Horizons fait revivre Bouguermouh

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Il avait adapté au cinéma « La colline oubliée », le magnifique roman de Mouloud Mammeri en 1996. Il s’agit du cinéaste Abderrahmane Bouguermouh, décédé il y a quatre années, en ce jour fatidique du 3 février 2013 des suites d’une longue maladie. Bouguermouh a lutté de toutes ses forces, durant les années où la chape de plomb était de mise, afin de produire ses films dans sa langue maternelle contre vents et marées. C’était après de hautes luttes que son film « La colline oubliée » était tourné en kabyle après un premier refus de l’adapter dans la langue de ses ancêtres par la commission de censure en 1968, laquelle avait rejeté sa demande. Né le 25 février 1936 à Ouzellaguen, Abderrahmane Bouguermouh a fait ses études secondaires à Sétif. En 1960, après un passage à l’IDHEC (Institut des hautes études cinématographiques), il réalise des émissions pour la RTF. Trois années plus tard, il revint au pays pour participer à la création du CNCA (Centre national cinématographique algérien). En 1965, il tourne son premier film, un moyen métrage en Kabyle « Comme une âme ». Malheureusement, cette œuvre lui sera refusée par le ministère de la Culture de l’époque qui exigea que le film soit en version arabe ! De 1965 à 1968, Bouguermouh réalisa une série de documentaires en tournant un autre moyen métrage « La grive » en 1967. Après, ce fut la traversée du désert. Ce n’est qu’en 1973 qu’il revient à la production mais comme assistant réalisateur de l’autre cinéaste de renommée Mohamed Lakhdher Hamina, dans le film culte « Chroniques des années de braises ». Dans la foulée, il réalisa deux longs métrages pour l’ex-RTA (Radio Télévision Algérienne): Les oiseaux de l’été (1978) et Noir et Blanc (1980). Sept années après, il remet ça en réalisant un autre long métrage en 35 mm Cri de pierre. Ce film fut primé plusieurs fois à l’étranger, mais jamais en Algérie ! En 1996, Abderrahmane Bouguermouh prend sa revanche sur la censure qui avait frappé le projet de réalisation de son film « fétiche » adapté du roman écrit par son ami Mouloud Mammeri, qui est La colline oubliée et qui fut le premier film réalisé en kabyle. Bouguermouh meurt à l’âge de 77 ans, le 3 février 2013 laissant derrière lui des œuvres inestimables. Et pour lui rendre un vibrant hommage, l’association Horizons d’Ouzellaguen a tenu à lui consacrer une journée de commémoration, demain vendredi, à l’occasion du quatrième anniversaire de son décès, où un programme a été concocté à cet effet à la maison de jeunes d’Ighzer Amokrane. Ainsi, il est prévu une exposition de photos, d’articles de presse et de manuscrits de 9 heures à 17 heures à la maison de jeunes de la localité. Vers 10 heures de la même journée de vendredi, il sera procédé au recueillement sur la tombe du cinéaste avec le dépôt d’une gerbe de fleurs. Dans l’après-midi, vers 15 heures, une projection du film La souris et l’or de Merkoudja de Lyazid Tabet sera effectuée toujours à la maison de jeunes d’Ighzer Amokrane.

Syphax Y.

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