Les deux clans du RND, qui continuent à se livrer bataille dans la wilaya de Tizi-Ouzou pour le contrôle de la structure régionale du parti, semblent toutefois en accord pour rejoindre la fronde nationale qui réclame le retour d'Ouyahia et augure d'un Conseil National (prévu en juin) décisif pour le futur du parti.
S’exprimant en effet au nom «des cadres, élus, militantes et militants de la wilaya de Tizi-Ouzou», Tayeb Mokadem, qui s’affirme toujours secrétaire du bureau de wilaya du parti à Tizi-Ouzou, a lancé avant-hier, à travers une déclaration datée du 4 mai et rendue publique, «un appel solennel au frère Ahmed Ouyahia», l’exortant à reprendre les rênes du RND «dans les meilleurs délais possibles afin de redresser la situation qui risque de basculer, si rien n’est fait rapidement». Voilà qui met Tizi-Ouzou de plain-pied dans le mouvement de fronde qui secoue la maison RND plaidant pour le retour d’Ouyahia aux commandes. «Pour nous, c’est une continuité dans notre démarche, nous avons toujours été constants dans notre adhésion à la gestion et à l’élan approprié donné par M. Ouyahia au développement du parti. Il faut s’avouer une chose, la situation qui prévaut présentement au RND n’est pas réjouissante. En témoigne ce mouvement enclenché à travers l’ensemble des bureaux de wilaya à l’echelle nationale réclamant un changement. Ce n’est tout de même pas normal que seules trois wilayas sur les quarante-huit ont des secrétaires installés à la tête des structures régionales. Cet immobilisme risque de coûter gros au parti. Pire encore, j’ai eu vent qu’uniquement sept membres ont répondu présent à la réunion du bureau national prévue pour samedi dernier. On parle de douze membres absents… Le malaise est là», soutient le député Tayeb Mokadem. «Je prends pour exemple Tizi-Ouzou, c’est la débandade. Depuis la démission que j’ai remise, je n’ai reçu aucune notification, ni que celle-ci ait été acceptée, ni encore moins entérinée. Faute d’une nouvelle désignation et de passassion de consignes éventuelle, je me suis retrouvé alors contraint d’assurer la permanence. Mais pendant ce temps, les militants sont livrés à eux même», regrette-t-il. De son côté l’autre clan du parti dans la wilaya, qui persiste à imposer le nouveau bureau de wilaya élu dans la contestation, pour rappel, le 3 janvier dernier en présence de M. Faden et Mme Amina Debache, membres du secrétariat national, délégués par Bensalah pour superviser le vote du Conseil de wilaya ce jour-là semble rejoindre aussi cette nouvelle tendance plaidant pour le retour d’Ouyahia. «Le nouveau bureau de wilaya élu le 3 janvier 2015 est dans le mouvement militant qui réclame le retour d’Ahmed Ouyahia. Je vous fais une confidence, nous sommes signataires d’une pétition nationale lancée dans cette perspective», concèdent d’une même voix Kaci El Hadi, Azizi Mohand, Roza Habichi et Idir Iken, tous membres de l’actuel Conseil National et du nouveau bureau de wilaya de Tizi-Ouzou. Au sujet des griefs retenus contre l’actuel secrétaire général du parti, les voix assènent une sentance qui ne diverge pas du tout de celle livrée par les partisans de Mokadem à l’égard du chef actuel : «Quelque chose ne tourne pas vraiment rond. Nous sommes au cinquième mois depuis que le nouveau bureau de wilaya a été installé par deux membres du secrétariat national et à ce jour la direction n’a pas encore désigné le nouveau secrétaire de wilaya, ce n’est pas normal. Avec une telle gestion, le parti va droit dans l’inconnu, la réaction urge! ». Voilà en somme deux réactions qui convergent pour le retour d’Ouyahia à la tête du parti mais qui restent divergentes sur l’avenir de la structure au niveau local. Car pour le second clan, «il n’est pas question du retour de Mokadem à la tête du bureau de wilaya. Cette question a été tranchée : sa démission a été officiellement entérinée et un nouveau bureau de wilaya a été élu». Pour précision, le concerné s’est contenté en effet dans sa déclaration d’une entête faisant référence à sa « permanence de député RND à l’APN ». Tout comme pour signer le document, il n’a usé que de sa griffe de député.
Djaffar Chilab
