2 337 fourgons, mais…

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Le secteur des transports dans la wilaya de Bouira est certes en constante évolution, mais il en demeure pas moins qu’il continue de souffrir d’innombrables carences. Ce constat a été fait par les élus de l’APW et même par le secrétaire général de la wilaya, lors de la présentation des activités de la wilaya lors de l’exercice écoulé. Le SG de la wilaya, M. Mohamed Menguelatti, a dressé un tableau «mi-figue mi-raisin» de ce secteur, qui est appelé selon lui, à «s’organiser et s’adapter» aux besoins toujours croissants des usagers. Ainsi et jusqu’à la date du 31 décembre 2014, le parc de la wilaya de Bouira comptait pas moins de 2 337 fourgons et fourgonnettes dédiées au transport des voyageurs, pour une capacité d’absorption estimée à 54 423 places. Sur ces 2 377 véhicules, 44 lignes sont réservées au transport inter-wilayas, pour une capacité de 11 014 places, 57 lignes sont dédiées au transport intra-wilaya et peut absorber, selon le rapport du SG, 21 887 usagers, et 41 lignes sont réservées au transport rural, lesquelles peuvent contenir plus 9 500 places. Le reste est réparti entre les lignes suburbaines, transport public (ETUB), etc. Ces chiffres démontrent d’une nette avancée par rapport aux années précédentes, mais ils restent largement insuffisants au vu de la pression qui peut exister au niveau du secteur des transports à Bouira. Car, pour une wilaya qui se veut être un «carrefour» incontournable dans tous les domaines, les responsables locaux ainsi que ceux du secteur des transports semblent avoir omis un point essentiel, à savoir mettre de l’ordre dans le secteur des transports. Qui dit transport à Bouira, dit anarchie, amateurisme, défaillances, laisser-aller et pénurie. En effet, aux bousculades dans les stations de bus vient s’ajouter le non-respect du service public de la part de certains transporteurs. Les élus présents lors de cette session de l’APW ont souligné «la crise» du transport que connaît la wilaya, notamment dans les zones dites rurales. En effet, pour certains élus rencontrés, cette insuffisance en matière de transport public serait due au manque des autorisations d’exploitation des lignes de transport. Il est vrai que depuis octobre dernier, le ministère a instruit les diverses directions du transport à travers le pays de «geler» l’octroi de lignes de transport public. Ainsi et à titre d’exemple, sur l’axe routier Bouderbala-Lakhdaria et Kadiria, les habitants souffrent quotidiennement du manque de transport. Ils attendent des heures pour qu’un quelconque moyen de transport de transit vienne de Lakhdaria, des transporteurs desservants Kadiria, via la localité de Djebahia. Le même cas est signalé du côté de la commune d’Ain Laaloui, sise à 20 kilomètres au Sud-ouest de Bouira. Rencontrés sur les lieux, des citoyens d’Aïn Laaloui nous ont informés que les premières victimes de ce déficit restent les écoliers et les travailleurs qui ne peuvent arriver à l’heure respectivement à leurs établissements scolaires et lieux de travail. «Ça a trop duré ! On en a marre de ce diktat imposé par les transporteurs. Tout le monde est au courant de la situation, mais l’on s’obstine à faire la sourde oreille. On nous avait promis une ligne Aïn Laloui-Bouira pour alléger le transport, mais jusqu’à présent, rien n’a été fait. Nous passons de longues heures à attendre à l’arrêt de bus, en vain», tempêtent-ils. Même topo au niveau du petit bourg de Kerfala, relevant de la commune de Djebahia.

Service taxis : plus de la moitié des licences accordées sont en «jachère»

Autre point révélé par ce rapport, celui relatif au service de taxis. En effet, on apprend que la wilaya de Bouira comptait jusqu’à la fin de l’année dernière pas moins 17 666 licences de taxis délivrées par la commission de wilaya. Et seuls 844 sont en cours d’exploitation et les 922 autres licences accordées sont pour ainsi dire en « jachère ». C’est dire que le segment des services de taxis connaît un immobilisme certain, lequel s’ajoute à l’anarchie qui le caractérise. En effet, certains taxieurs semblent ne se soumettre à aucune réglementation et imposent leur diktat de la pire des manières aux citoyens. Cette loi de la jungle, on la retrouve du côté de la tarification appliquée par ces « professionnels », comme ils aiment se faire appeler. Ainsi, pour un trajet d’à peine 2 à 3 kilomètres, ces taxieurs exigent 100 voire 150 DA. Pour deux kilomètres de plus, ils en redemandent 100 DA de plus. En effet, pour parcourir une dizaine de kilomètres, l’addition peut s’avérer très salée. À titre d’exemple, le prix d’une course Bouira-Taghzout, à 15 Kms l’une de l’autre, est fixé à 300, voire 400 DA aux heures de pointe. Afin de comprendre l’origine de cette tarification hallucinante, attache a été prise avec le représentant de ces «professionnels» du transport. Cependant, et à notre grande surprise, on s’est retrouvé face à plusieurs représentants «auto proclamés», ne jouissant d’aucune crédibilité auprès des taxieurs. Ledit rapport précise également que sur les 844 taxis qui sont en activité à travers la wilaya, 549 sont des taxis collectifs possèdent des lignes inter-wilayas et peuvent contenir au total plus de 3 394 passagers, 221 taxieurs exercent dans le segment du transport urbain et peuvent absorber plus de 1 330 clients, 73 sont taxis individuels, dont 10 appartenant à une société de radio taxis et 11 taxis spécialisés dans le transport rural.

Voie ferrée Thénia-Bordj Bou Arreridj : L’arlésienne

Concernant le transport ferroviaire à l’échelle de la wilaya, le même rapport mentionne que Bouira compte sept (07) gares ferroviaires réparties entre Lakhdaria, Kadiria, Aomar, le chef-lieu de la wilaya, El Esnam, El Adjiba et Ahnif. En outre, la wilaya a bénéficié du passage de cinq (05) autorails et des trains dédiés au transport des étudiants, au niveau des gares de Lakhdaria, Bouira et Ath Mensour. A propos du projet de réalisation d’une ligne nouvelle à double voie électrifiée avec une vitesse de 160 km/h entre Thénia et Bordj Bou Arreridj, sur une distance de 158 kilomètres, le SG de la wilaya indique qu’il est en « bonne voie». Il faut dire que ce projet ne date pas d’hier, puisqu’il a été inscrit en 2007 et le marché a été attribué aux groupements chinois CGECC et turc OZGON, pour un montant de 161. 837 799 711 DA. Pour rappel, au mois d’avril 2013, le DG de l’ANESRIF (Agence Nationale d’Etudes et de Suivi de la Réalisation des Investissements Ferroviaires), accompagné d’experts du bureau d’étude Dessaut France ainsi que des représentants du groupement d’entreprises chinoise et turque, chargé de réaliser ce tronçon, ont exposé les grandes lignes de ce mégaprojet. A l’époque, le wali de Bouira, M. Nacer Maaskri, avait déclaré au terme de cette réunion que «certains points ont été pris en considération, d’autres pas encore, et l’entreprise chargée de réaliser ce tronçon est installée».

«Nous devons prendre en considération tous les paramètres avant de lancer les travaux. Nous sommes disposés à vous aider dès que vous nous fournirez les plans de ce tracé avec les documents y afférents, pour installer un comité pilote et, ainsi, nous travaillerons ensemble», avait suggéré le wali. Deux ans plus tard, ce projet n’a pas avancé d’un iota.

Ramdane B.

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