Comme toutes les associations de la wilaya, celle dénommée «Tasuta Tadelsant N’Tfoughalt» commémore chaque année l’anniversaire du printemps berbère. Ainsi, pour ce 35° anniversaire, elle a concrétisé son programme samedi dernier. C’est le CEM Rabah Meddour du village qui a abrité les activités. Peu avant neuf heures, des centaines de personnes étaient devant le portail et attendaient le coup d’envoi de cette manifestation culturelle. Le hall de l’établissement a accueilli l’exposition de robes kabyles, de bijoux anciens, de la poterie locale ainsi que des livres traitant de la question amazighe sans occulter la part donnée aux articles de presse relatant l’historique du mouvement culturel berbère depuis la crise berbériste de 1949 jusqu’aux événements du printemps noir qui ont abouti à la constitutionnalisation de Tamazight comme langue nationale en attendant l’annonce de son officialisation qui interviendra assurément prochainement dans la nouvelle constitution. En ce qui concerne la conférence prévue autour du thème « le Printemps noir », c’est M. Amar Laoufi, professeur en langue et culture amazighes à l’université de Bouira qui l’a animée. Le conférencier a rappelé toutes les étapes parcourues par les militants du mouvement jusqu’aux douloureux événements d’avril 2001 qui ont causé la mort de 126 jeunes avant que cette langue ne soit finalement institutionnalisée. Même si elle a ce statut, a dit ce professeur, il reste encore beaucoup à faire car des moyens nécessaires pour sa promotion ne sont pas mis à la disposition ni de la langue ni de ces utilisateurs. L’assistance a suivi avec attention l’exposé professoral qui, quand même, a apporté des éclairages importants sur les objectifs du mouvement. Par ailleurs, Tasuta a organisé un concours de dessin où ont participé de nombreux enfants autour de la même thématique. Une façon pour les organisateurs d’ancrer cette date dans les esprits de ces jeunots. Alors que dans la cour de l’établissement, deux troupes théâtrales, l’une venue d’Imaândène ( M’Kira) et l’autre du village ont animé la scène durant une partie de cette journée. En parallèle, des jeux culturels étaient aussi au programme. À midi, un repas traditionnel à savoir « Laghmoud », c’est-à-dire « couscous aux fèves vertes » assaisonné avec de l’huile d’olive a été offert à l’assistance. Dans l’après-midi, la place a été cédée à l’animation artistique avec de la poésie berbère et une chorale musicale. En fin de journée, des prix d’encouragements et de participation ont été décernés aux lauréats. « C’est un devoir pour nous de revenir chaque année sur cet événement. C’est un pan non négligeable de l’histoire d’Imazighen. Les générations actuelles n’ont pas vécu les moments difficiles vécus par leurs aînés pour qu’aujourd’hui quand même, il faut le reconnaître, Tamazight a fait de grands pas. Nous sommes satisfaits de la réussite de cette journée commémorative et nous souhaitons que cette tradition soit perpétuée à l’avenir dans notre village qui compte de nombreux militants de cette cause », nous a déclaré à la clôture des activités, M. Malek Berrai, un membre de l’association «Tasuta Tadelsant N’Tfoughalt».
Amar Ouramdane
