Agouni Bouffal perd de son éclat

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Agouni Bouffal est un village qui relève de la commune de Souk El Tenine, dans la daïra de Maâtkas, à 25 kilomètres au Sud de la ville des genêts.

Ce village comptant près de 4 000 habitants, figurait, en 2005, parmi les villages les plus propres de la wilaya de Tizi Ouzou, un concours qu’organise l’assemblée populaire de la wilaya de Tizi-Ouzou. Un prix d’encouragement de 100 millions de centimes lui a été d’ailleurs décerné. Cette année encore, le comité de village a décidé de participer au concours, mais l’état des lieux à travers le village a nettement régressé. A commencer par le réseau routier qui a été mis à mal par les travaux du gaz naturel, le raccordement au réseau de l’assainissement qui n’est pas encore généralisé puisque toutes les habitations éparses et celles issues de l’habitat rural ne sont pas raccordées, ceci en plus du fait que les différentes canalisations des eaux usées existantes ne débouchent ni sur des bassins de décantation, ni encore moins sur une station d’épuration. Pour faire le point sur l’état des lieux qui prévaut dans le village, il n’y pas mieux que le jeune  président du comité de village pour nous éclaircir sur le sujet. Mr Hettal Samir, puisque c’est de lui qu’il s’agit, signalera plusieurs carences qui persistent dans le village dont il a l’honneur d’être président de son comité.

Assainissement non généralisé routes dégradées 

Au village d’Agouni Bouffal, en 2015, soit après plus de 53 ans d’indépendance, le réseau de l’assainissement, dont on ne doit pas parler, est malheureusement non généralisé. Pire encore, même celui existant est vétuste et les eaux usées se déversent dans les rivières, c’est dire qu’il n’y a pas de réseau proprement dit. A ce sujet, Mr Hettal indiquera : «Le réseau existe en partie et il est par endroits vétuste. Les nouvelles habitations issues de l’aide à l’habitat rural ont toujours recours à l’utilisation des fosses septiques. Il faut aussi ajouter que les eaux usées du village se déversent dans les rivières dites Tissiares et Amejoudh. Il faut, pour préserver l’environnement et la faune et la flore, réaliser une station d’épuration ou à défaut des bassins de décantations. L’APC nous a réalisé un tronçon, et un autre est en cours de réalisation. Nous avons aussi appris qu’un autre tronçon sera pris en charge dans le cadre des PCD de 2015». Concernant le réseau routier, il est dégradé dans sa globalité. «Le chemin communal qui mène vers le chef-lieu est impraticable, les chemins vicinaux sont tous dégradés par les travaux de gaz naturel et nous attendons la remise en l’état de tout le réseau routier de notre village. Le revêtement du chemin communal est prévu une fois les travaux de gaz achevés», dira Mr Hettal. Sur un autre registre, à savoir celui du gaz naturel, notre interlocuteur rappellera : «Au départ, notre village et celui d’Ait Izid ont été omis, car le tracé du gazoduc était sensé passé par Maâtkas. Mais après le changement du tracé de ladite conduite, qui devait finalement transiter par nos terres, nous avons exigé d’en bénéficier pour permettre son passage. Ce problème perdure depuis 2011. Finalement, notre appel a été entendu, l’opposition fut levée et les travaux sont à présent en voie d’achèvement. C’est vrai que nous avons retardé la mise en service du réseau à travers toute la daïra, mais ce n’était pas de gaieté de cœur. Il fallait que l’on soit concerné par le gaz au même titre que tous les villages de la daïra, nous avons simplement refusé de cautionner l’injustice». Pour ce qui est de l’alimentation en eau potable et le réseau de l’électricité l’état des lieux est meilleur. «Par le passé nous vivions au rythme des pénuries de l’eau potable ; à présent, la distribution s’est nettement améliorée et le réseau a été refait en PEHD. Pour ce qui est de l’électricité certaines habitions ne sont pas encore raccordées, mais un projet d’extension existe», dira notre interlocuteur. S’agissant de la téléphonie fixe, aucune ligne n’est disponible au village. La fibre optique est passée par là mais son exploitation attendra encore des années.

Le secteur de la jeunesse et des sports, le parent pauvre

Dans ce village de 4 000 habitants, dont la plupart sont des jeunes, le secteur de la culture et du sport est le parent le plus pauvre puisqu’on n’enregistre aucune maison ni foyer de jeunes. Aucune aire de jeux et aucune salle de sport n’est disponible, les jeunes sont toujours appelés à se rendre au chef-lieu même s’il n’y a à rien à faire aussi, puisque même là rien n’est disponible. Du coup, les écoliers, les étudiants se pavanent dans les cafés maures et les ruelles du village ou du chef-lieu distant de 3 kilomètres. «Hélas, le secteur de la jeunesse et du sport est à l’agonie. Nous n’avons aucun espace à offrir à la grande masse juvénile de notre village. Même El Djamaâ Oufella où se rencontraient les jeunes de l’association Uzal est à l’abandon. Toutefois, nous avons été autorisés par un propriétaire privé à exploiter sa vieille habitation comme une petite bibliothèque, mais elle nécessite des travaux de réhabilitation. Nous appelons d’ailleurs l’APC à nous attribuer une aide financière pour la retaper ou construire un autre local qui nous permettra aussi d’entreposer le matériel du comité sinon nous allons comme d’habitude compter sur nos propres moyens», dira le responsable du village. Signalons que, dans ce village, hormis l’existence d’une salle de soins qui prodigue les soins les plus élémentaires sans consultation et sans fauteuil dentaire, rien d’autre n’est disponible. Pas d’antenne de mairie et pas de bureau de poste. Il existe quand même une école primaire dont la construction a été entamée par les villageois et qui a été ensuite élargie et équipée par l’Etat. Le ramassage scolaire n’est assuré qu’aux filles. Les garçons sont livrés au transport privé. Le président du comité de village lancera un appel aux autorités locales et aux villageois : «Nous appelons les autorités locales à regarder du côté de notre hameau pour améliorer le cadre de vie des citoyens, une petite aire de jeux et un petit foyer de jeunes ne coûtent pas chers et feront beaucoup de bien pour nos jeunes. Nous annonçons aussi à nos villageois que nous avons inscrit notre village pour participer au concours du village le plus propre qu’organise annuellement l’APW et par là nous les appelons à faire preuve de plus de civisme et respecter les horaires de passage de la benne tasseuse».

 Hocine T.

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