Classement des maisons d’Imache Amar et de Cherif Kheddam en perspective

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La direction de la culture de Tizi-Ouzou œuvre au classement, au patrimoine historique et culturel, de la maison d’Imache Amar, au village d’Ath Mesbah à Béni Douala, et celle de Cherif Kheddam au village Boumessaoud dans la commue d’Iferhounène. Imache Amar fut l’un des pionniers de la cause nationale, puisqu’il fut l’un des fondateurs de l´Etoile nord-africaine dont il fut élu secrétaire général et le rédacteur en chef de son journal El Ouma.

Il consacrera l’essentiel de sa vie professionnelle à la sensibilisation des ouvriers algériens en France, avec un immense succès : près de 100 000 ouvriers algériens se rassemblent à Paris, le 7 décembre 1924, et créent la première organisation sociopolitique (Le Congrès des Ouvriers Nord Africains). En 1926, ce Congrès se transforme en Parti politique qui revendique l’indépendance de l’Algérie. En février 1927, les revendications de l’E.N.A (l’Etoile Nord Africaine) sont déposées sur le bureau de la ligue anti-impérialiste de Bruxelles. Le combat de l’E.N.A. ne s’arrêtera pas malgré la répression des autorités françaises. Par la suite, l’Etoile nord africaine fut dissoute en novembre 1929. Lors d’une assemblée générale des militants, tenue le 28 mai 1933, Imache Amar sera élu secrétaire général de la G.E.N.A et l’Etoile Nord Africaine revient, plus forte que jamais, sous un nouveau sigle : «  la Glorieuse Etoile Nord Africaine ». Imache Amar écrira des brochures intitulées «  l’Algérie au carrefour » puis « La marche vers l’inconnu », à travers lesquelles il dénonce le projet Blum-Violette et la dissolution de l’E.N.A. A la veille de la seconde guerre mondiale, il écrira une autre brochure « L’Afrique dans l’angoisse ». Dans son message, il avertit les Africains : « Si jusqu’à présent nous luttions contre le colonialisme, désormais nous devons faire face à un fléau beaucoup plus destructeur : le fascisme ». Cette brochure, il la payera cher puisque les Allemands l’arrêteront. Il ne sera libéré qu’en 1945 à la fin de la deuxième guerre mondiale. Là il écrira une autre brochure « L’heure de l’élite », dans laquelle il dénonce les massacres du 8 mai 1945 et interpelle les élites musulmanes qui ne prenaient pas position devant les événements graves. Il écrira ensuite « Cyclones sur le monde », où il exhorte les hommes, tous les hommes, à cesser de s’entretuer s’ils ne veulent pas connaître un troisième cyclone. Les deux premiers cyclones étant les première et seconde guerres mondiales. En Février 1947, Amar Imache quitte la France et  rentre en Algérie. La prison l’a durement marqué il est malade et boiteux. Il rédige une lettre d’adieu aux Algériens résidant en France Dans laquelle il exhorte les  travailleurs émigrés à s’unir, à s’aimer, à se solidariser et à dépasser leurs divergences pour n’avoir comme seul objectif que la libération de leur pays. Son autre message est adressé aux militants du P.P.A. qu’il met en garde contre le culte de la personnalité. Il s’éteint durant la nuit du 6 au 7 février 1960. Concernant la seconde icône, Cherif Kheddam, enfant de Boumessaoud, à Iferhounène, dans la haute de Kabylie, il s’était adonné très jeune à la pratique musicale et au chant de tous styles. Sa première chanson intitulée Yellis n tmurt iw (Fille de mon pays), fut enregistrée grâce au concours d’un ami français, libraire de profession.  Malgré son premier succès, Chérif kheddam chantait dans des conditions toujours difficiles. Il mène deux activités diamétralement opposées : le travail dur de l’ouvrier et la création artistique qu’il tentera de maîtriser pleinement. Chérif Kheddam persévère dans cette voie grâce à l’encouragement de ses amis  en particulier Madame Sauviat, disquaire, qui, ayant remarqué la qualité de cette chanson, le dirigera vers Pathé Marcon qui lui établit un contrat en 1956.  Quelques années plus tard, Cherif Kheddam a su créer un espace d’expression ouvert sur la modernité imposer une rigueur au niveau de la création qu’il n’a pas manqué d’inculquer aux jeunes chanteurs. En 1963, Chérif Kheddam rentre au pays et prend contact avec la Chaîne II de la radio nationale qui l’engage aussitôt. Il y a animé plusieurs émissions de radio, mais c’est avec Ighennayen Uzekka qu’il sera connu et hautement apprécié pour avoir déniché des talents, conseillé et encouragé les nouveaux venus au monde de la chanson. Et c’est grâce à lui que la chorale du lycée Fadhma-N’soumer fut créée. L’idée se propagea aux autres établissements jusqu’à sélectionner plus tard les chorales du lycée Amirouche et du lycée El Khensa, d’où sortira par exemple la célèbre Malika Domrane… Cherif Kheddam s’éteint à l’âge 85 ans en France, le   23 janvier 2012, suite à une longue maladie. Aujourd’hui, une demande officielle a été adressée au ministère de la Culture pour classer les demeures d’Imache Amar et Cherif Kheddam comme monuments historiques et culturels en guise de reconnaissance de leurs œuvres et  sacrifices pour l’indépendance du pays, pour la sauvegarde de la dignité la culture, la langue et l’honneur de l’Algérie.

M.Z

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