Les années passent et se ressemblent

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Dans le cadre de la célébration de la Journée internationale de la sage-femme, la direction ainsi que les sages-femmes de l’établissement hospitalier spécialisé (EHS) en gynéco-obstétrique S’Bihi Tassadit de Tizi-Ouzou ont organisé hier, des portes ouvertes sur ce métier de donneuses de vie, de multiples facettes mais qui reste méconnu par plus d’un. L’occasion a été donnée aux sages-femmes de cette clinique pour fêter leur journée qui coïncide avec le 5 Mai de chaque année et donner des précisions et des explications au public notamment à la gente féminine. Des tableaux d’affichages sur le rôle et l’importance que revêt la profession, une projection-film permanente portant des démonstrations et techniques de la prise en charge du bébé entre autres ont été programmés. « C’est un métier qui demande la patience, l’amour, l’intelligence et la lucidité », lança une sage-femme qui œuvre depuis plus de 28 ans au sein de cet établissement. Lui emboitant le pas, une autre sage-femme souligne : « Nous travaillions souvent sous pression. Le malade d’un côté et la direction de l’autre. La clinique est dépassée, compte tenue de la capacité d’accueil ! » En effet, les sages-femmes de la clinique S’Bihi n’ont pas raté l’occasion pour mettre en relief la place que la profession de sage-femme sied au sein de l’équipe soignante. « La sage-femme est la pierre angulaire dans le processus de la prise en charge des parturientes. Donc, ce métier est plus que noble », nous dira-t-on. Toutes les sages-femmes que nous avons abordées avancent néanmoins que la profession de sage-femme n’est guère considérée. « Malgré l’effort que nous faisons au quotidien, les parturientes, leurs familles ainsi que les responsables ne sont jamais contents », ont-elles clamé. D’autre part, les sages-femmes révèlent plusieurs lacunes auxquelles elles sont confrontées. Il s’agit, selon certaines, du retard accusé pour certains concernant leur promotion au grade supérieur, entre autres. « Je suis à la maternité de la polyclinique de M’Douha hélas, aucune promotion m’a été accordée à ce jour », regrettera cette sage-femme venue célébrer la journée avec ses collègues de la clinique S’Bihi Tassadit.

La clinique S’Bihi Tassadit sous pression  

Les années passent et se rassemblent à S’Bihi. Cette structure n’a bénéficié d’aucun projet d’extension afin de la doter d’un espace nécessaire pour accueillir un nombre supplémentaire de parturientes, compte tenue du nombre de la population qui prenne une courbe ascendante, ni encore des travaux d’entretien qui sont pourtant une nécessité constante afin de permettre à l’établissement de jouer son rôle et répondre ainsi aux attentes des patientes. « Nous faisons face à ces situations dans la limite de nos moyens », avance Mme Ifrane, directrice récemment installée à la tête de cet établissement. Et d’ajouter : « La situation de la clinique S’Bihi Tassadit est caractérisée, d’un côté par une affluence très importante avec, en effet, une moyenne de 35 admissions au quotidien et de 70 consultations au pavillon des urgences. De l’autre côté une capacité d’accueil de 72 lits sachant que l’EHS S’Bihi est le seul qui dispose d’une unité d’hospitalisation ». Les sages-femmes que nous avons abordées ont dressé un tableau noir quant à la situation qui prévaut au niveau de cet établissement, notamment la nuit. « Nous subissons une pression terrible, des harcèlements même par les parents et les accompagnateurs des malades. L’exigüité et le manque de place sont à l’origine de tous les problèmes que nous rencontrons chaque jour », s’insurgera la première responsable de la structure. Et d’enchaîner : « L’EHS S’Bihi reçoit des malades de plusieurs wilayas du centre du pays, voire même de l’Est. Pas moins qu’hier, on a reçu une femme venue de l’Est du pays ». S’appuyant sur les chiffres du premier trimestre, Mme Ifrane avance que « durant les trois premiers mois de l’année en cours, pas moins de 979 interventions par césariennes ainsi que 1 180 accouchements normaux ont été effectués ».

Il faut un autre point de garde 

La nouvelle directrice de la clinique S’Bihi Tassadit n’a pas mâché ses mots pour réclamer un autre point de garde à Azazga, et ce, dans l’optique d’alléger celui de la ville des Genêts d’autant plus que 9 gynécologues seront affectés prochainement à la wilaya de Tizi-Ouzou. « Si on arrive à ouvrir un autre point de garde de la gynécologie à Azazga, nous allons résoudre, un tant soit peu, le problème de cette affluence », a-t-elle proposé avant d’ajouter : « Depuis 7 mois, nous avons mis en place une stratégie jusque-là efficace, mais cela ne suffit pas, car le personnel ici travaille d’arrache pied et sans répit durant toute la garde ». Pour appuyer sur ses propos, Mme Ifrane donnera quelques chiffres relatifs au nombre de patientes admises quotidiennement dans cette clinique. « Durant la période hivernale, nous accueillions entre 25 et 30 accouchements et 10 actes par césariennes alors que durant la saison estivale, le chiffre est doublé soit 40 à 45 accouchements normaux et une vingtaine d’interventions par césariennes », précisera-t-elle. Le personnel soignant, entre autres les sages-femmes, les infirmiers et les médecins, œuvre sans cesse durant toute la garde. « Il faut que la périphérie joue le jeu pour arrêter l’affluence sur S’Bihi », a-t-elle préconisé.  En somme, la directrice a tenu à remercier tout le personnel médical et paramédical, entre autres les sages-femmes à l’occasion de leur journée, en leur disant : « Merci pour le travail que vous faites ».                

               

M. Z.

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