La qualité ne suit toujours pas

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Depuis son entrée dans les écoles et son intégration dans le système éducatif, l’enseignement de tamazight a connu le haut pour maintenant se retrouver bas. Car plus les années passent, plus l’insuffisance est avérée dans son enseignement et la qualité de ce dernier. Parler de l’officialisation de tamazight inclut inévitablement l’enseignement de cette langue au niveau des établissements scolaires. Un enseignement dont le net recul n’est plus à cacher. De nombreux spécialistes et militants n’ont pas cessé de tirer la sonnette d’alarme sur la régression du nombre d’élèves, sur le territoire national, qui bénéficient de cours en tamazight. Actuellement, cette langue est enseignée seulement dans trois wilayas, à savoir Tizi-Ouzou, Bouira et Béjaïa. Pour prendre l’exemple de Tizi-Ouzou, les responsables du secteur de l’enseignement montrent, à chaque reprise, leur satisfaction. Les derniers chiffres rendus public par la direction de l’Éducation, relatif à l’année scolaire 2013/2014, parle de 124 865 élèves concernés par l’enseignement de tamazight sur les 196 749 qui étaient inscrits cette année-là au niveau de tous les établissements scolaires de la wilaya. Une évolution de quelque 1 285 élèves par rapport à l’année d’avant. Le nombre d’enseignants suit aussi la cadence et il est, lui aussi, revu à la hausse, passant cette année scolaire-là à 908 au niveau des trois cycles de l’enseignement alors qu’ils étaient 805 à la rentrée de 2013 et 804 l’année d’avant. Et l’enseignement de la langue touche les trois paliers. Ainsi, au primaire, on a recensé l’année scolaire 2013/2014 pas moins de 30 557 élèves pour les classes de tamazight tenues par 333 enseignants. Une matière qui est, pour rappel, généralisée pour les deux dernières classes de ce cycle (4ème et 5ème année primaires) depuis quelques années déjà. Au niveau du cycle moyen, le chargé de la communication parle de 67 210 élèves et de 427 enseignants enregistrés l’année passée, et 67 188 élèves et 405 enseignants l’année d’avant. 

Dans les écoles, la langue est souvent vouée à être « un bouche-trou »

Avec une petite hausse signalée, le même constat a été fait au niveau des lycées. En 2013, 26 130 élèves et 145 enseignants ont été recensés et le chiffre est passé à 29 098 élèves et pas moins de 148 enseignants durant l’année scolaire écoulée. Ainsi et depuis l’introduction de l’enseignement de tamazight dans le système éducatif et les mesures ayant été prises pour faire en sorte que tamazight soit une langue enseignée dans les écoles, Tizi-Ouzou semble être l’unique wilaya, où, sur le terrain, ces efforts sont visibles. Mais au-delà de cette langue, des chiffres, sur le terrain, la qualité de l’enseignement et les conditions qui lui sont si souvent réservées laissent à désirer. Sinon comment expliquer que des enseignants soient sortis dans la rue, il y a quelques mois seulement, pour dénoncer la situation et le statut « facultatif » de tamazight dans les écoles. En effet, les enseignants de tamazight d’une dizaine d’établissements secondaires des localités d’Azazga, Yakouren, Fréha, Bouzeguène et Illoula ont voulu attirer l’attention sur la situation « catastrophique » dans laquelle est plongé l’enseignement de la langue. Une langue qui est souvent vue comme « un bouche-trou » prêt à être sacrifié à la première occasion. Avec par exemple de la programmation des cours entre 12h30 et 13h30. Tamazight tente à s’imposer parmi les autres matières et disposer d’une place aux examens de fin d’année scolaire est un autre acquis si ce n’est « la dispense » délivrée souvent pour que des élèves n’aient pas à l’étudier. Même si là aussi des efforts sont à accomplir en matière de coefficient, notamment qui place la langue dans une position facultative. Le nombre de postes créés à chaque recrutement au secteur de l’enseignement est aussi déploré. Le dernier concours initié n’a, pour rappel, pourvu que 46 nouveaux postes répartis sur les trois paliers du secteur de l’enseignement à Tizi-Ouzou, alors que de l’université sorte chaque année des centaines de licenciés au futur incertains. C’est dire, les efforts qui restent encore espérés pour que les acquis et les fruits de la grève des cartables ne se dissipent pas, en attendant l’officialisation de tamazight.      

                     

Tassadit Ch.

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