Le pari de l’artiste Hakim Benyaâ

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L’ouverture d’une galerie d’art en Algérie relève beaucoup plus d’un pari risqué et d’une gageure qui ne dit pas son nom. Néanmoins, des artistes doigtés ne reculent devant rien pour aller au bout de leurs rêves. Dans la localité de Sidi-Aïch, un artiste peintre a pris son courage à deux mains en prenant le pari d’ouvrir une galerie d’art pictural au centre de ladite ville. L’idéal artistique est une devise que cultive l’artiste peintre et infographe, Hakim Benyaâ. L’éloquence des toiles est révélatrice d’un attachement profond à l’identité et à la culture kabyle, nourri de facto par un amour sans faille pour l’art de la peinture. Cette galerie d’art a ouvert ses portes au grand public en janvier 2014 avec seule ambition de vulgariser et de faire connaître, à une grande palette d’amateurs de toiles, le monde de la peinture. Il y a lieu de rappeler que c’est une première dans la wilaya qu’un artiste se lance dans une galerie d’art pictural, nonobstant le peu de rentabilité qu’engrange ce genre de « boutique ». Des expériences similaires dissuaderaient les plus téméraires à se lancer dans une telle aventure, car certaines galeries n’ont pas tardé à fermer boutique peu après leur ouverture, faute d’acquéreurs qui ne se bousculent pas aux portillons desdites galeries. C’est le cas dans d’autres grandes villes comme Alger, Oran, Tlemcen… où les propriétaires de galeries ont puisé toutes leurs économies sans voir leurs chiffres d’affaires bouger d’un iota.  La venue de Kimo, nom d’artiste que s’est donné Hakim Benyaâ, dans l’univers de la peinture n’est pas le fruit du hasard, d’autant plus que son oncle Farid, artiste peintre, l’a influencé au plus haut degré pour tracer son petit bonhomme de chemin dans l’art pictural. « Étant de tout temps baigné dans le monde de la peinture, j’ai songé à ouvrir cette galerie avec un ami m’ayant proposé son local comme future galerie. Le projet n’a pas tardé à voir le jour, même si les débuts étaient plutôt moroses et difficiles à la fois », avoue Hakim. Et d’ajouter : « Beaucoup de gens nous ont qualifiés de zinzins en se lançant dans une telle aventure. Mais, la réalité est tout autre, car nous ne sommes pas dupes que l’ouverture d’une galerie d’art est loin d’être une poule aux œufs d’or. » Toutefois, la création artistique est tributaire du nombre d’acquéreurs d’œuvres d’art qui constitue le marché de l’art à part entière. L’absence de ce maillon hypothèque souvent l’avenir des galeries qui ferment les unes après les autres. Et pourtant, des espaces pareils ne peuvent qu’aérer la culture et redonner un nouveau souffle aux artistes foisonnant dans la région. L’espace de la galerie est ouvert à tous les artistes en devenir, et par ricochet un lieu de rencontre entre des artistes venus de tout horizon. Cette galerie d’art est baptisée Carthame, nom d’une plante méditerranéenne dont les pigments rappellent étrangement la matière première du jeune artiste. Dans l’optique de parer à l’absence du marché de l’art, Kimo s’est penché sur la lithographie (reproduction imprimée) pour faire tourner sa boutique et permettre ainsi à de potentiels acheteurs d’acquérir des tableaux moins chers. « Nous visons par cette démarche à briser certaines idées reçues, et selon lesquelles les gens pensent que l’art de la peinture est l’apanage de l’élite. Nos tableaux sont originaux, dont chaque toile raconte une histoire », explique notre interlocuteur. « Je préfère échouer que de n’avoir jamais essayé », conclut-il avec une note d’optimisme. 

 Bachir Djaider

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