Ils sont, certes, moins nombreux que les Subsahariens qui étaient dans la même situation dans la région, il y a quelques mois de cela, mais ils sont les plus exposés aux accidents de route. Regroupés dès 8 heures du matin chaque jour que Dieu fait à l’entrée Est de la ville de Béjaïa, à quelques encablures du pont Scala, les exilés Syriens font, il est vrai d’une manière intelligente, la manche. Munis pour certains d’écriteaux déclinant leur statut, des hommes, des femmes et surtout des bambins slaloment entre les véhicules pour proposer aux conducteurs de leur vendre des étuis de mouchoirs en papier. Une méthode moderne et honnête de mendicité. Si jusqu’à présent, il n’y a pas eu de blessés, cela ne veut pas dire que le risque est nul. Quelques femmes et jeunes filles poussent devant elles des poussettes à bord desquelles se trouvent des bébés pour, probablement, faire pitié. Tous les moyens sont bons, y compris en impliquant les petits enfants. Âgés à peine de cinq ou six ans, ces chérubins agressent, sans mesurer le danger, les usagers de cette route à grande circulation en zigzaguant entre les véhicules, fort heureusement ralentis par le barrage fixe de police qui s’y trouve, pour les supplier d’acheter leurs mouchoirs. Outre « ce point de vente », la gare routière est également un site choisi par quelques exilés Syriens pour proposer le même produit aux voyageurs, très nombreux à y transiter quotidiennement. Fuyant les affres de la guerre, plusieurs Syriens ont rejoint, depuis deux à trois ans, l’Algérie pour s’y établir, clandestinement pour leur majorité. Bien entendu, Béjaïa a eu son lot mais les autorités semblent ne pas les remarquer. Attendent-elles des instructions gouvernementales pour les prendre en charge comme ce fut le cas pour les Subsahariens ? D’ailleurs, quelques uns parmi ces derniers ont été remarqués, à Béjaïa, ces jours ci. Ils y sont depuis quelque trois semaines environ, en tant qu’éclaireurs probablement pour baliser le terrain à l’éventuel retour de leurs compatriotes.
A. Gana