Les villages privés de transport

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Les villages et localités de la commune d’Ighil Ali sont éprouvés par l’absence de navettes de transport public.

«Le problème se pose avec acuité que ce soit pour rejoindre son lieu de travail, faire ses courses ou même rallier le chef-lieu de commune. Même les taxis rechignent à faire des courses en direction de nos villages perdus au fin fond de la montagne», déclare Mr Djoulait, le maire d’Ighil Ali. D’après l’édile communal, tous les villages sont logés à la même enseigne. Cependant, note-t-il, les villages les plus excentrés et en bute à l’enclavement sont les plus à plaindre. Il est vrai que le relief accidenté de ces contrées, conjugué à l’état lamentable des chemins vicinaux, sont de nature à décourager toute velléité d’investissement dans le créneau du transport. «Ici, les gens sont cloitrés dans leur patelin. Ils ne se déplacent qu’en cas de stricte nécessité. Pour ce faire, ils ne peuvent compter que sur leurs jambes, car une navette de transport est encore un luxe», témoigne un retraité du village Ath Seradj. «C’est le royaume de la débrouille, du système D. Si vous ne possédez pas un véhicule ou, à défaut, une monture, il vaut mieux ne pas vivre à la campagne, car le moindre déplacement vers une quelconque ville relève d’un parcours du combattant», souligne un citoyen du village Belayal. «Nous sommes des laissés-pour-compte, des citoyens de seconde zone. Nous n’existons qu’à l’occasion des campagnes électorales, au cours desquelles on nous gave de promesses et on nous berce de chimères», lâche, sur un ton aigri, un autre habitant du village Tazla. Bien des citoyens d’Ighil Ali déclarent unanimement que l’absence de moyens de transport compte parmi les facteurs qui poussent les campagnards vers les chemins de l’exode. «Quand vous habitez à des dizaines de kilomètres de l’hôpital le plus proche ou de votre lieu de travail, vous n’aurez qu’une seule idée en tête : mettre les bouts », dispose un citoyen, résident au chef-lieu de la commune. Des processions de villageois ont, rappelle-t-on, déjà franchi le pas, tandis que d’autres cohortes s’apprêtent à leur emboiter le pas.

N. Maouche

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