«Ce n’est pas tout le monde qui est artiste»

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Ce quinquagénaire que nous avons interviewé est un des artistes qui ont consacré leur vie à la musique. Il s’agit de Rachid Bellik, auteur, compositeur, interprète et enseignant de musique chaâbi à la Maison de la culture de Tizi-Ouzou depuis 1996. Depuis 19 ans, il s’attèle à former de nouveaux artistes qui apporteront chacun sa touche à la musique chaâbi.

La Dépêche de Kabylie : Parlez-nous de votre passion, quand s’est-elle révélée ?

Rachid Bellik : La musique a toujours été ma passion depuis mon très jeune âge. J’ai grandi dans un quartier ici à Tizi-Ouzou, où l’on entendait de la musique jour et nuit, et on ne faisait que chanter et jouer avec les instruments. Mais ce n’est qu’en 1976 que je me suis engagé dans le monde musical, en fréquentant les maisons de jeunes qui se trouvaient à Tizi-Ouzou, tout en animant des soirées familiales. Avec l’ouverture de la Maison de la culture de Tizi-Ouzou, et l’arrivée du chikh de la musique andalouse, Ammar Driss, puisque j’assistais aussi aux cours de musique andalouse à cette époque-là j’ai pu créer une troupe appelée «Firket el Baz», avec laquelle j’ai remporté le premier prix du festival Chaâbi à Blida en 1983. En 1984, je sortis mon premier album composé de 6 titres (Yellis Nakhwali, Adh Yendah Ourar, Adhyili Rebi Dghi, Anefthiyi Alwachoul, Sanga Erigh Machi Damekan, Yellis Ellahlal). En 1988, j’ai enregistré mon 2ème album composé aussi de 6 titres, qui malheureusement n’a pas été édité par manque de moyens. Mais il a néanmoins bénéficié de fréquents passages à la radio chaîne 2. J’ai fait d’autres enregistrements tels que le madih dini en langue kabyle pour l’ENTV et la TV4, ainsi que la Canal Algérie durant les années 91. Et à l’arrivée du Chikh Abdel Kader Charcham en 1994, élève du grand Chikh Mohamed el Anka, j’ai pu acquérir beaucoup d’expérience auprès de lui, et c’est d’ailleurs après son départ en 1996 que j’ai pris le relais en tant qu’animateur de l’atelier Chaâbi et ça jusqu’à présent. J’ai toujours essayé de faire de mon mieux pour être auprès de ceux qui aiment la musique et les aider à devenir de vrais artistes, au sens noble du terme. Tout le monde chante, mais ce n’est pas tout le monde qui est artiste «Mači sekra n win icennun d afennan».

Votre dernier album «Sanga righ machi damekan» est maintenant disponible sur le marché que pourriez-vous nous en dire et pourquoi ce titre ?

Cet album, qui a été édité l’an dernier et qui est composé de 6 titres, je l’ai réalisé il y a maintenant exactement 30 ans. J’ai décidé de ressusciter avec quelques retouches pour l’adapter au goût des nouvelles générations qui n’ont pas eu l’opportunité de la découvrir. Quant au choix du titre, celui-ci m’a été inspiré par le constat que j’ai fait. Dans ce pays, dans cette société nul n’a trouvé sa place, tout le monde se sent perdu, et là où tu te rends, tu ne trouves pas ta place, tu te sens rejeté… on ne se sent pas chez-nous.

Nous avons constaté que la chanson «Yellis n Khwali» est celle qui a rencontré le plus de succès auprès du public, quelle en est votre explication ? 

«Yellis n Khwali» est une expression que j’ai inventée et choisie pour déterminer une identité particulière. En fait, ce titre renvoie à toute femme kabyle de n’importe quelle région de la Kabylie, et même toute femme algérienne, parce que pour moi la femme kabyle, la femme algérienne est spéciale et unique.

Pourrions-nous savoir si un nouvel album est déjà en préparation ?

En effet, j’ai déjà en préparation un autre album, composé de 4 titres (Yal Djazair ya bladi, Tizi-Ouzou el Aziza, Ma hla sarek ya Semra, Khouk Khouk). Toutes les paroles sont cette fois-ci en arabe algérien. Le produit sera disponible sur le marché bientôt, et j’espère de tout cœur qu’il fera plaisir à tous ceux qui l’écouteront.    

C.P

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