du ramassage des ordures ménagères ont été pointés du doigt. D’ailleurs, un élu FFS, en l’occurrence M. Saïd Derradj, a fait une proposition pertinente dans le but de sensibiliser les citoyens sur la nécessité d’entamer des campagnes de nettoyage, laquelle consiste à ce que les élus, eux-mêmes, fassent des campagnes de nettoiement afin de donner l’exemple.
Quand la culture de l’hygiène fait défaut…
Bref, le constat fait par ces élus est aisément vérifiable sur le terrain : Bouira est sale. Les rues, ruelles et mêmes les grands boulevards des principales communes de la wilaya sont jonchés d’immondices. Partout les déchets s’accumulent, les citoyens sont agressés de toute part, encerclés par les immondices, dans tous les coins de rue, dans chaque cité même les espaces de détentes sont assaillis par ce fléau. Les exemples de cette dégradation alarmante de l’hygiène sont malheureusement innombrables. Au niveau du chef-lieu de la wilaya et dans des quartiers populeux et populaires, comme l’Ecotec, 1100 logements, Aïssat Idir, comme dans les quartiers les plus huppés, comme La Cadat ou la cité El Thaoura, aucun espace n’échappe à l’insalubrité. Au niveau des grandes artères de la ville, le même schéma se reproduit, les mêmes scènes se dupliquent, mégots de cigarettes, gobelets en plastique et autres emballages alimentaires, forment un tableau des plus noirs. C’est le cas de la grande avenue Zighout Youcef du centre ville, pourtant censée être un faire-valoir de Bouira. Ces avenues sont inondées de détritus en tous genres. On retrouve le même schéma du côté des communes de Lakhdaria, Sour El-Ghozlane, Ahnif, etc. Mais à partir de ce constat, une question s’impose : Qui est à l’origine de la prolifération de la saleté à Bouira ? La réponse est comme qui dirait coule de source : Les citoyens. Du moins, les moins soucieux de leur environnement et sa sauvegarde. Les citoyens, du moins une certaine partie d’entre eux, font preuve d’un comportement peu civique et aux antipodes de la citoyenneté et de la vie en communauté. N’ayons pas peur des mots, certains citoyens n’ont aucune culture de l’hygiène et la préservation de leur espace de vie et encore moins la préservation de l’environnement, lesquels sont les cadets de leurs soucis. On jette les déchets à tout va et n’importe où. Les cas des décharges sauvages ne manquent malheureusement pas. Du côté de la cité Ouest, les autorités locales ont aménagé un petit espace de détente à proximité de l’agence ADE. Cependant, cet endroit s’est très vite transformé en une décharge à ciel ouvert. Idem du côté de la cité Harkat, ou bien du boulevard Ainouche Hdjila. En été certains citoyens indélicats brûlent leurs déchets sur la voie publique au vu et au su de tous. Ces exemples démontrent que la culture de l’hygiène est carrément absente chez certains citoyens.
22 schémas communaux en « stand-by »
Selon les chiffres du rapport 2014 des activités de la wilaya, une enveloppe financière de plus de 2.5 milliards de dinars a été allouée au secteur de l’environnement à Bouira. Le même rapport indique que Bouira dispose de 22 schémas directeurs communaux de gestion des déchets ménagers et assimilés et 5 autres plans qui sont en cours d’études. Ce réseau, a indiqué le secrétaire général de la wilaya, » couvre à 100% le territoire de la wilaya et génère une moyenne journalière de 400 tonnes de déchets ménagers ». Cependant, ledit rapport précise une chose importante, à savoir que tous ces plans, du moins les 22 déjà approuvés, sont en cours de réalisation et n’ont toujours pas été achevés. Et c’est bien là que le bât blesse. Car, pour rappel, le plan portant « schémas directeurs » a été instauré en 2002 et il constitue le prolongement de la loi 01-19 du 12 décembre 2001 relative à la gestion, au contrôle et à l’élimination des déchets. Comme son nom l’indique, ce plan vise l’éradication des décharges sauvages et l’organisation de la collecte, du transport et de l’élimination des déchets dans des conditions garantissant la préservation de l’environnement et de l’hygiène du milieu. Au niveau de la wilaya de Bouira, ces plans sont restés au stade de projets. Pour le traitement de ces déchets, cinq (5) centres d’enfouissement techniques (CET) ont été réalisés au niveau des communes de Bouira, Lakhdaria, Sour El-Ghozlane, Ain Bessam et Ahnif. Le même rapport a fait état également de la réalisation de cinq décharges contrôlées au niveau des communes de Hadjra Zerga, Maamoura, Aghbalou, Lakhdaria et Bouira, outre l’aménagement de quatre sites d’anciennes carrières pour l’entreposage de déchets solides. À travers ce qui a été mentionné on comprend que les citoyens, tout comme les pouvoirs publics, ont leur part de responsabilité dans cette affaire. Mais au final, Bouira croule toujours sous les déchets.
Ramdane B