Sit-in des enseignants et diplômés en Tamazight devant l’Académie

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Indignés par le quota insignifiant accordé à l’enseignement de Tamazight, dans le cadre du concours de recrutement de 19 000 nouveaux enseignements, toutes matières et tous paliers confondus, en prévision de la prochaine année scolaire, les enseignants de Tamazight ont observé hier, une journée de grève, suivie d’un sit-in de protestation devant le siège de l’Académie pour réclamer « la généralisation » de l’enseignement de Tamazight. Plusieurs diplômés dans cette matière, actuellement en chômage, ont rejoint ce rassemblement pour exiger l’ouverture de plus de postes budgétaires en Tamazight. « Au moment où, à travers toute la Kabylie et tout le nord-africain, on commémore le double anniversaire du printemps berbère et noir par des démonstrations de rue, l’Etat, même s’il a consacré la langue amazighe comme langue nationale dans la constitution de 2002, persiste dans le reniement de ses engagements relatifs à l’enseignement de Tamazight arraché après tant de sacrifices », lit-on dans la déclaration du Mouvement Tamazight à l’Ecole (MTE). Notons que sur les 19 000 postes budgétaires ouverts par le ministère de l’Education à l’échelle nationale pour la prochaine année scolaire, 209 seulement, soit un taux ne dépassant pas 1%, concerne l’enseignement de Tamazight. Pire, certains  postes ont été accordés pour remplacer d’autres enseignants promus au rang de directeur. « Parmi les postes budgétaires accordés pour l’enseignement de Tamazight, une quinzaine concerne le remplacement d’autres enseignants promus au rang de directeur d’école », a déploré Hafid Iâzouguène, Inspecteur en Tamazight à Béjaïa. Ce dernier, qui considère ce mépris comme une offense insupportable aux martyrs de la cause amazighe, estime le nombre de postes budgétaires nécessaires pour combler le déficit dans l’enseignement de la langue de Massinissa dans la wilaya de Béjaia à 1 000 postes. « Nous avons besoin de 1 000 postes d’enseignants de Tamazight pour la seule wilaya de Béjaïa pour généraliser son enseignement dans la région », a-t-il affirmé. Et ce n’est pas les enseignants qui manquent. « Il y a quelques 2 000 diplômés en Tamazight qui sont actuellement au chômage dans la wilaya de Béjaïa », a-t-il souligné. En effet, selon notre interlocuteur, sur les 1 352 divisions (classes) du primaire, 832 seulement sont pourvues en enseignants de Tamazight, soit un déficit de 520 enseignants. Au moyen, sur les 2 422 divisions existant, 1 303 uniquement sont concernées par l’enseignement de cette matière, ce qui donne un déficit de 1 119 enseignants. Quant à l’enseignement secondaire, sur les 1 455 divisions, 597 ont des enseignants de Tamazight, soit un déficit de 858 enseignants.  

Les étudiants marchent pour l’officialisation de Tamazight

De leur côté des centaines d’étudiants et diplômés en Tamazight ont organisé hier, une marche pacifique, qui s’est ébranlée de la Maison de la culture Taos Amrouche vers le siège de la wilaya pour réclamer la consécration de Tamazight comme langue officielle dans la prochaine constitution. Brandissant des banderoles sur lesquelles nous pouvons lire : « Tamazight langue officielle » ces manifestants exigent, en plus de l’officialisation de Tamazight, son enseignement « obligatoire et sa généralisation de fait à tous les paliers de l’éducation nationale ». En outre, ces étudiants en Tamazight réclament « la révision de tous les outils théoriques et pratiques de son enseignement afin qu’elle soit bâtie sur des bases solides et la consultation des spécialistes en la matière ». Par ailleurs, ces manifestants ont réitéré leur appel aux pouvoirs publics pour faire du nouvel an berbère, 1er Yennayer, une journée fériée, chômée et payée. 

           

Boualem Slimani 

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